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Alexandrine, cette étrange rencontre
7 février 2003

Intolérance

En nous couchant, Jocelyn me prend dans ses bras, silencieux d’abord, il finit par me parler d’une voix morne, des détails de sa vie, de ses parents, de cette sœur, âgée d’à peine une année de plus que lui, des parents de Phil, de leur gentillesse envers ce jeune homme renfermé.

La famille Dabarino est pour lui la famille qu’il n’a jamais eue.

Je l’écoute sans l’interrompre. Cependant, j’ai maintenant une énorme rancœur envers Philippe. Il a tué cette forte amitié, cette affection fraternelle entre nous.

En arrivant au travail, je passe par le bureau de mon directeur, savoir si pour la semaine il a des particularités à me signaler

On papote un peu. C'est un bon directeur, quand il ne pique pas une colère ! (Sourire). 

 ........ Comment allez-vous Alexandrine ?

.......Bien monsieur pourquoi ?

...... Je vous ai senti très tendue ces derniers temps, des problèmes avec votre fille ?

...... Non Monsieur, c’est une gentille gamine.

En souriant ......Un amoureux pas sage ?

J'éclate de rire ........... Voilà c'est un peu ça !

Il me tend une chemise cartonnée. ......... Bon voilà pour la semaine et la prochaine.

Il m’explique les dossiers importants, m’apprend qu’il part en vacances et que j’ai le service à ma charge. 

..... Monsieur Brandon, si j'avais besoin d'une journée, je fais comment ?

......... Voyez si personne ne manque, et prenez votre journée. Je signerai votre feuille en rentrant.

 .... Même Marie ? 

Lui en souriant ...... Je sais bien, que si l'une prend une journée, il la faut à l'autre. 

Je ris, lui serre la main, en lui souhaitant de bonnes vacances 

Au bureau, Marie est déjà là. Elle a fait le café et feuillette son journal. Elle me dit bonjour, je m'approche pour lui faire la bise

.........Je suis désolée Alex, pour ce week-end, je ne pensais pas Phil autant en colère. Je pensais qu’il allait juste te passer un savon.

......Pas grave, tu n'es pas responsable de ton ours mal léché

Je vois Marie se décontractée un peu

...... ...Marie quand tu me parles des fois ça ne me plait pas toujours, mais tu n'as jamais été insultante avec moi. Ton mari a dépassé les bornes. Mais ce n'est pas à toi que j'en veux. Allez t'inquiètes pas !

Je lui sers son café, prends le mien et vais m'asseoir à ma table de travail. Je lui parle comme si rien ne s'était passé. Elle me fait un petit sourire, pour moi tout va bien, malgré le ressenti que j’éprouve. Elle non plus n’a rien fait pour arrêter son connard de mec.

Nous sommes huit heures dans le même bureau, voir dix si nous comptons le repas du midi, je ne vais pas lui faire la gueule, au risque que l’ambiance soit pourrie. Mais il est certain que je vais rester très prudente avec elle aussi.

Semblant de rien, elle me parle de Jocelyn, m’aide à voir clair, me fait faire mon mea culpa, me fait reconnaitre que c’est toujours de ma faute si Jocelyn en arrive aux extrêmes.

Je reconnais tout ce qu’elle veut, que Jocelyn est un homme extraordinaire, chaleureux avec les gens, qu’il se met à la portée de tout le monde, qu’il reste simple malgré son éducation et son instruction, que tout le monde l’adore, même ses employés.

Je l’écoute tout en fumant, je ne l’interrompe pas, tout en gardant mes pensées. Je reconnais qu’il est aimant, super amant mais patient, non, je ne peux pas dire ça. En tout cas pas envers moi.

Marie m’explique que quand mama l'a connu, c'était un jeune homme, complétement introverti. Il s’est construit seul. Il est certes inflexible avec les autres, mais surtout avec lui. Il va toujours au fond des choses. C'est à leurs côtés, dans cette famille si chaleureuse, qu'il a appris à s'ouvrir, à rire, à vivre.

Je fais en sorte de prendre énormément sur moi. J’ai découvert et suis persuadée aimer Jocelyn. Pas pour ce qu'il représente, non ! Mais pour ce qu'il est. J'aime l'homme.

Est-ce les confidences de Marie qui m’ont aidées à voir clair en moi ? Je ne saurais le dire

Cette semaine est idyllique, enfin avec Jocelyn nous nous trouvons sur la même longueur d’onde. Nous arrivons à parler sans nous disputer. Je reste calme et essaie d’approfondir sans monter au créneau. Nous avons de longues conversations, blottis dans les bras l’un de l’autre.

J'arrive à lui dire des petits mots gentils. Des mots tendres, des mots d'amour. Nous avons trouvé une complicité amoureuse.

Ce jeudi, je rentre à 17h10.  Flavia est en train de nettoyer le miroir de l'entrée. Je lui serre la main, et lui demande si elle va bien, j'enlève mes chaussures, et comme d'habitude les laisse devant les portes du placard, je pose mon sac, et vais à la cuisine, servir deux verres de jus de fruit. Je suis sûre que Flavia ne boit même pas un verre d'eau dans la journée.  Je lui en tends un et m'assois en la regardant s'atteler à sa tâche. C'est devenu un peu une tradition quand je rentre, je lui offre un rafraichissement, comme ça je lui pose des questions sur sa journée.

Elle vient s'asseoir, pour boire son verre avec moi. Elle a pris de l'assurance et ça me plait bien.

........Alors Flavia, comment ça va.

J'entame toujours un peu comme ça. Elle se livre un peu plus. Nous nous entendons bien. 

...... Je remercie Madame, je vais bien.

 "Hé oui ! Elle m'appelle toujours Madame, mais bon tant pis. Je m'y suis faite."

...... Rien de spécial ?

......Monsieur a demandé que je vois avec Madame dorénavant pour les menus.

...... Comment ça ?

........Monsieur a dit, que Madame devait me dire les repas

..... Flavia vous cuisinez très bien ! Du moment que vous ne faites pas de salsifis tout va bien. Continuez comme avant, sauf si j'ai envie d'un plat spécial, alors je vous le dirais.

...... Je remercie Madame.

...... Ne vous inquiétez pas

On continue de papoter cinq bonnes minutes. Elle finit son verre, se lève et le range, je retourne dans l'entrée pour prendre mes cigarettes dans mon sac. Je vois qu'elle a rangé mes chaussures. Je retourne à la cuisine

....... Flavia, il ne faut pas ranger mes affaires comme ça derrière moi, vous n'êtes pas ma bonne

......Monsieur me paie pour ça Madame

....... Non Flavia ! Joss vous paie, pour tenir propre l'appartement, et faire les repas, il ne vous paie pas pour me servir de bonne. Mes chaussures je les range toute seule !

Avec un grand sourire..............D'accord Flavia ?

.......Madame est une gentille patronne, je suis contente que Monsieur ait rencontré Madame.

Je vois comme une petite larme dans ses yeux. Je me penche et lui fais un gros bisou sur la joue, elle rosit de plaisir.

Brave femme qui à quelques années près, à l'âge de ma maman !

Jocelyn arrive, oui maintenant il s'oblige à rentrer aux alentours de 17h 30 voire 18h au plus tard, sinon il me téléphone. Marie m'a dit qu'avant il rentrait chez lui vers 23h et même plus. Des fois pas du tout, il dormait chez eux

Je viens juste d'éteindre ma cigarette, je fais attention de moins fumer, il vient m'enlacer et m'embrasse tendrement

...... Tu vas bien ma douce ?

...... Oui mon chéri et toi ?

Il dit bonsoir à Flavia, elle engage une conversation à toute vitesse, les yeux baissés. Ça fait plusieurs fois que je remarque ça. Quand elle s'adresse à Joss, elle baisse les yeux.

Il me regarde et fronce les sourcils. Comme je ne comprends pas ce qu'ils disent, je regarde Joss avec mon air d'abrutie.

Je vais dans le bureau allume mon pc et regarde mes mails. Il me rejoint, je lui demande s’il veut être tranquille. Des fois il a des coups de téléphone à passer. 

...... Non mon ange, je te l'ai déjà dit, tu ne me déranges pas !

......Joss, heu,

Il me regarde et me souris ......... Que veux-tu ma toute belle ?

..... Heu, je peux savoir ce que disait Flavia ?

........ Bien sûr !

Il sourit ....... ''Madame a confiance, Madame demande que je continue à faire les repas comme avant, Madame est satisfaite de ma cuisine '' ...........Voilà ma douce !

........ Et toi tu lui as dit quoi alors ?

Il éclate de rire ....... Je lui ai dit qu'elle avait de la chance d'avoir Madame comme patronne

La soirée se passe tranquillement, nous regardons un peu la télé tout en discutant. Nous allons nous coucher !

Généralement le vendredi matin, au bureau, on bosse et l'après-midi, on fait un peu relâche.  On a toujours fait comme ça, je ne vois pas pourquoi ça changerait. Donc ce vendredi midi j'invite Marie à déjeuner dans un petit resto. On discute tout en mangeant,  je lui demande si elle pensé aux grilles de mots croisés pour l'après-midi.

........ Non je n'en ai pas pris, je ne pensais pas que tu serais d'accord !

..... Ah bon et pourquoi ?

Je sens Marie gênée. Elle hausse les épaules sans répondre

...... Je ne vois pas pourquoi ! Depuis 10 ans on fonctionne comme ça. Pourquoi ça changerait subitement ? 

Du coup, on discute de cette engueulade que j'ai eu avec son mari. J'ai bien senti que toute la semaine, elle n'était pas trop bien.

........ Mais Marie ! Mets-toi dans le crâne que je ne t'en veux pas. Ce n'est pas après toi que je suis énervée. Alors tu vois il n’y a pas que moi qui n’écoute pas  

On rentre au bureau, du coup après le café, nous papotons de sujets anodins. Mon téléphone sonne, sur l’écran le numéro de portable de Jocelyn s’affiche

..... Coucou l’homme !

Je sens son sourire dans sa voix ....... Coucou ma douce !

......... Tu as mangé ?

...... Je vais y aller

On parle un peu comme ça, et d'un coup il me demande

....... Dit mon ange, tu te rappelles que ce week-end nous allons visiter la maison ?

Oh merde ! Ça m'était complétement sorti de la tête. Ça veut dire que je vais me retrouver avec Phil et je n'ai pas mais alors pas du tout envie !

.......... Heu bah heu !

........Que se passe -t'il ma douce ? 

......... Heu bah heu ! Non rien.

........ Qu'est ce qui ne vas pas ? Tu ne veux plus ?

.........  Heu ... Si bien sûr. On part quand ?

........ Demain matin, comme c'est prévu.

........ On dort où ?

......... Chez nos amis, comme d'habitude.

......... Alors c'est sans moi ! Bisous à ce soir

........ Comment ça sans toi ? Discutons-en ce soir !

........Oui d'accord à tout à l'heure

On raccroche. Je sais que Marie, a entendu mon trouble et qu'elle attend que j'en parle

.......Marie, tu te rappelais qu'on venait chez vous ce week-end

......... Bah oui pourquoi ?

......Heu, me retrouver avec Philippe si tôt, ce n'est pas le pied

Marie rigole comme j'aime, je sais qu'elle est bien, elle a retrouvé aussi sa joie, tous nuages entre nous sont partis

...... Mais non ça y est Phil t'a dit ce qu'il avait à dire, il ne t'en reparlera pas.

........ Lui a peut-être oublié, mais pas moi. 

Marie me regarde, elle ne sait pas quoi penser. .... Je ne sais pas quoi te dire, ma chérie. Je ne sais pas quoi faire du coup. Veux-tu que je téléphone à Phil ?

Je secoue la tête ...... Pour quoi faire ? Ça ne changera pas mon envie de ne pas vouloir le voir et ça n’enlèvera pas ce qu’il a fait.

........ Alors on vient ou pas ?

....... Vous faites ce que vous voulez, mais une chose est sûre, je ne mangerai et ne dormirai pas chez toi. 

Marie, est contrariée. Elle me fixe de son regard bleu, tout triste. 

...... Bon ma chérie, moi j'y vais. J'ai mon sac à préparer, et je veux voir ça avec Joss ! Au cas où vous ne viendriez pas, ne t'inquiète pas pour tes jours posés. Je te les recréditerais, si tu viens bosser !

..... Je m'en moque de mes jours. Je suis mal à l'aise, je suis au milieu de vous deux. 

....... Tu es et resteras mon amie, mais ton mari a cassé quelque chose en moi. Ça sera dur de revenir comme avant.

Elle hausse les épaules en signe d'impuissance. Je lui fais la bise et m'en vais !

Il est à peine seize heures trente quand je rentre. Je vais directement à la cuisine

....... Bonjour Flavia, ça va ?

......... Bonjour Madame. Oui Madame merci  

Je sors deux verres du placard, ouvre le frigo, je sais que Flavia a fait ou du jus de fruit frais pressé ou de la limonade.

........ Si Madame veut bien aller voir la chambre d'amis et me dire si ça convient à Madame

......... La chambre d'amis ? vous avez fait la chambre d'amis ?

Depuis que ma fille est repartie en internat, le lit est défait les couvertures sont sous housses.

........ Monsieur m'a demandé de faire la chambre d'amis  

........ Mons ........  Heu. ..... Jocelyn est là ?

A force d'entendre Flavia appelé Jocelyn Monsieur, je commence à faire pareil (Sourire)

......... Oui Madame Monsieur était là quand je suis arrivée, Monsieur est dans son bureau

Du coup je pose les verres et vais dans le bureau, je ne frappe plus sauf si je l'entends au téléphone

Joss lève la tête de ses paperasses en entendant la porte s'ouvrir, je l'embrasse et m'assois en face de lui.

Il me sourit ….... Ma douce te voilà rentrer !

........ Oui j'aurais pu être là avant mais j’avais un dossier à finir, et toi comment ça se fait que tu sois déjà là ?

 ...... Il me fallait rentrer. J'ai demandé à Flavia de préparer la chambre

J'ai le cœur qui bat. Ça y est Choupette va rentrer un petit week-end ou peut être des petites vacances.

......... Tu l'as fait préparer pour qui ?

.......Philippe et Marie, viennent manger ce soir, ils dorment là, nous partirons demain matin avec une seule voiture

Je change de tête, je me sens pâlir, et je sens la colère monter en moi.

Non seulement Marie ne m'a rien dit, après lui avoir expliqué que je ne voulais pas voir son mec. Mais voilà il décide encore sans me prévenir, et me met devant le fait accompli. Je me sens trahie. Encore une fois il n’a pas pris en considération mon avis.

........  Je te sens contrariée !

...... Tu n'as pas compris ce que je t'ai dit au téléphone ou quoi ? 

....... J'ai parfaitement compris ma douce, mais je pense qu'une conversation avec Philippe est nécessaire

........ Je n'ai rien à lui dire, je ne veux pas le voir plus que nécessaire. Si tu tiens à ce qu'ils viennent avec nous, je ferais avec, mais il est hors de question que je passe mon week-end avec lui et chez lui !

Je sens la colère monter. Elle est là, au bord de mes lèvres. Mon pouls s'est accéléré. J'essaie de respirer à fond. Il ne faut pas que j'explose !

..... Mon ange. C'est une histoire classée, ne revenons pas dessus. En les faisant venir ce soir, nous pourrons discuter, qu'en penses-tu ?

....... Bien ! Puisque tu as tout géré comme d'hab, il n’y a pas à discuter. Vu que mon avis ne t'intéresse pas, n'en parlons plus !

Je sors du bureau, en fermant brusquement la porte. J'ai le cœur au bord de l'explosion tellement il bat vite.

En passant devant la cuisine, je demande à la brave femme ........... Vous avez fait le dîner pour ce soir ?

.......Oui Madame pour quatre personnes comme Monsieur me l'a demandé

....... Merci Flavia !

Je sors de la cuisine, passe dans l'entrée chercher mes clopes et vais dans le salon j'allume la télé sur une émission à la con, je fume 2 clopes coup sur coup ! 

Et voilà, on est reparti à zéro, je couche avec lui, mais il dirige tout, sans jamais rien me dire. Sans s'occuper de ce que je pense, ou ce que je veux.

Ah si ! il m'a dit.... "Tu veux visiter la maison ? " En réalité, ça veut dire on va visiter la maison parce que je veux l'acheter ! Il décide et me met devant le fait accompli, demandant en souriant ....  "Ça te va ma douce ? " Même si je dis ça ne me va pas, ça change quoi ? hein ? La preuve encore là pour Philippe. Il a décidé que nous irions tous ensemble. Que ça me plaise ou pas, on ira ensemble !

Il s'adresse à Flavia toujours en espagnol comme ça je ne pige rien. Après il peut bien me raconter ce qu'il veut. J'ai aucun moyen de savoir si c'est vrai.

J'essaie de me rappeler à quelle heure il m'a téléphoné, il n'avait pas mangé et nous avec Marie on revenait, donc il était entre midi et demi et treize heures. Il a dû m'appeler, vers cette heure-là en se disant comme ça je suis tranquille, et rentrer juste derrière. Mais pourquoi ? Je ne comprends pas, jamais il ne rentre l'après-midi, sauf si je suis à la maison pour une journée de récupération. Et encore pas toujours.

‘’Allez calme-toi Alex ! Ce n'est pas le soir ou faut mettre de l'huile sur le feu. La semaine dernière ça a suffi.’’

Je ne parlerais pas comme ça, pas de problème. Je répondrais mais n'engagerais aucune conversation. Je vais leur dire que j'ai mal à la tête. Je suis complétement perdue dans mes pensées quand je vois Jocelyn arriver avec deux grands verres pleins. Il m'en tend un et s'assoit à côté de moi

...... Qu'est ce qui ne va pas mon ange ?

Je trempe mes lèvres dans le verre et bois une petite gorgée, c'est du citron vert. Joss me regarde il a les sourcils froncés, mais n'a pas l'air en colère. Il répète

..... Qu'est ce qui te contrarie ?

...... Mais rien.

Et merde de toi ! Ta voix est sèche, fais gaffe comment tu lui parles.

..... Déjà ce midi, je t'ai senti tracassée !

Il tourne ma tête vers lui, sonde mon regard, je me sens rougir. Le rouge de la colère, je sens qu'elle arrive, je respire un grand coup.

Pensée ........ "Non pas ce soir ! Tu régleras ça en rentrant de week-end, mais pas ce soir ! "

J'entends sa voix, calme ...... ... Dis-moi ce qu'il y a ! Pouvons-nous en discuter ? 

Je me dégage d'un coup et lui réponds, ironiquement

..... Je te dis que je ne veux pas passer le week-end avec ton pote, et toi tu ne trouves pas mieux que de l'inviter ici. Elle n’est pas belle la vie ? En fin de compte que je te dise ou pas mon avis, ça ne change rien, je parle dans le vide.

....... C’est prévu, depuis jeudi, afin que nous partions ensemble demain, ce qui me semblait logique !

.... Et sachant que je ne veux pas le voir, tu ne pouvais pas lui dire que c'était annulé ? 

..... Je pense mon ange, que le meilleur moyen de crever l'abcès est d'en parler. Ce soir me parait propice aux explications. 

Je ne réponds pas. Je ne veux pas éclater. Je prends une cigarette, essaie de me détendre, du moins de faire relâcher la pression pour ne pas exploser.

Joss continue de m'expliquer .... Ai-je eu tort ? Ne crois-tu pas qu’une bonne discussion est mieux qu’un long silence ? Nous n’allons pas nous fâcher avec eux, ce sont nos meilleurs amis !

.....  Mais alors c'est parfait ! Je vais bien, tout va bien. Tu as tout géré, je n'ai plus rien à faire, plus rien à dire, même pas besoin de penser. Tout est planifié comme d'hab. J'ai plus qu’à m'incliner.

Je me lève. Je sens trop que là, c'est urgent que j'arrête cette conversation. Je file prendre une douche pour essayer de me calmer, essayer de ne pas péter un câble. Il ne manquerait plus que ça. Ce serait terrible, j'aurais Jocelyn avec ses menaces, l'autre avec ses baffes, et me mettrai Marie à dos.

Tout compte fait je me coule dans un bain bien chaud, combien de temps je reste dans l'eau ? Mes pensées ont fini de ravager le peu de calme qui me restait. Je suis sûre que ma tension est grimpée au cap alerte.

Il faut que je me calme, il faut que j'arrive à retrouver ma sérénité, sinon ça va être un week-end de merde, et je vais m'en prendre plein la gueule et plein le cul. 

Le haut, le bas, je me sens sourire de cette ironie. Je me rince à la douche de longues minutes, l'eau fraîche coule sur mon corps, je sens la pression redescendre, quand j'entends gratter à la porte

..........Tu es là Alex ?

C'est la voix de Marie.

..... Oui entre c'est ouvert.

Je m'enroule dans une grande serviette. La porte s'ouvre sur Marie, elle est en jeans, le pull irlandais que je lui ai offert.

Marie........ Ne crois pas que je t'ai menti Alex, je ne savais rien des projets des gars.

....... Ah ouais !

....... Je pense plutôt qu'ils ont voulu nous faire une surprise !

....... Une surprise ? Oh ! je saute de joie de revoir ton mec !

........ J'ai discuté avec Phil, il va avoir une explication avec toi

...... Rien du tout, ça ne m'intéresse pas !

Je commence à m'habiller, Marie s'est assise sur le rebord de la baignoire, et en souriant .......... Dis donc tu as de la place dans cette baignoire au moins, ce n'est pas comme la nôtre ou Phil peut à peine allonger les jambes.

J'enfile une robe mi longue d'intérieur, des sabots en cuir à talons, son caquetage ne m’intéresse pas, si elle pense que ça va m’aider à faire amie, ami avec son connard, elle se trompe lourdement.

...... Alex ne fait pas la tête ! Réellement l'idée vient de Phil, il voulait qu'on parte de chez nous. Joss lui a dit. ........ Non il vaut mieux qu'on parte d'ici, que tu serais plus à l'aise en étant chez toi. Et ça s'est décidé jeudi. 

....... Ah oui ! Mais ici je ne suis pas chez moi Marie, je ne décide rien. Tout ! Il gère tout et me met devant SA décision

........ Alex, il te parle toujours de ses projets, il te demande toujours ton avis !

........ Non Marie ! Il tourne tout de manière à ce que je sois obligée de dire oui !

....... Tu es négative là !

...... Non Marie ! Lucide ! Regarde pour ce soir, regarde pour demain la maison. Il dit ... " Samedi on va visiter la maison" Il ne dit pas ça te plairais ? Il parle toujours en espagnol à Flavia. Mais merde ! Elle parle le français, mieux que toi ou moi. Il ne peut pas lui parler en français ? Je ne comprends jamais rien à ce qu'ils se disent. Je suis comme une conne à les écouter.

......Alex tu es fermée là ! Je ne pourrais pas t'ouvrir les yeux. Tu es sur tes positions et tu y restes. On en parlera plus calmement. Allez viens ! Respire un grand coup et surtout ne t'énerve pas.

Elle me fait un gros bisou sur la joue, me prend par le bras. Nous sortons de la salle de bains. Je passe par la cuisine et vois encore Flavia. Je regarde l'heure il est sept heures dix. 

..... Mais Flavia ! Vous n'êtes pas encore partie ?

Marie est sur mes talons

......... Monsieur m'a demandé de rester pour servir le dîner..........Oh Madame Marie ! Bonsoir

Marie........ Bonsoir Flavia vous allez bien ?

Je n'écoute pas leur baratin. Pleine de rage, je me sens devenir cramoisie. Mais il croit quoi ? Que je ne suis pas capable de servir à bouffer. Que je suis aussi nulle que ça ?

Marie me regarde. ....... Alex, il l'a fait pour toi ! Ne te fâche pas ! Il essaie de te faire plaisir, et tu prends tout de travers

On entend la voix de Jocelyn qui parle en espagnol. Flavia qui répond, Marie qui capte quelques mots,

....... Il demande à Flavia d'aller voir ce qu'on fait, et elle a répondu qu'on est là.

...... J'm'en fou

Flavia me regarde, elle voit que je suis en colère, sans savoir pourquoi. Avec un sourire, elle s'adresse à moi

...........Monsieur demande ce que font Madame et Madame Marie ?

Marie me prend par le bras. ......... Alex souris ! Détends-toi, tu vas plomber la soirée, et le week-end avec, allez souris ma chérie !
Je respire un grand coup, mon cœur bat si fort, qu’il va exploser. J’ouvre la bouche pour chercher de l’air

 ........ Ah ma douce ! Ça va ?

Je le fusille du regard, Phil intercepte mon regard, je lui dis bonjour froidement sans l'embrasser, et m'assois dans un fauteuil.

Phil.........Ça va p'ti chat ?

 .... Sois gentil, ne m'adresse pas la parole, ça évitera les débordements !

...... Nous allons discuter du week-end dernier Alex !

...... Tu n'as pas bien compris, je n'ai pas envie de discuter avec toi.

....... Détends-toi, essaie d'être objective d'accord ?

D'un ton très moqueur, ou l'ironie ressort à 100 francs le kilo, je lui balance ...... Mais je suis détendue, je vais très bien. Et j'irais encore mieux, si tu m'évites !

Joss a les yeux braqués sur moi, Phil a un regard consterné. Il sait là, que je ne changerai pas d'avis. Il sait qu'entre nous il a provoqué une fracture. Il sait que ça ne sera plus jamais pareil. Il me connait.

Marie ne sait pas quelle attitude prendre, elle sent que je vais éclater, et ça ne présage rien de bon.

En m'adressant à Jocelyn ...... Il est possible que tu demandes à Flavia de servir l'apéro. Je ne parle pas espagnol !

...... Mais mon ange, demande-lui, elle parle français

..... Ah non ! je ne sais pas si c'est l'heure que tu as décidé !

Phil....... Bon écoute Alex ! Je te sens un peu sur les nerfs. Alors ou tu te calmes et on passe un bon moment ou tu commences à faire chier tout le monde, et ça ne va rien arranger.

……. Tu comptes me m’en mettre encore plein la gueule ?

……. Non ! J’aimerais qu’on s’explique une bonne fois pour toute et qu’on tourne la page !

Je ne lui réponds pas, je ne le regarde même pas. Je ne parlerai pas pendant une heure, tout le temps de l'apéritif.

Jocelyn se lève, sort du salon et reviens 2 minutes après ...... Nous allons passer à table mes amis !

Il vient chercher ma main pour m'aider à me lever. Je l'ignore et sors du fauteuil. En nous dirigeant vers la salle à manger Marie me prend le bras et d'autorité s'assois à côté de moi.

" Hé merde de toi ! Je vais avoir Joss juste en face de moi, avec son regard inquisiteur.’’

Et merde de merde ! C'est pire, c'est Phil qui se met en face de moi !

Le regard de Joss est sombre, pas en colère non ! Je dirai plutôt déconfit. Il sent que le week-end est mal parti !

Phil.... Alors les filles ça été votre semaine ?

Marie.......Oui, sauf qu'on a un boulot monstre. On voit que les fêtes sont terminées, les comptes, débitent durs.

Elle sourit. Elle essaie de me détendre. Je ne bouge pas mon regard de mon assiette ou mon verre. 
Phil et Joss discutent tranquillement, Jocelyn ne me lâche pas du regard, je ne tourne pas la tête, mais sens ses yeux posés sur moi.

La conversation se déroule sans moi, je suis re partie dans mes pensées, dans mon autre moi, j'ai complétement décroché.

Flavia a emmené les plats, j'ai bouffé sans m'en rendre compte. Non j'ai chipoté. Je ne sais même pas ce qu'il y avait dans mon assiette, elle est repartie pratiquement pleine en cuisine. Même la tarte je n'y ai pas touché.

Dans le brouillard j'entends Flavia répondre à Joss en espagnol. Je tourne la tête vers Marie, nos regards se croisent, et dans le mien, elle peut lire.........Tu vois ce que je te dis ?

Je me lève, en lançant sèchement "Bonsoir !"  

Personne n'a le temps de répondre je suis déjà dans le couloir. Je me déshabille et me glisse dans les draps.

Mes pensées négatives comme dit Marie, galopent dans ce qui me sert de cerveau. Je n'arrive pas à m'endormir, ça fait chier, je ne veux pas être éveillée quand il viendra se coucher. Ça fait bien une heure que je me tourne et retourne dans le lit, quand j'entends la porte s'ouvrir.

Il se glisse dans les draps, se colle à moi et dans mon oreille, d'un ton ou il contient sa colère

..... Je sais que tu ne dors pas Alex. Je ne sais pas pourquoi cette colère envers moi. On en parlera calmement dimanche soir. Ne fait pas exploser ma patience !

Il me fait un bisou sur l'épaule. J'ai envie de me blottir contre lui, je sens les larmes pas très loin. Je finis par m'endormir.

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