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Alexandrine, cette étrange rencontre
23 février 2003

L'architecte et sa dinde

Jocelyn redevient cet homme attentionné que j’aime. Toute la semaine il est tendre et amoureux. Encore une fois je repense à cette dernière engueulade ou j’ai de nouveau pris. Il arrive les jours suivants à me faire oublier, pour lui la vie reprend normalement

Mardi au bureau, Marie m’annonce. ..... On vient avec vous ce week-end, alors ne sois pas étonnée, Alex !

 ....... Ah chouette, comme ça je me sentirais moins seule avec cette grognasse de l'agence

Marie rit. ......... Oh Alex, je ne pensais pas que tu pourrais être jalouse comme ça !

Je hausse les épaules ....... Mais non je ne suis pas jalouse ! Mais reconnais qu’elle essayait de séduire Joss.

....... Mais toutes sont béates devant lui. Sois fière c'est toi qui es à son bras et dans son lit !

Je la regarde en souriant.

Pensée. ..... " Oui je suis trop con, c'est vrai, il ne fait rien pour les attirer. Il reste naturel, voire froid et distant "

Je fais part de mes réflexions à Marie, qui sourit Marie.........  Tu vois bien, qu'il a une attitude normale !

Nous passons la journée à papoter tout en travaillant. Marie descend nos feuilles au dirlo et me répètes ce qu'il lui a dit.

......... Ah les inséparables, passez un bon week-end avec Alexandrine, que je sens tendue en ce moment, tout va bien pour elle ?

Marie me dit lui avoir répondu en riant ......... "Elle est amoureuse"

Le jeudi matin pendant le déjeuner Jocelyn me demande si avec Marie on peut quitter à 3h et demie, pour partir directement

....... Mais je n'ai pas fait de sac ni rien, tu me préviens au dernier moment

...... Flavia le fera, il n'est pas compliqué de mettre un jeans et deux slips dans un sac !

Je le regarde, ne dis rien, son ton est un peu sec. Je ne veux pas gâcher cette fin de semaine qui a été si heureuse

...... Bon d'accord, je vais en parler à Marie

Arrivée au bureau je tiens mon amie au courant des projets. En sortant à quinze heures trente, nous voyons les deux hommes devant la grande entrée qui nous attendent. On se dit bonjour, Phil me regarde avec un petit sourire presque timide, je lui souris aussi.

Joss m'enlace et m'embrasse tendrement, Je sais que le week-end va être royal. Avec Marie on discute de tout de rien, d'un dossier un peu difficile, il nous manque la moitié des éléments..........on se dit on verra lundi.

En arrivant sur les coups de vingt heures, Joss nous conduit directement au port. De Paris il a réservé une table au restaurant.

La soirée est agréable, d’abord sur la réserve, Philippe fini par se détendre. Sans rien nous dire, nous enterrons la hache de guerre.

Le lendemain quatorze heures trente nous sommes devant la maison "résidence" ‘’propriété’’, je ne sais pas trop comment il faut l'appeler. Je resserre les pans de mon manteau. En cette fin février, le vent est glacial, le ciel gris ne présage rien de bon.

La gonzesse de l'agence est là, dès qu'elle entend la grosse cylindrée allemande de Joss, elle sort de sa voiture, comme un ressort, avec un large sourire, direct elle se précipite côté porte chauffeur. Il est à peine descendu qu'elle lui tend déjà la main et commence à taper la discute

........... Avez-vous fait bon voyage Monsieur Gaussien de la Maleverne ? 

Je sors de la voiture, elle tourne la tête et fais un rictus en guise de sourire, elle me tend sa main molle sans quitter Joss des yeux.

 Elle ........ B' jour Ma' âme  

J'ai un pincement au cœur "Oh merde, il ne faut pas que j'explose"  

Jocelyn me prend par les épaules. Je suis raide comme un piquet. Je ne quitte pas la blonde des yeux, je surveille ses mains. Surtout qu'elle ne les pose pas sur son bras, parce que je vais lui en claquer une dans sa bouche.

Joss me regarde, et pendant que la blonde continue de lui parler de sa voix de merde. Il m'entraine à l'écart, met ses mains sur mes épaules et me tourne face à lui. Je lève la figure pour voir son regard, il a dans les yeux ses petites étoiles

....... Ou tu te détends, ou je te fesse là tout de suite. Je t'ai dit qu'elle ne viendrait pas dans mon lit. Il n'y a pas de place. De plus tu me tiens tellement serré que j'aurais bien du mal à me sauver

Je rougis, il sourit et repart vers la fille en me plantant comme une conne. Marie vient me voir

 ........ Alex, ça va ? Allez détends-toi, nous sommes là !

Je souris en prenant la cigarette qu’elle me tend. ............. Oui ça va.

Je me détends, tout en guettant du coin de l’œil la blondasse. Une voiture se gare, je tourne la tête, je suis livide. Mes jambes deviennent molles, je suis au bord de la nausée.

......Alex qu'est ce qui se passe ?

Je ne l'entends pas. Mes oreilles bourdonnent, mon pouls s’est accéléré

Je murmure comme pour moi ......... Non pas elle ! Non pas cette pute !

D'un coup, je ne peux pas retenir mes larmes, elles débordent de mes yeux.

Marie, va vers Joss, dans le brouillard, au travers de mes larmes je la vois lui chuchoter quelque chose à l’oreille. Il me regarde et fais oui de la tête. Marie vient me prendre le bras et m'entraîne dans le bourg qui est à cinq minutes à pied

Je suis anéantie, complètement vidée. Mes pensées se bousculent. On entre dans un café, mes larmes coulent en silence

...... Qu'est-ce que tu veux boire ?

Je fais non de la tête ...... ...... Ché pas.

Et voilà, je ne sais plus rien, je n’arrive plus à raisonner, à penser. Je me revois un an et demi en arrière.

Marie commande deux cafés et attends que je me calme.

...... Tu veux en parler Alex ?

Son ton est triste. Je la regarde elle est chagrinée de me voir comme ça, mais je ne peux rien faire pour elle

D’une voix éteinte, je confie l’inavouable à mon amie. ...... C'est à cause d'elle qu'on s'est séparé, elle m'a tellement fait chier un soir au resto que j'ai explosé, avec Joss ça s'est très mal terminé.

Je ne lui parle pas des coups de ceinture, elle sait pour les trempes, mais là je crois que ça ne passerait pas.

Marie, m'emmène aux toilettes, je passe de l'eau fraîche sur mon visage, elle me prête sa petite trousse de maquillage, qu'elle a dans son sac à main, le mien est resté dans la voiture

Je mets un peu de blush, fait un peu mes cils, elle paie les cafés on repart. En chemin elle me donne un conseil

........ Alex, tu vas te tenir bien droite, tu vas aller donner la main à Joss, et tu restes à côté de lui, c'est ta place, pas celle des autres. De l'autre côté il ne doit y avoir que l'archi. Essaie de te concentrer sur ce qui se dira d'accord ? Ce soir ils dorment à la maison mais repartent demain matin alors prends sur toi. D'accord ma chérie ?

Un immense froid m’enveloppe, j’ai l’estomac au bord des lèvres, sans pouvoir parler je fais oui de la tête.

...... Promis ? je ne te quitte pas, d’accord !

Quand nous arrivons, ils sont déjà dans le hall d'entrée. Joss se retourne en nous entendant, il me regarde les sourcils froncés. Je n’arrive pas à sourire, Marie me pousse vers lui. Il vient à ma rencontre, met son bras autour de mes épaules, se penche et effleure mes lèvres

Il me tient serré contre lui. Je passe ma main sous son manteau et lui enserre la taille. J’ai besoin de sentir sa chaleur, besoin de sentir qu’il va me protéger. J’ai besoin de son amour.

 Michel m'embrasse, me demande comment ça va, et sans attendre ma réponse continue sa série de photos, prend des notes sur un grand bloc, fait des schémas. Je ne dis pas bonjour à la dinde. Pâle, elle fixe mon annulaire gauche ou mon diamant brille.

Je l'ignore, essaie d’enregistrer ce que Michel et Joss disent. Phil et Marie se baladent dans la maison, je les entends rire, je me concentre. La blonde fait visiter à la dinde

On se dirige vers les pièces de droite, bureau biblio et salon, Michel continue ses croquis, ses photos. Nous faisons le rez de chaussée, c’est long, on piétine. Michel prend les mesures de chaque pièce à l’aide d’un appareil qui bipe chaque fois, je me concentre sur la petite lumière rouge, j’essaie d’occuper mon esprit

Nous faisons rapidement l’étage, Michel prend les dimensions d’une salle de bains, et les deux chambres de chaque côté.
En redescendant, nous nous dirigeons vers ce grand bâtiment qui servait moitié d’écurie, moitié de garage. Michel prend quelques photos de la façade, sur toute la longueur. Nous entrons à l’intérieur, il mesure et note au fur et à mesure, ses croquis sont assez simplistes. Un carré qu’il remplit de chiffres, de flèches.
Nous finissons par la petite maison à l’entrée de la propriété. Il fait sombre, la nuit tombe. Nous aurons mis presque quatre heures.
La dinde commence à s’impatienter.

Enfin nous repartons chez nos amis, la blondasse s’en va de son côté. Elle n’a pas l’air enjouée, elle a perdu son après-midi  

Nous nous installons autour de la table de la salle à manger, Phil et Marie à chaque bout Joss et moi sur un côté, Michel et sa dinde en face de nous, bien évidemment la dinde en face de Joss à qui elle adresse de grands sourires.

J’ai envie de lui baffer sa gueule de merde.

Michel ouvre son gros bloc, nous demande dans quel style nous aimerions cette maison et nous explique grossièrement comment il verrait l'agencement des pièces.

Joss de sa voix tendre.  ....... Qu'en penses-tu mon amour ?

....... Je préfèrerais du moderne mais pas du vrai moderne, enfin du moderne mélangé au style de la maison, mais pas avec des gros rideaux lourds, quelque chose de léger. Tu vois quelque chose dans le style de l'appartement 

.......... Oui un design contemporain

La dinde ......... Oh mon cher Jocelyn ! Quel mauvais goût. Il serait tellement dommage d'enle........
elle n'a pas le temps de finir sa phrase, Joss la coupe d'un ton glacial

......... Sois gentille Claire, ne te mêle pas de cet entretien ! J'ai engagé Michel pas son épouse, nous nous passerons donc de tes commentaires !

Il se tourne vers Michel et lui dit ...........  Nous t'écoutons !

Un grand froid s’installe autour de la table, Michel regarde sa femme l’air contrarié. Elle est rouge de colère, et me foudroie du regard.
Je prends la main de Joss, nous croisons nos doigts sans nous regarder. J’ai besoin de sentir, qu’il est là, prêt à me secourir.

Marie va à la cuisine, la dinde lui emboite le pas. La conversation reprend, j’essaie d’être attentive.

Pendant le repas, et la soirée, j’essaie de calmer le tumulte qui est en moi. La dinde ne parle pas, tant mieux, ça évite que je monte en pression.
A vingt-trois heures tout le monde décide d’aller se coucher. L’architecte et sa grosse reprenne la route demain

Joss me prend dans ses bras, je pose ma tête sur sa poitrine, je m’amuse à suivre son rythme cardiaque.
..... Lundi Michel m’enverra une première ébauche des travaux, nous verrons ensemble. Si nous sommes d’accord, je contacte l’agence pour l’achat. D’accord ma belle, ça te va ?

 ..... Oui ça va !

...... Veux-tu faire l'amour ma douce ?

Tiens c'est la première fois qu'il me demande. Je ne sais pas quoi répondre. Je n'en sais rien moi ! Là tout de suite je n'ai pas d'envie particulière, mais s’il pose ses mains sur moi, je vais partir c'est sûr.

...... Heu je ne sais pas

Joss, pousse un soupir. Eteint la lumière s'allonge dans le lit. Il se retourne, sans me prendre dans ses bras. Je suis à l'ouest. Je ne comprends pas. Pourquoi il me tourne le dos, surtout qu'il ne veut pas que je le fasse. Oh putain, il m'interdit des trucs et lui les fait !

Mais merde alors ! Je sens la colère montée. Je me tourne aussi, on s'endort comme ça.

Il n'est plus dans le lit. Je ne sais même pas quelle heure il est. Je file sous la douche, enfile mon jeans et mon gros pull. Dans la cuisine je retrouve Marie

.... Coucou ma chérie, ça va ? Tu as bien dormi ?

..... Heu oui pourquoi ?

 ...... Tu as une sale tête ce matin, vous vous êtes engueulés ?

...... Non

Je lui raconte notre conversation, sa demande d'hier au soir, sans savoir quoi répondre.

....... Ma chérie, il attendait tout simplement que tu lui dises oui. Oh ! Toi alors tu n'en loupes pas une !

Elle éclate de rire, me laissant comme une idiote. Elle me sert un bol de café au lait. Je regarde l'heure, neuf heures vingt. Je demande ou sont les mecs

.... Dans le jardin, Michel et sa femme viennent de partir.

Je pousse un ouf, je ne la verrais pas comme ça. On entend les mecs qui rentrent

 ........ Si tu savais ce que la femme de Michel pense de toi. Je te raconterais.

Je regarde Marie, avec cet air abruti quand je ne comprends pas. Phil vient m'embrasser pour me dire bonjour.

.......... Bonjour p'tit chat, ça va ?

 ...... Oui merci

Joss ne m'a pas quitté des yeux, je n'arrive pas à savoir ce qu'il pense, il m'embrasse sans me prendre dans ses bras.
Le reste du week-end Jocelyn reste distant, même nos amis s’en rendent compte. Dimanche soir en rentrant, il va directement s’enfermer dans son bureau, sitôt le repas terminé.

 

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19 février 2003

A+ B

Nous déposons Phil et Marie chez eux, Philippe nous invite à monter, Joss refuse

J'embrasse Marie, qui me glisse dans l'oreille. .......Relax Alex, ne mets pas le feu aux poudres !

On arrive, Joss prend nos sacs et les laisse dans l'entrée. Je prends le mien et vais pour l'emmener et le vider. Il arrive derrière moi en reprenant le sac et sur un ton pas aimable

........ Laisse ce sac Flavia s'en occupera demain ! Va au salon

Bon allez il est de mauvais poil, je ne vais pas m'emporter, je vais faire gaffe. J'allume une clope et j'attends. Il est parti dans son bureau. J'allume la télé, je zappe, mets la chaîne musique. Je me plonge dans un clip quand j'entends la voix de Joss qui résonne froide au milieu du salon, je tourne la tête il est assis dans le fauteuil en face de moi, ses avants bras étalés sur les accoudoirs

Il me regarde moitié colère, moitié ironique. Je n’arrive pas à savoir ce qu'il a dans la tête

.........Alexandrine !

........ Quoi ?

....... Il me semble nécessaire d'avoir une explication sur ton comportement de samedi !

Je me sens changer de couleur. J'ai d'un coup chaud, mes mains se glacent. Suis-je rouge ou livide je n'en sais rien. Mon pouls s'accélère, un poids tombe sur mon estomac. Je me dis ça y est je vais prendre. J'évite son regard, je reste fixée sur la télé

Il prend la télécommande, éteint le poste, et s'assoit à côté de moi, côté ou j'ai la tête tournée, je ne peux pas faire autrement que de le regarder.

.......... Ton attitude de ce week-end est inexcusable. Non seulement samedi à maintes reprises je parlais dans le vide, tu étais tellement accaparée à foudroyer la fille de l'agence, que tu n'entendais et n'écoutais pas ! Le reste du week-end a été similaire

Je baisse les yeux, il a les mains croisées. Je regarde ses longs doigts fins. Je sens des frissons m’envahirent

.... Regarde-moi Alexandrine !

Je lève la tête, dans mes yeux il ne lira rien, je fais le vide.
..... Rappelle-toi que nous avons un compte à régler. Le connard va te fesser et nous ferons l'amour après !

Les larmes montent, envahissent mes yeux, je ne veux pas pleurer, j’essaie de me retenir. Mon cœur va exploser dans ma poitrine.  Dans mes oreilles les battements résonnent. Je ne quitte pas son regard.

Il se lève..........Viens manger !

Oh putain, je n'ai pas faim, je voudrais aller me doucher, me coucher. Je me traîne dans la cuisine, il a tout préparé je n'ai rien entendu, rien vu, j'étais devant la télé partie encore je ne sais pas où

Dans mon assiette du potage, je trempe ma cuillère dedans que je porte à ma bouche, mon estomac se soulève, je n'arrive pas à avaler. Je me sens devenir blanche.

....  Tu n'aimes pas le potage ?

...... Heu pas trop ! Et je n'ai pas faim

Il pousse un soupir, me demande ce que je veux à la place

Je lève les yeux à sa hauteur. .......... Rien, je n'ai vraiment pas faim. J'ai mal à la tête.

Il sort de la cuisine, je reste là devant mon assiette froide, quand je vois sa main me tendre deux cachets d'aspirine. Je les avale avec un peu d'eau.
....... Veux-tu aller te coucher ?

D'une petite voix. ........... Oui je voudrais bien !

Il s'approche, me tends la main pour que je me lève, me prends dans ses bras effleure mes lèvres ...... Va ma belle, j'arrive.
Je me mets à trembler, je sais ce que ça veut dire. Il lève ma tête, je croise son regard, je n'y vois aucune colère, le mien est chargé de peur.

Il me lâche, je vais prendre une douche pour essayer de me détendre, enfile ma nuisette et me couche, j'ai les larmes aux bords des yeux, ma tête cogne.
Je n'arrive pas à m'endormir, quand il vient se coucher à côté de moi. Il me prend dans ses bras, j’essaie de me calmer et finis par m’endormir

Nous sommes vendredi, la semaine s'est passée sans que nous échangions plus que ça. Sitôt mangé Joss va dans son bureau. Je regarde un peu la télé et me couche. Il n'est pas revenu sur le week-end. Je me sens en rémission 

Le soir après manger, je mets un point d’honneur à ranger la cuisine correctement. Je ne veux pas que Flavia ait du travail supplémentaire.

Je vais au salon fumer une cigarette. Joss est allé dans son bureau. J'allume la télé, et me mets en boule dans les coussins moelleux du canapé. J'ai enfilé après ma douche, une liquette de nuit et son espèce de petit short assorti. Je zappe sur la télécommande, et tombe sur une redif avec Delon.

Je regarde un peu, et pense à cette maison. Elle est vieille, et froide. Je me remémore l’attitude de cette dinde qui nous a fait visiter.

Mes pensées se bousculent, mon autre moi sort de sa léthargie........ La dinde qui se pâmait devant Joss...... Michel qui viendra faire les plans, bah tiens, il ne m'a même pas demandé si cette maison me plaisait, non ça y est, il a tout programmé. Tout est réfléchi, pesé, emballé ! Et après Marie me dira...... "Mais si, il te demande toujours ton avis" Bah bien sûr, sauf encore cette fois-là, comme toutes les autres fois 

Joss vient s'asseoir à côté de moi, il m'attire vers lui, et regarde la télé. Au bout de je ne sais pas, dix minutes peut-être

........ Alors et cette visite, qu'en dis-tu ? 

....... Je te l'ai dit ! C'est triste et froid comme maison. Il n'y a que le parc qui pourrait être beau. 

..... Oui bien sûr, mais elle est dans son jus, il faut la moderniser. 

....... Ah ! Et ça va coûter combien de faire faire tous les travaux 

Joss un mouvement d'agacement. ......... Là n'est pas la question ! Si on a une maison qui nous plait ! 

D’un ton un peu sec je lui fais remarquer ......... Qui te plait. 

D'une voix ou perce l'irritation. ...... Elle est bien pour nous deux me semble-t-il ! Ne serons-nous pas mariés dans quelques mois ? 

...... Oui bien sûr ! Bah c'est bien alors ! 

Et je me tourne vers la télé. Il laisse passer quelques instants, avant de m’attaquer ........ Qu'as-tu depuis vendredi dernier ? Je peux savoir ? 

....... Mais rien, franchement tout va bien ! 

Le ton est ironique. Mon pouls s'accélère, je sens l’agacement me prendre. 

...... Si tu as quelque chose sur le cœur, nous pouvons en parler calmement ! 

....... Mais non, tout va bien ! 

Il vient chercher mon menton, et me fait tourner la tête vers lui, il croise mon regard.

......... Je vois bien que tu es contrariée ! 

Pensée........ "Rho mais lâche moi, je n'ai pas envie de discuter, c'est perdre du temps ta décision est d'acheter cette vieille baraque, alors achète là je m'en fous " 

Je sais qu'il a vu dans mes yeux, je sais qu'il va me faire chier jusqu'à ce que je craque 

...... Alors ? 

........ Alors quoi ? 

...... Ne commence pas à élever le ton ma belle ! 

...... Bon écoute ! Je ne vois pas pourquoi tu m'as emmené visiter cette maison, puisque ta décision est prise de l'acheter. 

Il me regarde fronce les sourcils, je vois ses yeux s'assombrir. 

Oh merde de toi ! Ça y est tu as déclenché la guerre ! 

 ...... Si cette maison ne te convient pas, nous ne l'achetons pas ! Je ne vois pas où est le problème ! 

Je ricane ...... Mais si tu vas l'acheter, tu as même programmé Michel pour les travaux !

..... Michel est un ami, je connais sa réputation sur le tout Paris. Il me semble préférable, à un architecte qui n'a pas sa notoriété

....... Bah tu vois, tout est bien alors, pas la peine de perdre du temps à discuter ! 

.......  Alex, tu es pénible ! Pour savoir si une maison nous plait, il faut bien la visiter non ? Ce que nous avons fait ! Maintenant je te demande ce que tu en penses, alors réponds-moi !

 ..... Je te l'ai dit ce que j'en pensais. Tu réponds à côté comme d'hab. Je dis un truc, tu dis oui, c'est toujours oui avec toi mais comme ta décision est prise avant, ça ne change rien ! Alors ne me demande pas mon avis, tu décides tout, tout seul   

....... Ne sois pas de mauvaise foi s’il te plait ! Je sollicite chaque fois ton appréciation 

Ricanement......... Mais bien sûr ! Comme vendredi, ou j'apprends par Flavia que Phil et Marie dorment là, qu'on va partir tous ensemble samedi, alors que je t'avais précisé que je ne voulais pas le voir ! C'est comme tout, tu décides, et après tu m'en parles, mais seulement après. Alors, ça ne sert à rien que tu viennes me faire chier en faisant semblant de me demander mon avis, t'as pris ta décision et je n'ai pas mon mot à dire ! 

...... Je te calme dès à présent, ou tu te calmes toute seule, et nous discutons tranquillement ? 

Je dégage mon menton de sa main, et me lève. ........ Ecoute c'est une discussion qui ne sert à rien et je suis fatiguée, alors bonsoir ! 

Je vais me coucher, et réfléchis. 

Quand est-ce qu'il m'a demandé si elle me plaisait cette maison ? Quand est-ce qu'il m'a demandé pour Michel ? J'essaie de repasser les phrases qu'on a échangé, et je ne vois pas !

Je m'endors sur ces incertitudes

Je me réveille, seule dans le lit, je vais boire mon café, il est dans son bureau, je l'entends au téléphone. Je fais le lit, prends ma douche et m'habille d’une jupe mi longue. Je retourne à la cuisine me sers un café, j'allume ma clope, quand il arrive

Joss ...... Bonjour ma belle

Je ne réponds pas, j'ai sur la paillasse cette discussion d'hier qui a tourné en rond. Je n'ai pas trouvé quand est ce qu'il m'a dit pour la maison, pour Michel

Il se sert un café s'assoit en face de moi, sur cette table bar.......... Alors ma belle, as-tu réfléchis pour cette demeure ?

Pensée ......" Oh putain il va me prendre la tête là de bon matin. "

 .... Alex, je te cause !

....  Ecoute me prends pas la tête avec ça, fais ce que tu veux je m'en tape. Cette baraque ou une autre c'est pareil

 ........ Il nous faut prendre une décision, je veux ton avis

.... J'm'en fous, tu me demandes, mais ton idée est arrêtée, alors me fais pas chier pour rien

Je le vois se lever, il m'attrape d'un coup sec, et avant que j'aie pu dire un mot, je me retrouve déculottée. Il me fout une raclée tellement forte que j'en ai l’estomac qui se soulève. Mon ventre se déchire, mon cœur s’emballe, mes larmes débordent d'un coup. Il ne s'arrête plus de taper J'ai dû prendre une cinquantaine de claques distribuées sur mes fesses, sur le haut des cuisses.  Je suis saisie par l'intensité des coups.

Enfin il me lâche. J'entends la porte du bureau se fermer. Je remonte ma culotte, vais me moucher, et sèche mes larmes. J'ai les fesses en compote. Je retourne dans le salon fumer une cigarette. Je suis là, je ne pleure plus, qu'il aille se faire voir.

Il arrive avec deux expressos, me tend le mien, j'allume une clope, et bois mon café. Je n'ai pas fini de poser ma tasse qu’il attaque

....... Pouvons-nous discuter tranquillement maintenant ?

Je ne réponds pas, je n'ai pas envie de lui dire ce que je sais sur l'estomac, il va me prouver par A+B que je me trompe. Que j'ai tort et lui raison !

...... Où tu réponds, ou je te fesse, à nouveau !

Je le regarde bien droit dans les yeux, en me disant je vais avoir mal au cul mais toi aux mains !

Joss ...... Alors ?

En me foutant royalement de lui, je demande ironique ....... Tu veux parler de quoi ? 

...... C'est toi qui as des choses à dire !

......... Tu veux que je te dise quoi ? Je n'ai pas de bile à me faire, ma vie est réglée comme du papier musique, tu programmes tout !

...... Je pense que la fessée de tout à l'heure ne t'a pas suffi !

Je sens la colère qui commence à monter sournoisement

.... De toute façon chaque fois qu'on discute je m'attrape une branlée, alors je préfère la fermer !

Il garde ce ton de colère froide .......... Que veux-tu savoir ? 

...... Pourquoi tu décides tout et après tu me mets devant le fait accompli ?

...... Donne-moi un exemple !

...... Mais tout

 ..... Chaque fois que je te demande ton avis, que je te pose une question, que fais-tu ?

...... Bah je te réponds !

...... Oui et tu réponds comment ?

Je deviens ironique ......... Quoi comment ? Je te réponds normalement !

 ...... NON ! Tu réponds par une autre question ! Quand je t'ai sollicité pour la visite de cette maison, tu m'as répondu pourquoi tu veux toi ?

........ Bah tu veux que je réponde quoi ? Oui ! Non ! Je ne vois pas où est le problème ! Quand je t'ai dit ça ne me plait pas t'as répondu on demandera à Michel des plans

...... Mais moi non plus cette maison ne me convient pas comme elle est ! C'est bien pour ça que Michel nous fera des plans savoir si on peut se projeter dedans !

Je réfléchis "Oh merde oui il a raison, je n'avais pas pensé à ça, je n’avais pas vu sous cet angle-là !"

..... Ah bah vu sous cet angle ce n'est pas pareil !

..... Je t'en ai parlé ! Tu n'écoutes jamais ce que je te dis ! Après tu me fais reproche ! Dorénavant quand tu n'écouteras pas tu seras fessée !

En m'attrapant le menton, il tourne ma tête jusqu'à ce que nos regards se croisent, et me répète

.......... As-tu compris ?

Je fais signe que oui, je sens les larmes monter, mon pouls s'accélérer.

....... Je t'ai dit quoi ?

...... Que quand je n'écouterai pas tu me fesseras

...... Pendant la visite, je t'ai soumis l'idée de demander à Michel de venir nous faire des plans ! Tu étais tellement accaparée à surveiller la fille de l'agence. A savoir si je n'allais pas la prendre là sur le parquet, que bien évidemment tu n'écoutais pas. Je t'en ai parlé chez nos amis, tu n'étais toujours pas à l'écoute de notre conversation. Alors ne viens pas me faire grief que je décide tout !

Il me regarde longuement et enchaine. .......... C'est maintenant que nous devons nous décider. J'attends ta réponse tout de suite !

Je ravale mes larmes, et balance ...... ... Bah alors vas-y prends là, achète mon chéri !

Joss ne relève pas mon sarcasme ...... Avant de signer Michel nous fera des plans. Si ça nous convient, alors oui nous l'achèterons !  Nous allons retourner la visiter avec lui, qu'il puisse prendre des mesures. Le sujet est clos. Peux-tu poser des jours de congés ?

...... Bah ça dépend combien, faut que je fasse des heures peut-être pour au moins une journée !

........ Non tu n'as pas besoin de faire des heures en plus ! Pose ton vendredi prochain, nous irons là-bas, je demanderai à Michel de nous rejoindre.

 ...... Heu d'accord !

...... Maintenant que l'on a éliminé ce problème, que veux-tu faire aujourd'hui ?

....... Je voudrais aller chez moi, voir mon courrier et prendre quelques fringues

....... Il va te falloir faire ton changement d'adresse, et prendre une bonne fois pour toute, tes affaires personnelles !

Il m'attire dans ses bras, passe une main sous mon pull. Je sens cette douce chaleur arriver. Il me fait l'amour tendrement, amoureusement, là sur le canapé. Je pars, nous partons ensemble sur notre nouvelle planète.

15 février 2003

La visite

On part à six heures.  Je me cale et m'endors, ça m'évite de parler, et de répondre. Je dors pratiquement tout le voyage. En fait je suis réveillée depuis un bon bout de temps. Mais je ne bouge pas d’un cil.

Pas très loin de l'arrivée, j'ouvre les yeux et me redresse. Marie me regarde, me demandant si ça va. En détournant le regard, je croise celui de Joss dans le rétroviseur, je le foudroie sans baisser les yeux, jusqu'à ce qu'il lâche, et reprenne son attention sur la route.

Je regarde par la fenêtre et repars dans mes pensées, dans mon autre moi !

Marie me tape sur la main, fais oui avec la tête et des gros yeux. Joss m'a parlé et je n'ai pas entendu, du moins je n'ai pas écouté, il me regarde dans son rétro je croise son regard  

...... Alors ma douce qu'en penses-tu ?  

...... Oui c’est bien !  

Je vois qu'il a un regard narquois. Je me tourne vers Marie, qui me fait signe qu'on a rendez-vous à 14h à la maison. Joss a vu ce que me disait Marie, il fronce les sourcils. Il a compris que je n'avais pas écouter. Qu'il aille se faire foutre !

On arrive chez Marie.  

La cheminée a été allumée par les gens qui s'occupent de la maison quand Phil et Marie sont absents 

Les gars vont dans la cuisine avec Marie. Je me plante devant la cheminée les mains dans mes poches de jeans. Je pars, dans mes pensées. Je pars loin.

Il ne faut rien que je dise, il faut juste que je réponde quand on me parle. Je suis perdue, devant cette cheminée en pleines pensées, quand d'un coup je sens mon bras emprisonné. Je fais demi-tour sur moi-même. C'est Phil, il m'attrape la mâchoire inférieure et appuie sur mes joues. Il me toise, son regard n'a pas de colère, ses yeux sont tout simplement tristes.  

.........Alex ! Arrête de faire la tronche, on s'expliquera quand tu veux. Mais ne gâche pas tout ! Viens t'asseoir avec nous et participe à la conversation. C'est pour toi, c'est pour vous que nous sommes là. Notre amitié doit être plus forte !

Je le toise froidement ......... Lâche-moi immédiatement !

Joss et Marie sont assis je ne les ai même pas vu, même pas entendu. Marie est en face de Joss, je suis donc obligée de m'asseoir à côté de lui. Toute façon lui ou Phil pour moi c'est la même.

Philippe à blêmi.

Nous mangeons le repas préparé par les gens. J’emmène la pile d’assiettes, la pose sur la paillasse de l’évier et m’assois pour fumer une cigarette. Les mecs restent à table à discuter.  

...... Détends toi Alex, tu vas plomber le week-end et ça va te retomber dessus !  

Je ne réponds pas, on amène le café, les mecs sont installés côté salon.  

Je m'assois sur le canapé à côté de Joss, en laissant un peu de place entre nous, qu'il ne prenne pas ma main. J'allume une clope et bois mon café. Phil parle avec Marie et Joss, j'écoute comme je peux, la conversation ne m'intéresse pas spécialement.

Joss regarde sa montre. ......... C'est l'heure mes amis. Allons-y.

Il entoure mes épaules de son bras et m’attire à lui. .......Comment vas-tu ma douce ?   

Je me dégage, sans répondre.  Nous voilà en voiture. En dix minutes à peine, on arrive devant la maison.

Une voiture coupé sport rouge est garée sur le large trottoir devant les grilles de la propriété.

Une blonde très certainement décolorée, en descend et s'approche de nous, elle regarde Phil et Joss. Demande Monsieur Gaussien de la Maleverne. Joss s'avance, elle lui sert la main et nous adresse juste un signe de tête. D'emblée elle se met à côté de lui et commence une série de chichis, elle lui donne du Oh cher Monsieur, bien sûr Monsieur Gaussien de la Maleverne

Je sens mon pouls s’accélérer. ‘’Pôv conne, tu as cru qu'il était tout seul ?’’

Marie, qui me regarde, me fait les gros yeux. La blonde ouvre le portail, nous sommes dans une grande et large allée bordée de beaux sapins bleus. On remonte cette allée qui fait au moins trente mètres de long. Elle ouvre une lourde porte de chêne, on se trouve dans une immense entrée mais quand je dis immense c'est immense, elle fait au moins 50m², en face de la porte d'entrée un escalier colossal tout vieux, en bois foncé presque noir. A droite de cet escalier, une double porte battante en bois. De la porte d'entrée à droite trois portes, la blondasse nous emmène à la première porte, de sa voix suave,

La blonde.........  Alors Monsieur Gaussien de la Maleverne, vous avez ici le bureau.

Des boiseries foncées habillent les murs, la pièce est vide de meuble. Par terre un parquet qui aurait pu être beau, mais qui est tâché et encrassé. La pièce est immense.

La deuxième porte..........Monsieur Gaussien de la Maleverne, je vous présente la bibliothèque.

Des casiers des étagères tout autour de la pièce au milieu des fauteuils et vieux canapés tout avachis d'un tissu en velours qui ont dû être dans une vie antérieure marron foncé et moutarde,

La troisième porte .........Monsieur Gaussien de la Maleverne, voici le petit salon.

Pfft un petit salon, d'au moins 30m², dans l'angle une vieille cheminée avec dessus un marbre fendu

Nous nous dirigeons vers la double porte battante à droite de l'escalier, c'est une immense cuisine mais quand je dis immense c'est vraiment immense. Une grande cheminée ou on pourrait mettre un mouton entier. Sur le grand pan de mur face à la porte quatre vieilles gazinières à bois, deux grandes pierres à évier, au milieu une grande table de ferme qui fait au moins trois mètres de long, dessus, des vieilles gamelles, des casseroles en cuivre.

On ressort, à gauche de entrée une double porte avec les poignées à hauteur de poitrine. Une espèce de pièce carrée avec deux doubles portes en face de la porte qu'on vient de passer, et deux doubles portes en face des autres

Nous commençons par la double-porte en face de celle qu'on vient de passer

La blonde ...... Je vous présente Monsieur Gaussien de la Maleverne, la grande salle à manger.

Ah bah pour être grande elle est grande ! Je souris en me disant "Oh putain, dans la cheminée on cuit carrément une vache. Pas de meuble rien, par terre un parquet aussi encrassé que les autres. Je suis sûre qu'on tient au moins à cinquante personnes sans se gêner. La double porte à côté c’est le grand salon.

J'ai trop envie de rire, tout est démesuré dans cette baraque.

On ressort. La fille de l'agence ........Alors là Monsieur Gaussien de la Maleverne, je vous présente le clou de cette visite, la salle de bal

Elle ouvre en grand les doubles portes, on se retrouve dans une pièce de pas moins de 30 m de long sur 5 m de large. Des grandes fenêtres à petits carreaux, donnent sur le parc derrière. La pièce est claire

La blonde est près de Jocelyn, sa main sur son bras.

"Je vais la charter celle-là. Elle commence à me faire chier à le coller comme ça, à lui donner à tout bout de champ du Monsieur Gaussien de la Maleverne. Même pas elle s'occupe de nous, on est inexistants. Elle est là, la bouche ouverte en bouffant Jocelyn du regard. Elle se voit dans ses bras en train de danser ou quoi. ? Elle est cinglée, elle n’a pas la lumière à tous les étages cette conne !"

Marie, s'approche de moi discrètement ........  Alex, reviens avec nous, Jocelyn te parle !

Je tourne mon regard vers Joss, qui croise le mien, il a les sourcils froncés, je lui lance un regard chargé de colère

Il regarde la fille de l'agence et lui dit d'un ton sec. ..........Continuons !
La grognasse se ressaisit et de sa voix de merde......... " Oui bien sûr cher Monsieur Gaussien de la Maleverne"

Alors que je vais pour sortir de la pièce, Phil passe son bras autour de mes épaules. Je le regarde interrogative

Phil ...... Petit chat, oublie ton ressenti, essaie d'être un peu plus avec Jocelyn. Il est tout seul là !

Je souris ironique .... Mais non ! Tu as mal vu, il est avec une blonde qui ne rêve que de se faire allonger ! 

Phil .... Si tu étais au bras de Joss, elle baisserait ses yeux

Il me parle doucement, gentiment.

Je retiens mes larmes......... Inutile, il n’a pas besoin de moi.

Sans me lâcher, Phil m’entraine vers ce grand escalier. Nous montons rejoindre les autres. Ils sont dans une chambre. La blonde me dévisage, un léger sourire aux lèvres, et reporte direct son regard de merde, sur Joss.

La chambre, une pièce aux dimensions normales. Allez, on dit 15 m² avec une porte sur la droite. Elle ouvre la porte du milieu une salle de bains avec un lavabo à colonne, l'émail est tout gris tout vieux. Une baignoire au milieu sur pied qui se finit comme des griffes de lion, sur le mur de gauche comme sur le mur de droite une porte.

Pensée ....... "Oh vachement pratique la femme de la chambre de gauche est dans son bain, le mec de la chambre de droite rentre se raser" Je souris en moi-même, une salle de bains pour deux chambres ! 

La blonde.........Voulez-vous voir toutes les chambres Monsieur Gaussien de la Maleverne ?  

Avant que Jocelyn ait le temps de répondre, elle se dirige à gauche du couloir. Et comme pour bien faire durer le plaisir elle ouvre toutes les portes. C'est moche ça pue le renfermé. Les papiers peints tombent à moitié en lambeaux.

Pfft ça me donne la chair de poule. Au bout du couloir, un autre escalier que l'on descend on se retrouve dans une petite pièce donnant dans la cuisine, qu'on n’a pas vu tout à l'heure.

On sort, et reprenons l'allée du jardin. Enfin je devrais dire du "parc" Arrivée près de la grille, je m'aperçois qu'il y a une ouverture dans les sapins. A droite une petite maison qui pourrait être mignonne, si elle n’avait pas un crépit gris

Je demande........... C'est quoi cette maison ?

La blonde se retourne et d'un air hautain en me fusillant du regard. .......C'est la maison des gardiens !

Elle me répond, comme si j'étais une demeurée. Je sens mon pouls s'accélérer, je pique mon fard, sous le coup de la colère qui monte.  Je sens que je vais me la faire. Je vais lui fermer sa bouche à cette conne.

Marie me prend le bras.  ......... Relax Alex !

Phil me regarde et me fais un petit clin d'œil, je sais qu'il a vu, que là il s'est rendu-compte, que ce n’'est pas moi qui fout la merde. 

La blonde s'adresse à Joss tout en faisant des mimiques en roulant ses yeux en mettant sa bouche en O, en repoussant ses cheveux. Elle s'est prise pour Dalida ou quoi ? 

La blonde ......... Nous allons à l'agence Monsieur de la Maleverne ?

Joss sans se départir de ce ton froid ............ Nous vous suivons !

On remonte en voiture, Joss ne me quitte pas du regard. Je le sens songeur et moitié agacé, je m'en fou. Je regarde la route. On se gare, et entrons dans l'agence

Une fille au téléphone, nous fait un signe de tête avec un grand sourire, la blonde nous emmène dans un bureau elle place deux chaises sur le côté du bureau et replace bien droites deux autres chaises devant. Elle fait le tour, regarde Joss lui prie de s'asseoir et s'aperçoit enfin qu'il y a une femme qui doit aller à côté de lui.

Elle regarde Marie, me regarde, elle ne sait pas à qui elle doit s'adresser. Marie me pousse du coude. J'attends, je ne bouge pas. 

La blonde sourit à Marie, enfin je dirais plutôt qu'elle lui fait un rictus. Au fond de moi, je me marre. Elle est bien dans la merde là. Elle se rend compte qu’accaparer à draguer Joss, elle n'a prêté aucune attention à la femme qui pourrait l'accompagner.  En s'adressant ni à Marie, ni à moi

La blonde ....... Madame Gaussien de la Maleverne, si vous voulez bien prendre place.

Je la regarde bien droit dans les yeux, et en souriant ironiquement.

...... Alors la petite ou la grande ? La blonde ou la brune ?

Ses yeux se posent sur moi, me lancent des éclairs, et sans attendre sa réponse, je vais m'asseoir à côté de Joss. La blonde je ne sais pas ce qu'elle pense, mais en tout cas, elle devient rouge écarlate.

Avec un grand sourire je la toise bien, en enlevant mon manteau. Joss m'aide et le met à cheval sur le dossier de sa chaise. Il fait super chaud dans cette pièce ou alors je suis énervée je n'en sais rien, mais en tout cas je bous.

La blondasse détoure le regard et m'ignore totalement ne s'adressant qu'à Jocelyn

La blonde........ Comme je vous l'ai dit monsieur Gaussien de la Maleverne, toutes les toitures sont neuves, il y a quelques travaux de rafraichissement à faire, je vous l’accorde, mais l'important est de laisser cette maison dans son jus. De lui garder son caractère. La salle de bal est magnifique, n'est-ce pas ? 

Joss, ne s'occupe pas d'elle, il se tourne vers moi et me demande ce que je pense de cette maison.

...... C'est une maison spacieuse, certes, même un peu trop. Mais il y a quand même beaucoup de travaux, rien que le chauffage central, je n'en ai vu nulle part

La blonde avec un ricanement de cruche. .........Oui bien sûr il faudrait installer le chauffage central, si vous voulez y séjourner en hiver.

Je la regarde. Non ! Je la fusille des yeux. En me tournant sur Jocelyn, je demande ironiquement si on l'achète juste pour un mois d'été ?

Il a un sourire moqueur. ..... Ma douce non ! Nous y viendrons certainement au printemps et même en hiver. Que penses-tu de cette maison alors ?

La blonde est en train de prier que je dise oui on la prend. Elle voit sa commission elle se dit " Merde il y a sa bonne femme’’

Elle sait par expérience du métier que souvent c'est femme qui décide. Elle me fait un rictus en guise de sourire.

...... On ne peut pas décider comme ça. Ce n'est pas une baguette de pain. Je pense que ça demande réflexion. A part visiter les dix même chambres, on n’a pas vu ni les dépendances, ni la maison des gardiens, encore moins le parc. A priori ça n’intéressait pas madame de nous les montrer, il était plus captivant de stagner dans la salle de bal ! Je sais qu'il va être l'heure de la fermeture, et que Madame est pressée d’expédier les clients, mais nous ne pouvons pas nous arrêter sur ces considérations !

Je fais exprès de bien peser mes mots. Volontairement je la mets en porte-à-faux. La blondasse pique son fard.

 "Hé oui ma conne la prochaine fois tu feras attention !"

Joss ....... Oui tu as raison, veux-tu que nous revenions la visiter ?

 ....... Je pense que oui, on ne peut pas tout voir comme ça en deux heures !

Joss se tourne vers la blonde ...........  Programmons une visite avant notre départ de mardi 

La blonde consulte un grand agenda. Avec un sourire en regardant Jocelyn bien dans les yeux. ......... Je peux vous proposer mardi matin, en décalant un autre rendez-vous.

Joss .... Lundi, ce n’est pas possible ?

La blonde. ....... Nous sommes fermés le dimanche et le lundi.

Jocelyn me regarde en fronçant les sourcils ......... Peux-tu poser des jours ?

J’ai envie de rire, je garde mon sérieux et réponds avec une voix mielleuse .... Si pour vendre une telle propriété, madame ne peut pas faire l’effort de travailler lundi, je ne peux pas non plus gâcher mes jours de congés, pour une maison que nous ne pouvons même pas visiter comme on l’entend. C’est nous les clients ou pas ?

Elle est livide, elle sait qu’elle a perdu, que je ne vais pas pousser à l’achat.

Joss enfonce son regard dans celui de la blondasse.  ..... Mettez-nous un rendez-vous lundi matin !

Elle vient de dire qu'ils sont fermés, mais lui il s'en tape comme de sa première chemise, il a décidé, donc faut qu'elle se démerde ! En moi je jubile, bien fait pour ta tronche espèce de blondasse, connasse.

La blonde ......... Oh mais bien sûr cher Monsieur, retrouvons-nous à la propriété lundi matin vers 10h.

J’ai envie de l’emmerder jusqu’au bout, suavement je relève. .......... Si nous venons à 10 heures, ça fera comme cet après-midi, nous ne pourrons pas tout voir.

Joss ....... Oui, tu as raison mon ange.

Se tournant vers la blonde ............ Disons lundi 9 heures

Avec son grand sourire de merde, son rouge à lèvre qui fait vulgaire. Dans sa tête de conne, elle se dit "Oh chouette je vais le revoir lundi "Mais pôv fille, tu crois que je ne serais pas là, que je vais le laisser tout seul avec toi. T'as fumé ou quoi ?’’

La blonde........ Oui Monsieur Gaussien de la Maleverne. C'est noté

Joss se tourne vers moi et me demande doucement ............Ça te va mon amour ?

.........Oui, en espérant voir ce qu’on demande, sans déranger !

Je suis contente de moi. Cette blondasse, elle restera à sa place la prochaine fois. Et surtout elle fera attention aux personnes qu'elle reçoit !

Joss se lève signalant que l'entretien est fini, il m'aide à enfiler mon manteau. La blonde fait le tour de son bureau, nous raccompagne à la porte sert la main de Joss, me sert la main

Pouah sa poignée de main est molle, et avec des grands sourires ............ A lundi, messieurs, mesdames.

On remonte en voiture et retournons chez Phil et Marie. Il est dix-sept heures passées. Joss a toujours les sourcils froncés il me regarde songeur.

Phil remet une bûche dans la cheminée, les gars se mettent au salon, avec Marie nous allons à la cuisine faire du café J’en profite pour fumer une cigarette, elle me sourit, et me dit taquine

........ Oh Alex !

Légèrement énervée je lance un ....... Quoi ? 

........ Tu ne peux pas empêcher les filles de regarder Joss, ça ne sert à rien de faire cette tête !

....... Attends si elle avait pu se pendre à lui, elle ne se serait pas gênée

....... Il regarde mais il ne touche pas, et en plus il ne regarde que toi, ne voit que toi  

Je sors de la cuisine en haussant les épaules. Les gars sont en train de parler de cette maison. Je m'assois à côté de Joss, qui passe direct son bras autour de mes épaules et m'attire près de lui. ........  Tout va bien ?

....... Oui

Phil me regarde en coin, ils ont bien vu que j'étais encore énervée, je prends sur moi, et participe à la conversation en disant qu’elle est moche et triste cette maison

Phil ........ C'est vrai mon p'ti chat, mais comme dit Joss, une fois réaménagée, et modernisée, ça fera une belle demeure.

Je m'évade, je pars je me vois dans cette vieille demeure avec le papier de la chambre qui est en lambeau, la baignoire toute ébréchée, j'ai froid

Joss ......... Qu'en penses-tu ma douce ?

Oh zut, je n'ai rien écouté, je n’ai pas entendu. Marie en face de moi me fait signe avec ses yeux "oui"

 ...... Heu bah oui !

....... Bien on va faire comme ça ! Peux-tu prendre quelques jours, nous reviendrons, et verrons tout ça sur place avec lui !

Se tournant vers Marie ......... Et toi ma grande ? 

Marie en riant........ Hou-là-là faut que je demande à ma responsable de bureau !

......... T'es bête !

Marie sourit ......... Du coup vu l'heure, je ne sais pas ce que je vais vous faire à dîner

Joss ...... Téléphone à l'auberge, ou sur le port et retiens une table

Phil se lève va chercher son portable, et téléphone, il regarde Joss et lui demande pour quelle heure, Joss regarde sa montre

Joss..........  Vingt heures, ça nous laisse encore un peu de temps !

Et voilà Dieu a parlé, a décidé, même Philippe lui demande et attend les ordres du grand manitou. Lui la grande gueule pour me foutre des baffes dans la bouche. J'ai trop envie de rire !

Au restaurant, les conversations ne tournent qu’autour de cette baraque. Nous rentrons, vers vingt-trois heures. Cette journée m’a épuisé.

Je passe vite fait à la salle d'eau, enfile ma nuisette, me glisse dans les draps, j'ai moitié mal au crâne

Jocelyn arrive, il est en caleçon, torse nu. Il me prend dans ses bras. ........ Ma douce ?

 ....... Oui ?

..... Il n'y a pas suffisamment de place dans mon lit !

Je ne comprends pas pourquoi il me dit ça ............ Pourquoi ?

....... Pour y mettre toutes ces femmes qui posent leur regard sur moi !

..... Pourquoi tu me dis ça ?

Moqueur il m’explique...... Si tu avais pu arracher les yeux de cette pauvre fille, tu l'aurais fait.

.........Attends on est quatre, elle voit que toi.

...... Je reconnais, qu'elle a manqué de professionnalisme, elle aurait du s’enquérir de qui m’accompagnait

En parlant il caresse mon ventre, monte au sein, descend à la naissance de mon intimité

...... Oh Joss non je voudrais dormir, j'ai moitié mal au crâne.

Je vois qu'il s'assombrit, d'un coup ses mâchoires se crispent.

 " Merde qu'est-ce que j'ai dit ? "

Quand brutalement il me prend d’un coup. J'ai une crispation, il me fait mal en me pénétrant. Je ne comprends rien. Son mouvement est brusque, ses coups de reins sont profonds, une douleur me vrille le bas du ventre. J'essaie de le repousser mais je n'ai pas assez de force. Il se vide en moi, roule sur le côté, éteint la lumière, met ses mains sous sa nuque, et ne bouge pas

J'ai les larmes aux yeux, je suis en colère, et sans réfléchir, sans prendre le temps de peser mes mots

........ T'es qu'un pauvre connard

Il rallume la lumière, se met sur un coude, la tête dans sa main, de l'autre main, me force à me tourner vers lui, il attrape mes cheveux m'oblige à le regarder dans les yeux

....... Sache, que tu ne te refuseras pas à moi. Et même si après une fessée, j'ai envie de toi, nous ferons l'amour. Je t'informe pour la énième fois, que je n'accepte pas tes insultes à mon encontre. Le connard te fessera en rentrant lundi soir

Il me lâche, éteint la lumière, et se remet sur le dos, Je me tourne au bord du lit, mes larmes coulent en silence, je m'endors comme ça.

Dimanche j'évite Jocelyn le plus possible, je ne parle presque pas, je suis sur mes gardes, Marie voit bien que quelque chose ne tourne pas rond. Chaque fois que mon regard se pose sur Joss, j'ai les yeux pleins de colère.

Le lundi nous revisitons, la blondasse est bien évidemment collée à Joss. Au milieu du hall d'entrée, il m'attrape par les épaules et ne me lâche plus durant toute la visite Je sens sa main sur le haut de mon bras qui me serre, pour ne pas que je me dégage.

La maison du gardien est un beau et grand trois pièces, il y a un grand cabinet de toilette, un lavabo sur colonne et un bidet même pas de douche ou de baignoire

Pensée ...... Bah c'est bien la peine qu'elle soit si grande cette salle de bain, s’il n’y a rien pour se laver ! Dedans c'est vieux et ça pue aussi. Le parc est immense et envahi de hautes herbes.

En rentrant nous grignotons de charcuterie, fromage et fruits.

Les gars parlent de travaux, d'aménagement, Marie prend part aussi à la conversation, je m'évade ailleurs, nulle part en fait. Je repense à la nuit de samedi. J'entends vaguement parler de Michel, je me demande ce qu'il vient faire dans cette conversation.

Joss me regarde interrogateur, vois que je ne réponds pas, il continue sa conversation avec Phil et Marie

Nous repartons pour Paris dans une ambiance tendue

7 février 2003

Intolérance

En nous couchant, Jocelyn me prend dans ses bras, silencieux d’abord, il finit par me parler d’une voix morne, des détails de sa vie, de ses parents, de cette sœur, âgée d’à peine une année de plus que lui, des parents de Phil, de leur gentillesse envers ce jeune homme renfermé.

La famille Dabarino est pour lui la famille qu’il n’a jamais eue.

Je l’écoute sans l’interrompre. Cependant, j’ai maintenant une énorme rancœur envers Philippe. Il a tué cette forte amitié, cette affection fraternelle entre nous.

En arrivant au travail, je passe par le bureau de mon directeur, savoir si pour la semaine il a des particularités à me signaler

On papote un peu. C'est un bon directeur, quand il ne pique pas une colère ! (Sourire). 

 ........ Comment allez-vous Alexandrine ?

.......Bien monsieur pourquoi ?

...... Je vous ai senti très tendue ces derniers temps, des problèmes avec votre fille ?

...... Non Monsieur, c’est une gentille gamine.

En souriant ......Un amoureux pas sage ?

J'éclate de rire ........... Voilà c'est un peu ça !

Il me tend une chemise cartonnée. ......... Bon voilà pour la semaine et la prochaine.

Il m’explique les dossiers importants, m’apprend qu’il part en vacances et que j’ai le service à ma charge. 

..... Monsieur Brandon, si j'avais besoin d'une journée, je fais comment ?

......... Voyez si personne ne manque, et prenez votre journée. Je signerai votre feuille en rentrant.

 .... Même Marie ? 

Lui en souriant ...... Je sais bien, que si l'une prend une journée, il la faut à l'autre. 

Je ris, lui serre la main, en lui souhaitant de bonnes vacances 

Au bureau, Marie est déjà là. Elle a fait le café et feuillette son journal. Elle me dit bonjour, je m'approche pour lui faire la bise

.........Je suis désolée Alex, pour ce week-end, je ne pensais pas Phil autant en colère. Je pensais qu’il allait juste te passer un savon.

......Pas grave, tu n'es pas responsable de ton ours mal léché

Je vois Marie se décontractée un peu

...... ...Marie quand tu me parles des fois ça ne me plait pas toujours, mais tu n'as jamais été insultante avec moi. Ton mari a dépassé les bornes. Mais ce n'est pas à toi que j'en veux. Allez t'inquiètes pas !

Je lui sers son café, prends le mien et vais m'asseoir à ma table de travail. Je lui parle comme si rien ne s'était passé. Elle me fait un petit sourire, pour moi tout va bien, malgré le ressenti que j’éprouve. Elle non plus n’a rien fait pour arrêter son connard de mec.

Nous sommes huit heures dans le même bureau, voir dix si nous comptons le repas du midi, je ne vais pas lui faire la gueule, au risque que l’ambiance soit pourrie. Mais il est certain que je vais rester très prudente avec elle aussi.

Semblant de rien, elle me parle de Jocelyn, m’aide à voir clair, me fait faire mon mea culpa, me fait reconnaitre que c’est toujours de ma faute si Jocelyn en arrive aux extrêmes.

Je reconnais tout ce qu’elle veut, que Jocelyn est un homme extraordinaire, chaleureux avec les gens, qu’il se met à la portée de tout le monde, qu’il reste simple malgré son éducation et son instruction, que tout le monde l’adore, même ses employés.

Je l’écoute tout en fumant, je ne l’interrompe pas, tout en gardant mes pensées. Je reconnais qu’il est aimant, super amant mais patient, non, je ne peux pas dire ça. En tout cas pas envers moi.

Marie m’explique que quand mama l'a connu, c'était un jeune homme, complétement introverti. Il s’est construit seul. Il est certes inflexible avec les autres, mais surtout avec lui. Il va toujours au fond des choses. C'est à leurs côtés, dans cette famille si chaleureuse, qu'il a appris à s'ouvrir, à rire, à vivre.

Je fais en sorte de prendre énormément sur moi. J’ai découvert et suis persuadée aimer Jocelyn. Pas pour ce qu'il représente, non ! Mais pour ce qu'il est. J'aime l'homme.

Est-ce les confidences de Marie qui m’ont aidées à voir clair en moi ? Je ne saurais le dire

Cette semaine est idyllique, enfin avec Jocelyn nous nous trouvons sur la même longueur d’onde. Nous arrivons à parler sans nous disputer. Je reste calme et essaie d’approfondir sans monter au créneau. Nous avons de longues conversations, blottis dans les bras l’un de l’autre.

J'arrive à lui dire des petits mots gentils. Des mots tendres, des mots d'amour. Nous avons trouvé une complicité amoureuse.

Ce jeudi, je rentre à 17h10.  Flavia est en train de nettoyer le miroir de l'entrée. Je lui serre la main, et lui demande si elle va bien, j'enlève mes chaussures, et comme d'habitude les laisse devant les portes du placard, je pose mon sac, et vais à la cuisine, servir deux verres de jus de fruit. Je suis sûre que Flavia ne boit même pas un verre d'eau dans la journée.  Je lui en tends un et m'assois en la regardant s'atteler à sa tâche. C'est devenu un peu une tradition quand je rentre, je lui offre un rafraichissement, comme ça je lui pose des questions sur sa journée.

Elle vient s'asseoir, pour boire son verre avec moi. Elle a pris de l'assurance et ça me plait bien.

........Alors Flavia, comment ça va.

J'entame toujours un peu comme ça. Elle se livre un peu plus. Nous nous entendons bien. 

...... Je remercie Madame, je vais bien.

 "Hé oui ! Elle m'appelle toujours Madame, mais bon tant pis. Je m'y suis faite."

...... Rien de spécial ?

......Monsieur a demandé que je vois avec Madame dorénavant pour les menus.

...... Comment ça ?

........Monsieur a dit, que Madame devait me dire les repas

..... Flavia vous cuisinez très bien ! Du moment que vous ne faites pas de salsifis tout va bien. Continuez comme avant, sauf si j'ai envie d'un plat spécial, alors je vous le dirais.

...... Je remercie Madame.

...... Ne vous inquiétez pas

On continue de papoter cinq bonnes minutes. Elle finit son verre, se lève et le range, je retourne dans l'entrée pour prendre mes cigarettes dans mon sac. Je vois qu'elle a rangé mes chaussures. Je retourne à la cuisine

....... Flavia, il ne faut pas ranger mes affaires comme ça derrière moi, vous n'êtes pas ma bonne

......Monsieur me paie pour ça Madame

....... Non Flavia ! Joss vous paie, pour tenir propre l'appartement, et faire les repas, il ne vous paie pas pour me servir de bonne. Mes chaussures je les range toute seule !

Avec un grand sourire..............D'accord Flavia ?

.......Madame est une gentille patronne, je suis contente que Monsieur ait rencontré Madame.

Je vois comme une petite larme dans ses yeux. Je me penche et lui fais un gros bisou sur la joue, elle rosit de plaisir.

Brave femme qui à quelques années près, à l'âge de ma maman !

Jocelyn arrive, oui maintenant il s'oblige à rentrer aux alentours de 17h 30 voire 18h au plus tard, sinon il me téléphone. Marie m'a dit qu'avant il rentrait chez lui vers 23h et même plus. Des fois pas du tout, il dormait chez eux

Je viens juste d'éteindre ma cigarette, je fais attention de moins fumer, il vient m'enlacer et m'embrasse tendrement

...... Tu vas bien ma douce ?

...... Oui mon chéri et toi ?

Il dit bonsoir à Flavia, elle engage une conversation à toute vitesse, les yeux baissés. Ça fait plusieurs fois que je remarque ça. Quand elle s'adresse à Joss, elle baisse les yeux.

Il me regarde et fronce les sourcils. Comme je ne comprends pas ce qu'ils disent, je regarde Joss avec mon air d'abrutie.

Je vais dans le bureau allume mon pc et regarde mes mails. Il me rejoint, je lui demande s’il veut être tranquille. Des fois il a des coups de téléphone à passer. 

...... Non mon ange, je te l'ai déjà dit, tu ne me déranges pas !

......Joss, heu,

Il me regarde et me souris ......... Que veux-tu ma toute belle ?

..... Heu, je peux savoir ce que disait Flavia ?

........ Bien sûr !

Il sourit ....... ''Madame a confiance, Madame demande que je continue à faire les repas comme avant, Madame est satisfaite de ma cuisine '' ...........Voilà ma douce !

........ Et toi tu lui as dit quoi alors ?

Il éclate de rire ....... Je lui ai dit qu'elle avait de la chance d'avoir Madame comme patronne

La soirée se passe tranquillement, nous regardons un peu la télé tout en discutant. Nous allons nous coucher !

Généralement le vendredi matin, au bureau, on bosse et l'après-midi, on fait un peu relâche.  On a toujours fait comme ça, je ne vois pas pourquoi ça changerait. Donc ce vendredi midi j'invite Marie à déjeuner dans un petit resto. On discute tout en mangeant,  je lui demande si elle pensé aux grilles de mots croisés pour l'après-midi.

........ Non je n'en ai pas pris, je ne pensais pas que tu serais d'accord !

..... Ah bon et pourquoi ?

Je sens Marie gênée. Elle hausse les épaules sans répondre

...... Je ne vois pas pourquoi ! Depuis 10 ans on fonctionne comme ça. Pourquoi ça changerait subitement ? 

Du coup, on discute de cette engueulade que j'ai eu avec son mari. J'ai bien senti que toute la semaine, elle n'était pas trop bien.

........ Mais Marie ! Mets-toi dans le crâne que je ne t'en veux pas. Ce n'est pas après toi que je suis énervée. Alors tu vois il n’y a pas que moi qui n’écoute pas  

On rentre au bureau, du coup après le café, nous papotons de sujets anodins. Mon téléphone sonne, sur l’écran le numéro de portable de Jocelyn s’affiche

..... Coucou l’homme !

Je sens son sourire dans sa voix ....... Coucou ma douce !

......... Tu as mangé ?

...... Je vais y aller

On parle un peu comme ça, et d'un coup il me demande

....... Dit mon ange, tu te rappelles que ce week-end nous allons visiter la maison ?

Oh merde ! Ça m'était complétement sorti de la tête. Ça veut dire que je vais me retrouver avec Phil et je n'ai pas mais alors pas du tout envie !

.......... Heu bah heu !

........Que se passe -t'il ma douce ? 

......... Heu bah heu ! Non rien.

........ Qu'est ce qui ne vas pas ? Tu ne veux plus ?

.........  Heu ... Si bien sûr. On part quand ?

........ Demain matin, comme c'est prévu.

........ On dort où ?

......... Chez nos amis, comme d'habitude.

......... Alors c'est sans moi ! Bisous à ce soir

........ Comment ça sans toi ? Discutons-en ce soir !

........Oui d'accord à tout à l'heure

On raccroche. Je sais que Marie, a entendu mon trouble et qu'elle attend que j'en parle

.......Marie, tu te rappelais qu'on venait chez vous ce week-end

......... Bah oui pourquoi ?

......Heu, me retrouver avec Philippe si tôt, ce n'est pas le pied

Marie rigole comme j'aime, je sais qu'elle est bien, elle a retrouvé aussi sa joie, tous nuages entre nous sont partis

...... Mais non ça y est Phil t'a dit ce qu'il avait à dire, il ne t'en reparlera pas.

........ Lui a peut-être oublié, mais pas moi. 

Marie me regarde, elle ne sait pas quoi penser. .... Je ne sais pas quoi te dire, ma chérie. Je ne sais pas quoi faire du coup. Veux-tu que je téléphone à Phil ?

Je secoue la tête ...... Pour quoi faire ? Ça ne changera pas mon envie de ne pas vouloir le voir et ça n’enlèvera pas ce qu’il a fait.

........ Alors on vient ou pas ?

....... Vous faites ce que vous voulez, mais une chose est sûre, je ne mangerai et ne dormirai pas chez toi. 

Marie, est contrariée. Elle me fixe de son regard bleu, tout triste. 

...... Bon ma chérie, moi j'y vais. J'ai mon sac à préparer, et je veux voir ça avec Joss ! Au cas où vous ne viendriez pas, ne t'inquiète pas pour tes jours posés. Je te les recréditerais, si tu viens bosser !

..... Je m'en moque de mes jours. Je suis mal à l'aise, je suis au milieu de vous deux. 

....... Tu es et resteras mon amie, mais ton mari a cassé quelque chose en moi. Ça sera dur de revenir comme avant.

Elle hausse les épaules en signe d'impuissance. Je lui fais la bise et m'en vais !

Il est à peine seize heures trente quand je rentre. Je vais directement à la cuisine

....... Bonjour Flavia, ça va ?

......... Bonjour Madame. Oui Madame merci  

Je sors deux verres du placard, ouvre le frigo, je sais que Flavia a fait ou du jus de fruit frais pressé ou de la limonade.

........ Si Madame veut bien aller voir la chambre d'amis et me dire si ça convient à Madame

......... La chambre d'amis ? vous avez fait la chambre d'amis ?

Depuis que ma fille est repartie en internat, le lit est défait les couvertures sont sous housses.

........ Monsieur m'a demandé de faire la chambre d'amis  

........ Mons ........  Heu. ..... Jocelyn est là ?

A force d'entendre Flavia appelé Jocelyn Monsieur, je commence à faire pareil (Sourire)

......... Oui Madame Monsieur était là quand je suis arrivée, Monsieur est dans son bureau

Du coup je pose les verres et vais dans le bureau, je ne frappe plus sauf si je l'entends au téléphone

Joss lève la tête de ses paperasses en entendant la porte s'ouvrir, je l'embrasse et m'assois en face de lui.

Il me sourit ….... Ma douce te voilà rentrer !

........ Oui j'aurais pu être là avant mais j’avais un dossier à finir, et toi comment ça se fait que tu sois déjà là ?

 ...... Il me fallait rentrer. J'ai demandé à Flavia de préparer la chambre

J'ai le cœur qui bat. Ça y est Choupette va rentrer un petit week-end ou peut être des petites vacances.

......... Tu l'as fait préparer pour qui ?

.......Philippe et Marie, viennent manger ce soir, ils dorment là, nous partirons demain matin avec une seule voiture

Je change de tête, je me sens pâlir, et je sens la colère monter en moi.

Non seulement Marie ne m'a rien dit, après lui avoir expliqué que je ne voulais pas voir son mec. Mais voilà il décide encore sans me prévenir, et me met devant le fait accompli. Je me sens trahie. Encore une fois il n’a pas pris en considération mon avis.

........  Je te sens contrariée !

...... Tu n'as pas compris ce que je t'ai dit au téléphone ou quoi ? 

....... J'ai parfaitement compris ma douce, mais je pense qu'une conversation avec Philippe est nécessaire

........ Je n'ai rien à lui dire, je ne veux pas le voir plus que nécessaire. Si tu tiens à ce qu'ils viennent avec nous, je ferais avec, mais il est hors de question que je passe mon week-end avec lui et chez lui !

Je sens la colère monter. Elle est là, au bord de mes lèvres. Mon pouls s'est accéléré. J'essaie de respirer à fond. Il ne faut pas que j'explose !

..... Mon ange. C'est une histoire classée, ne revenons pas dessus. En les faisant venir ce soir, nous pourrons discuter, qu'en penses-tu ?

....... Bien ! Puisque tu as tout géré comme d'hab, il n’y a pas à discuter. Vu que mon avis ne t'intéresse pas, n'en parlons plus !

Je sors du bureau, en fermant brusquement la porte. J'ai le cœur au bord de l'explosion tellement il bat vite.

En passant devant la cuisine, je demande à la brave femme ........... Vous avez fait le dîner pour ce soir ?

.......Oui Madame pour quatre personnes comme Monsieur me l'a demandé

....... Merci Flavia !

Je sors de la cuisine, passe dans l'entrée chercher mes clopes et vais dans le salon j'allume la télé sur une émission à la con, je fume 2 clopes coup sur coup ! 

Et voilà, on est reparti à zéro, je couche avec lui, mais il dirige tout, sans jamais rien me dire. Sans s'occuper de ce que je pense, ou ce que je veux.

Ah si ! il m'a dit.... "Tu veux visiter la maison ? " En réalité, ça veut dire on va visiter la maison parce que je veux l'acheter ! Il décide et me met devant le fait accompli, demandant en souriant ....  "Ça te va ma douce ? " Même si je dis ça ne me va pas, ça change quoi ? hein ? La preuve encore là pour Philippe. Il a décidé que nous irions tous ensemble. Que ça me plaise ou pas, on ira ensemble !

Il s'adresse à Flavia toujours en espagnol comme ça je ne pige rien. Après il peut bien me raconter ce qu'il veut. J'ai aucun moyen de savoir si c'est vrai.

J'essaie de me rappeler à quelle heure il m'a téléphoné, il n'avait pas mangé et nous avec Marie on revenait, donc il était entre midi et demi et treize heures. Il a dû m'appeler, vers cette heure-là en se disant comme ça je suis tranquille, et rentrer juste derrière. Mais pourquoi ? Je ne comprends pas, jamais il ne rentre l'après-midi, sauf si je suis à la maison pour une journée de récupération. Et encore pas toujours.

‘’Allez calme-toi Alex ! Ce n'est pas le soir ou faut mettre de l'huile sur le feu. La semaine dernière ça a suffi.’’

Je ne parlerais pas comme ça, pas de problème. Je répondrais mais n'engagerais aucune conversation. Je vais leur dire que j'ai mal à la tête. Je suis complétement perdue dans mes pensées quand je vois Jocelyn arriver avec deux grands verres pleins. Il m'en tend un et s'assoit à côté de moi

...... Qu'est ce qui ne va pas mon ange ?

Je trempe mes lèvres dans le verre et bois une petite gorgée, c'est du citron vert. Joss me regarde il a les sourcils froncés, mais n'a pas l'air en colère. Il répète

..... Qu'est ce qui te contrarie ?

...... Mais rien.

Et merde de toi ! Ta voix est sèche, fais gaffe comment tu lui parles.

..... Déjà ce midi, je t'ai senti tracassée !

Il tourne ma tête vers lui, sonde mon regard, je me sens rougir. Le rouge de la colère, je sens qu'elle arrive, je respire un grand coup.

Pensée ........ "Non pas ce soir ! Tu régleras ça en rentrant de week-end, mais pas ce soir ! "

J'entends sa voix, calme ...... ... Dis-moi ce qu'il y a ! Pouvons-nous en discuter ? 

Je me dégage d'un coup et lui réponds, ironiquement

..... Je te dis que je ne veux pas passer le week-end avec ton pote, et toi tu ne trouves pas mieux que de l'inviter ici. Elle n’est pas belle la vie ? En fin de compte que je te dise ou pas mon avis, ça ne change rien, je parle dans le vide.

....... C’est prévu, depuis jeudi, afin que nous partions ensemble demain, ce qui me semblait logique !

.... Et sachant que je ne veux pas le voir, tu ne pouvais pas lui dire que c'était annulé ? 

..... Je pense mon ange, que le meilleur moyen de crever l'abcès est d'en parler. Ce soir me parait propice aux explications. 

Je ne réponds pas. Je ne veux pas éclater. Je prends une cigarette, essaie de me détendre, du moins de faire relâcher la pression pour ne pas exploser.

Joss continue de m'expliquer .... Ai-je eu tort ? Ne crois-tu pas qu’une bonne discussion est mieux qu’un long silence ? Nous n’allons pas nous fâcher avec eux, ce sont nos meilleurs amis !

.....  Mais alors c'est parfait ! Je vais bien, tout va bien. Tu as tout géré, je n'ai plus rien à faire, plus rien à dire, même pas besoin de penser. Tout est planifié comme d'hab. J'ai plus qu’à m'incliner.

Je me lève. Je sens trop que là, c'est urgent que j'arrête cette conversation. Je file prendre une douche pour essayer de me calmer, essayer de ne pas péter un câble. Il ne manquerait plus que ça. Ce serait terrible, j'aurais Jocelyn avec ses menaces, l'autre avec ses baffes, et me mettrai Marie à dos.

Tout compte fait je me coule dans un bain bien chaud, combien de temps je reste dans l'eau ? Mes pensées ont fini de ravager le peu de calme qui me restait. Je suis sûre que ma tension est grimpée au cap alerte.

Il faut que je me calme, il faut que j'arrive à retrouver ma sérénité, sinon ça va être un week-end de merde, et je vais m'en prendre plein la gueule et plein le cul. 

Le haut, le bas, je me sens sourire de cette ironie. Je me rince à la douche de longues minutes, l'eau fraîche coule sur mon corps, je sens la pression redescendre, quand j'entends gratter à la porte

..........Tu es là Alex ?

C'est la voix de Marie.

..... Oui entre c'est ouvert.

Je m'enroule dans une grande serviette. La porte s'ouvre sur Marie, elle est en jeans, le pull irlandais que je lui ai offert.

Marie........ Ne crois pas que je t'ai menti Alex, je ne savais rien des projets des gars.

....... Ah ouais !

....... Je pense plutôt qu'ils ont voulu nous faire une surprise !

....... Une surprise ? Oh ! je saute de joie de revoir ton mec !

........ J'ai discuté avec Phil, il va avoir une explication avec toi

...... Rien du tout, ça ne m'intéresse pas !

Je commence à m'habiller, Marie s'est assise sur le rebord de la baignoire, et en souriant .......... Dis donc tu as de la place dans cette baignoire au moins, ce n'est pas comme la nôtre ou Phil peut à peine allonger les jambes.

J'enfile une robe mi longue d'intérieur, des sabots en cuir à talons, son caquetage ne m’intéresse pas, si elle pense que ça va m’aider à faire amie, ami avec son connard, elle se trompe lourdement.

...... Alex ne fait pas la tête ! Réellement l'idée vient de Phil, il voulait qu'on parte de chez nous. Joss lui a dit. ........ Non il vaut mieux qu'on parte d'ici, que tu serais plus à l'aise en étant chez toi. Et ça s'est décidé jeudi. 

....... Ah oui ! Mais ici je ne suis pas chez moi Marie, je ne décide rien. Tout ! Il gère tout et me met devant SA décision

........ Alex, il te parle toujours de ses projets, il te demande toujours ton avis !

........ Non Marie ! Il tourne tout de manière à ce que je sois obligée de dire oui !

....... Tu es négative là !

...... Non Marie ! Lucide ! Regarde pour ce soir, regarde pour demain la maison. Il dit ... " Samedi on va visiter la maison" Il ne dit pas ça te plairais ? Il parle toujours en espagnol à Flavia. Mais merde ! Elle parle le français, mieux que toi ou moi. Il ne peut pas lui parler en français ? Je ne comprends jamais rien à ce qu'ils se disent. Je suis comme une conne à les écouter.

......Alex tu es fermée là ! Je ne pourrais pas t'ouvrir les yeux. Tu es sur tes positions et tu y restes. On en parlera plus calmement. Allez viens ! Respire un grand coup et surtout ne t'énerve pas.

Elle me fait un gros bisou sur la joue, me prend par le bras. Nous sortons de la salle de bains. Je passe par la cuisine et vois encore Flavia. Je regarde l'heure il est sept heures dix. 

..... Mais Flavia ! Vous n'êtes pas encore partie ?

Marie est sur mes talons

......... Monsieur m'a demandé de rester pour servir le dîner..........Oh Madame Marie ! Bonsoir

Marie........ Bonsoir Flavia vous allez bien ?

Je n'écoute pas leur baratin. Pleine de rage, je me sens devenir cramoisie. Mais il croit quoi ? Que je ne suis pas capable de servir à bouffer. Que je suis aussi nulle que ça ?

Marie me regarde. ....... Alex, il l'a fait pour toi ! Ne te fâche pas ! Il essaie de te faire plaisir, et tu prends tout de travers

On entend la voix de Jocelyn qui parle en espagnol. Flavia qui répond, Marie qui capte quelques mots,

....... Il demande à Flavia d'aller voir ce qu'on fait, et elle a répondu qu'on est là.

...... J'm'en fou

Flavia me regarde, elle voit que je suis en colère, sans savoir pourquoi. Avec un sourire, elle s'adresse à moi

...........Monsieur demande ce que font Madame et Madame Marie ?

Marie me prend par le bras. ......... Alex souris ! Détends-toi, tu vas plomber la soirée, et le week-end avec, allez souris ma chérie !
Je respire un grand coup, mon cœur bat si fort, qu’il va exploser. J’ouvre la bouche pour chercher de l’air

 ........ Ah ma douce ! Ça va ?

Je le fusille du regard, Phil intercepte mon regard, je lui dis bonjour froidement sans l'embrasser, et m'assois dans un fauteuil.

Phil.........Ça va p'ti chat ?

 .... Sois gentil, ne m'adresse pas la parole, ça évitera les débordements !

...... Nous allons discuter du week-end dernier Alex !

...... Tu n'as pas bien compris, je n'ai pas envie de discuter avec toi.

....... Détends-toi, essaie d'être objective d'accord ?

D'un ton très moqueur, ou l'ironie ressort à 100 francs le kilo, je lui balance ...... Mais je suis détendue, je vais très bien. Et j'irais encore mieux, si tu m'évites !

Joss a les yeux braqués sur moi, Phil a un regard consterné. Il sait là, que je ne changerai pas d'avis. Il sait qu'entre nous il a provoqué une fracture. Il sait que ça ne sera plus jamais pareil. Il me connait.

Marie ne sait pas quelle attitude prendre, elle sent que je vais éclater, et ça ne présage rien de bon.

En m'adressant à Jocelyn ...... Il est possible que tu demandes à Flavia de servir l'apéro. Je ne parle pas espagnol !

...... Mais mon ange, demande-lui, elle parle français

..... Ah non ! je ne sais pas si c'est l'heure que tu as décidé !

Phil....... Bon écoute Alex ! Je te sens un peu sur les nerfs. Alors ou tu te calmes et on passe un bon moment ou tu commences à faire chier tout le monde, et ça ne va rien arranger.

……. Tu comptes me m’en mettre encore plein la gueule ?

……. Non ! J’aimerais qu’on s’explique une bonne fois pour toute et qu’on tourne la page !

Je ne lui réponds pas, je ne le regarde même pas. Je ne parlerai pas pendant une heure, tout le temps de l'apéritif.

Jocelyn se lève, sort du salon et reviens 2 minutes après ...... Nous allons passer à table mes amis !

Il vient chercher ma main pour m'aider à me lever. Je l'ignore et sors du fauteuil. En nous dirigeant vers la salle à manger Marie me prend le bras et d'autorité s'assois à côté de moi.

" Hé merde de toi ! Je vais avoir Joss juste en face de moi, avec son regard inquisiteur.’’

Et merde de merde ! C'est pire, c'est Phil qui se met en face de moi !

Le regard de Joss est sombre, pas en colère non ! Je dirai plutôt déconfit. Il sent que le week-end est mal parti !

Phil.... Alors les filles ça été votre semaine ?

Marie.......Oui, sauf qu'on a un boulot monstre. On voit que les fêtes sont terminées, les comptes, débitent durs.

Elle sourit. Elle essaie de me détendre. Je ne bouge pas mon regard de mon assiette ou mon verre. 
Phil et Joss discutent tranquillement, Jocelyn ne me lâche pas du regard, je ne tourne pas la tête, mais sens ses yeux posés sur moi.

La conversation se déroule sans moi, je suis re partie dans mes pensées, dans mon autre moi, j'ai complétement décroché.

Flavia a emmené les plats, j'ai bouffé sans m'en rendre compte. Non j'ai chipoté. Je ne sais même pas ce qu'il y avait dans mon assiette, elle est repartie pratiquement pleine en cuisine. Même la tarte je n'y ai pas touché.

Dans le brouillard j'entends Flavia répondre à Joss en espagnol. Je tourne la tête vers Marie, nos regards se croisent, et dans le mien, elle peut lire.........Tu vois ce que je te dis ?

Je me lève, en lançant sèchement "Bonsoir !"  

Personne n'a le temps de répondre je suis déjà dans le couloir. Je me déshabille et me glisse dans les draps.

Mes pensées négatives comme dit Marie, galopent dans ce qui me sert de cerveau. Je n'arrive pas à m'endormir, ça fait chier, je ne veux pas être éveillée quand il viendra se coucher. Ça fait bien une heure que je me tourne et retourne dans le lit, quand j'entends la porte s'ouvrir.

Il se glisse dans les draps, se colle à moi et dans mon oreille, d'un ton ou il contient sa colère

..... Je sais que tu ne dors pas Alex. Je ne sais pas pourquoi cette colère envers moi. On en parlera calmement dimanche soir. Ne fait pas exploser ma patience !

Il me fait un bisou sur l'épaule. J'ai envie de me blottir contre lui, je sens les larmes pas très loin. Je finis par m'endormir.

3 février 2003

Cet appel téléphonique

Je garde au fond de moi, une rancœur envers Jocelyn. Pourquoi me forcer alors que je ne refuse jamais.

Je passe tout mon mardi avec ma fille. Nous allons faire les magasins, laissant Jocelyn à son travail. Demain ma puce repart pour son centre. En mangeant un big mac, elle me raconte en un récit détaillé son internat. Elle s’est fait une super amie, elle se plait, et étudie avec sérieux.
Je suis heureuse d’apprendre qu’elle prend enfin un nouveau virage, qu’elle est sortie de son poison, et qu’elle a compris qu’elle jouait son avenir.

Mercredi matin, avant de partir au travail, j’ai serré fort ma fille, et l’ai embrassé encore et encore. C’est le cœur gros que j’ai pris le métro.

Les journées froides et tristes de janvier, se terminent. Nous abordons février avec un temps qui se veut plus clément. 

Ce samedi matin alors que je suis sur mon pc dans le bureau de Jocelyn qui est assis à sa table de travail, nous parlons du futur mariage en sirotant un expresso.

La date est arrêtée pour mi-septembre. Jocelyn fait la liste des personnes qu'il veut inviter. Comme j’ignore tout de ses connaissances, je le laisse faire seul. De mon côté je me balade sur internet, à la recherche d’idées pour le mariage. Je regarde quelques sites d’organisateurs. Un rayon de soleil de mi-février, éclaire ses cheveux, je sens une onde d’amour envers cet homme si beau

Le téléphone sonne, il décroche immédiatement ........ "Oui allô ".

Je le vois blanchir, sa mâchoire se contracte

Joss........ Bonjour

-------

....... Aucun intérêt pour moi !

Le ton est froid, glacial même. Je me demande qui lui téléphone comme ça un samedi matin à 11heures, pour que ça le bouleverse autant. Je le regarde et lui fais signe savoir, s’il veut que je sorte. Il fait non de la tête.

Je reviens à la liste des organisateurs que j'ai sous les yeux, et fait celle qui est occupée à lire. Jocelyn continue avec une voix de plus en plus froide.

......... Pourriez-vous me dire en quoi cela me concerne ?

-----------

......... Demandez à votre fille, elle s'en occupera !

----------

....  Il fallait m'entendre, quand je vous parlais !

Je n'entends pas la suite de la conversation, je suis repartie dans mon mariage, jusqu'à d'un ton implacable il répond

........ Non madame !

Je le vois raccrocher. Il est blanc comme un linge.

........ Ça va Joss ?

Sans me regarder, il répond d’un ton las....... Oui ma belle

Je le vois se pencher à nouveau sur sa liste.

Il va être midi, je sors du bureau en fermant doucement la porte. A la cuisine, je bois un verre d'eau. Je sors un plat cuisiné que Flavia a préparé vendredi pour notre week-end, le mets à chauffer doucement, j'installe le couvert et vais dans le salon., m'allumer une cigarette, je ne fume pas dans son bureau

Il avait l'air drôlement en colère au téléphone. Merde ! Qui c’était ? Pas sa mère. Bah non il la vouvoyait ça ne peut pas être sa mère ! Il a dit votre fille ! Bah non alors ! Je pars dans mes pensées. Tout se mélange, le mariage, ce coup de fil. 

J'allume la télé, mais je ne vois rien, les images défilent, mes pensées reviennent à ce coup de fil.

Bon comme c'est des bourges peut être qu'il vouvoie ses parents ! Oh non ! Quand même ça se fait plus à notre époque.

J'entends la porte du bureau s'ouvrir. Je pars à sa rencontre

..... Tu viens manger Joss ?

...... Oui ma belle. 

Je le regarde, il est moins blanc, il a repris ses esprits. Ses mâchoires ne sont plus contractées. Je vais dans la cuisine. Et merde ! Le plat qui chauffait je l'ai oublié, ça a collé un peu. Joss arrive dans la cuisine 

...... Que s'est-il passé ?

...... J'ai mis les paupiettes à chauffer, et j'étais dans le salon, j’ai oublié

...... Tu mets un plat sur la plaque, et tu vas faire autre chose au lieu de le surveiller ?

Le ton est froid

..... Bah je ne l'avais pas mis fort

..... Quand on fait quelque chose on le fait à fond, on ne fait pas deux choses en même temps, sinon on ne fait rien !

Je suis estomaquée, depuis 3 ans bientôt qu’il me dit que mes colères je ne dois pas les passer sur lui. Et là il fait quoi ? Du coup la colère monte, cinglante je lui réponds

....... Oh tu ne me parles pas comme ça, je ne t'ai rien fait.

...... Qu'est-ce qu'il y a d'autre à manger ?

....... Je n'en sais rien démerde toi !

Je sors de la cuisine. Il me rejoint dans le couloir, et me prend dans ses bras

....... Je te présente mes excuses ma douce.

....... Non c'est trop facile, tu reçois un coup de fil qui te fait chier à première vue, et tu t'en prends à moi

..... Ne parle pas comme ça !

...... Tu me dis depuis trois ans que je ne dois pas passer mes colères sur toi et tu fais quoi là hein ? Tu fais quoi là ?

D'un ton qui monte. Un ton ou je sens que je vais exploser. Je ne vois pas la petite lumière dans mon étage supérieur qui s'allume. Je n'entends que mon autre moi qui me dit ........." Tu as raison, ne te laisse pas faire "

....... Je me suis excusé !

....... Moi aussi je m'excuse et tu t'en tapes royal !

.....  Alex change de ton, ce n'est pas le moment !

....... Lâche-moi ! Avec toi ce n'est jamais le moment. Tu t'en fou de ce que peuvent penser les autres !

...... Allez viens manger !

...... Non je n'ai pas faim. Si c'est pour te voir faire la gueule ce n'est pas la peine !

........ Arrête Alex ! Arrête de parler ainsi, ça va mal finir !

........ Va te faire foutre !

Il m'attrape le bras, me regarde bien droit dans les yeux

........ Nous allons récupérer ce que l'on peut. Nous allons manger, et nous réglerons le problème de ton langage après ! Tu as compris ?

Et là je vois des éclairs dans ses yeux. Je ne réponds pas, je ne baisse pas les yeux, il me tient toujours

......... As-tu bien compris ?

Il m'emmène dans la cuisine, prends la cocotte et la pose sur la table

..... Sers-toi !

Je ne bouge pas, j'ai le cœur qui bat. La petite voix me dit, tu vas prendre. Mon ventre du coup se réveille et m'envoie des ondes. J'ai les mains moites.

Voyant que je ne bouge pas, Joss me sert et m'ordonne de manger, il se sert et entame sa viande. Il ne parle pas. Je vois qu'il a repris sa couleur de visage. Ses mâchoires se sont décontractées, par contre il a les sourcils froncés. Il doit être en train de cogiter à mon avis.

........ MANGE !

Le ton claque sec. Je sursaute. Il a le regard posé sur moi. J'étais partie dans mes pensées. Je me sens rougir. Je prends ma fourchette et commence à manger. Ça n’a même pas le goût de cramé, et en plus c'est drôlement bon. Il a mangé son fromage, je le vois finir une pomme.

..... As-tu fini ?

....... Oui

Joss...... Va dans le salon j'arrive

Je traverse le couloir, j'ai les jambes en coton. Et merde !

J'allume une cigarette, il arrive avec deux tasses de café, il m'en tend une, je le remercie. Il s'assoit et boit son café tranquillement il a croisé ses jambes. J'éteins ma cigarette et bois mon café, repose ma tasse sur la petite table à côté de la sienne.

....... J'attends une explication sur ta courtoisie de tout à l'heure !

Je sens mon pouls qui s'accélère

......... Je n'ai rien à dire !

....... Alors je vais te fesser tout de suite pour ton inconvenance, et, après tu m'expliqueras cette colère

...... Ça fait 3 ans que tu me serines avec mes colères, et toi t'as le droit de me faire chier pour une fois que je fais une connerie.

........ Alexandrine, je pense que tu cherches vraiment à ce que je te déculotte

..... Toute façon ta décision a été prise tout à l'heure

...... Au lieu de minimiser, tu amplifies en ajoutant encore un peu de vocabulaire cru

Il me regarde droit dans les yeux, je ne baisse pas mon regard. Je le fixe, en me disant il ne va pas le faire, on est sur le point de se marier. 

...... Nous sommes sur le point de nous marier Alexandrine. Si je t'ai demandé en mariage c'est parce que j'ai des sentiments pour toi. Mais je n'accepterais jamais tes insultes. 

Il se tait et continue de plonger son regard dans le mien. Je baisse les yeux, il a vu dans mon regard ce que je pensais. Et merde de toi !

Il reprend ........ Je t'ai aussi prévenu dès le début, chaque fois que tu seras inconvenante, je te fesserai. Et si au matin de notre mariage, tu es irrévérencieuse, tu seras fessée avant la mairie. Je n'ai qu'une parole !

Il m'attrape d’un geste sec et rapide, je me retrouve couchée sur ses genoux. Mon cœur s'affole. D'un coup j'ai froid. Un grand vide se fait en moi. Il baisse mon caleçon et ma culotte. Me claque les fesses, pas fort mais suffisamment pour que je le sente bien. Je ne pleure pas.  Je suis anéantie. Il me repousse, se lève et retourne dans son bureau.
Je me rhabille, fume une cigarette, j'éteins la télé, ramène les tasses dans la cuisine et vais dans la chambre de ma fille.

Je me jette sur son lit et me mets à pleurer à chaud de larmes pendant de longues minutes. Je finis par me calmer. J'essaie de me rappeler pourquoi cette dispute a commencé. Pourquoi cette fessée encore ? Je déroule le scénario dans ma tête, repense à ce que je lui ai dit. 

Oui c'est vrai ! J'y ai été un peu fort. Mais pourquoi cette colère parce que le fond de la cocotte a attaché un peu ? Jamais il ne m'a engueulé pour un truc que j'ai fait de travers ou oublié. Enfin oui il râle, disant que je fais tout de travers. Il m'appelle tête de linotte, sourit où me dit ...... Oh ma douce fais un peu attention

Mais ne se fâche pas comme ça ! 

Si une fois il n'y a pas longtemps pour la baignoire que j'avais oubliée et qui était trop pleine. Mais sinon, non, il ne dit rien

A quand remonte ma dernière colère ?  Je cherche, je repasse le film de ces derniers mois. Ah oui ! En rentrant de chez Claude et Françoise, à propos de ses parents, enfin non pas à cause d'eux, mais quand il éludait mes questions. Ça fait au moins six mois. 

Comment arrive-t-il à savoir ce que je pense, à la minute ou je le pense ? A-t-il un don de voyance ?

Non ! Me dit ma petite voix. Mais tu exprimes tellement tes sentiments, qu'on peut lire en toi, comme dans un livre ouvert. Tu n'as pas besoin de parler.

Il nous dit égal ! Mais dans le fond, c'est lui, toujours lui qui décide tout. Quand c'est le moment ou pas. Qui dit on fait ci ou on fait ça. 

Bien sûr il me demande mon avis, mais si je propose un truc, ah non j'ai d'autres projets voilà sa réponse. Il dirige la vie des autres selon son humeur, selon le gré du vent. Il ordonne. Il gère comme il dit !

Je gère ! Et là il a tout dit, il faut comprendre. C'est comme j'ai décidé tu n'as pas ton mot à dire. 

De toute façon je n'ai jamais mon mot à dire. Il joue, il manipule jusqu'à ce que je me range de son côté, que je pense comme lui.

Il arrive à me faire dire ce que je ne veux pas, il tourne tout à son avantage, il fait la loi partout où il passe, partout où il est. 

Il connait son pouvoir sur les gens, il en joue, il en abuse. C'est quoi la dernière chose qu'il m’a demandé ? Ah oui, la maison à visiter le week-end prochain.

Bah encore une fois ! Bien sûr qu'il m'a demandé si ça me plairait. Mais toute façon j'aurai dit non, il m'aurait fait changer d'avis. Tiens d'ailleurs je verrais ce week-end si je lui disais que ça ne me plait pas !

Il arrive à me faire demander une fessée. Là mon ventre m'envoie des ondes Je sens les larmes piquer mes yeux. Je respire à fond, j'essaie de ne pas penser à ça. Cette humiliation d'être déculottée sur ses genoux comme une gamine.

Bon j'admets il est moins sévère qu'au début de notre relation. Mais une fois mariée je ne vais pas prendre comme ça jusqu'à mes 70 ans parce qu'on n’est pas d'accord ? Bah quand même faut pas déconner !

Ma petite voix, mon autre moi insidieusement me souffle. Tu n'es pas obligée d'être vulgaire et de lui répondre comme une charretière quand tu lui parles !

Oh toi. ! Toi mon autre moi ! Va te faire voir, tu n'es jamais là quand j'ai besoin de toi !

Je me calme, mon pouls se ralentit. Un éclair traverse mon esprit. Une mauvaise lumière. Je réfléchis, je cherche, je tourne tout dans ma tête. Je ne lui ai jamais dit de mot d'amour ! Si deux ou trois fois, je l'ai appelé Joss chéri pendant nos ébats

A part ça, RIEN ! Le néant.

Des fois je les pense, j'ai envie de lui dire des mots doux. Des mots d'amour. Jamais ils ne franchissent ma bouche. Je n'arrive pas à les lâcher, à les prononcer.

Lui m'en dit. Ne me parle que comme ça d'ailleurs. Dès le début il m'a surnommé ma belle, puis est venu, ma douce, mon ange, mon amour. 

Je réfléchis, je cherche. Quand on fait l'amour et que ça explose entre nos deux corps, il me dit merci mon amour. 

Mais moi ?

Je suis là, couchée sur le lit de ma fille, sur le ventre, la chaleur de la fessée a disparue, je me retourne sur le dos, mets mes mains derrière ma tête, mes pensées galopent. Le verdict tombe.............Je n'aime pas Jocelyn. Non !

J'aime l'homme qu'il représente, pas sa condition professionnelle, non ça je m'en tape. J'aime son physique, je suis fière quand je suis avec lui. Que je lis l'envie dans le regard des femmes. Je souris en pensant à la fleuriste. A Jacqueline qui se pâme devant lui. A l'autre dinde, la femme de Michel. Je suscite la jalousie de toutes ces greluches. Pauvres connes ! Si vous le connaissiez mieux, si vous saviez ! Vous arrêteriez de vous pâmer devant ce mec.

Un pincement au cœur me serre quand je pense au décolleté de Claire, quand je repense à Jacqueline cet été. Ça fait trois ans que nous nous connaissons ? Je ne sais plus ! Ce que je sais c'est que je le trouve toujours aussi beau.

Quand je le vois sortir de la salle d'eau rasé de frais, sentant bon l'eau de toilette, dans son costume impeccable, ses beaux cheveux épais et souples en même temps. Cette coupe qui tombe juste à la limite du col de chemise. J'adore passer mes mains dedans, ça le fait rire. 

Quand il revient du sport, dans son jogging. Il est si beau, ses muscles se dessinent à travers son tee-shirt. Cet été chez Marie, au bord de la piscine il plongeait, ses grandes jambes musclées, son beau ventre plat, pas un poil de graisse, ses bras musclés, qui m'enserre Ses grandes mains qui me font frémir quand il les promène sur mon corps Son regard qu'il pose tendrement sur moi Les frissons qui me prennent quand ses mains caressent mon corps. Cette voix chaude que j'aime tant. Son rire que j'adore

Oui il est beau, magnifiquement séduisant. Mais ça ce n'est pas l'amour ! C'est la fierté, une fierté mal placée, celle d'être avec un beau mec.

Je n'écoute pas ce cœur qui palpite en évoquant. Non, je n'écoute pas cette petite voix, qui me dit tout ça. La voix de la raison.

Marie ! Oh Marie, j'ai besoin de te parler. Marie j'ai besoin de te dire ce que je viens de découvrir. Marie, aide-moi Marie j'ai besoin de toi ! Je sens mes larmes qui débordent de mes yeux. Je me remets à pleurer.

Je vais dans mon sac chercher mon téléphone, et retourne dans la chambre de ma fille. J'envoie un SMS à Marie, je sais qu'elle est chez elle. 

  *plus de mariage, j'arrête tt.........besoin te causer......bisou*

Le bip de réception arrive, je pose le téléphone à côté de moi, et essaie de rassembler mes idées, quand j’entends la sonnerie 

......... Alex

Je sens mes larmes revenir.......... Oui Marie

..... Qu'est ce qui se passe ?

......On s'est engueulé., je ne veux plus me marier

.......Vous vous êtes disputés pourquoi ?

......Je ne peux pas t'en parler là c'est trop long

.........Attends !

Je n'entends rien à par des grésillements.

.......Marie tu es partie ?

.........Non je suis là ! On arrive avec Phil

Je pleure de plus belle, je pleure de soulagement. ......... Oh Marie merci ! Oh Marie !

...... Arrête de pleurer, sinon tu n'es pas lucide et tu te braques ! Alors arrête !

..... Oui je vais me calmer

...... Si tu pleures quand on arrive, on repart ! Ok ?

......... Oui Marie promis

Je raccroche et sèche mes larmes.  A la salle de bains je me passe un peu d'eau fraîche sur le visage. La glace me renvoie mon image complétement défaite. Les yeux rouges, le teint livide.

Je mets un peu de blush, me donne un coup de peigne et retourne sur le lit de ma fille. Les mains sous la tête, je réfléchis. J'essaie de canaliser toutes mes pensées pour revenir à ma dernière constatation. Je ferme les yeux, je voudrais y voir plus clair. 

Il est toujours dans son bureau. J'entends le dring de la porte d'en bas. Je sursaute.  Il va venir me chercher, on va s'installer dans la salle ou le salon, et je ne pourrais pas parler. En fait ça ne sert à rien que Marie soit venue, je l'ai dérangé pour rien. Oh merde ! Elle ne va pas être contente 

Quand je vois la porte de la chambre s'ouvrir, j'ai le cœur qui bat à 100 à l'heure.

Marie entre, je me lève et me jette dans ses bras, mes larmes montent

........ Non Alex ! Arrête de pleurer, ça m'énerve. Franchement, tu n'es plus une gamine quand même !

Je la regarde médusée. Jamais elle ne m'a parlé comme ça. D'accord elle a quelques années de plus que moi mais quand même !

Je reste plantée comme une conne en la regardant, je ne comprends pas ce ton.

.......... Viens me faire un café.

Je lui fais signe que non avec ma tête

....... Tu ne veux pas me faire un café ?

...... Si mais je ne veux pas aller dans la cuisine et le croiser !

........ Il est dans le bureau avec Phil !

..... Ah bon bah d'accord alors !

Dans la cuisine, je prépare deux expressos, Marie sort les tasses, on s'assoit, machinalement je regarde l'heure il est deux heures vingt. 

Pensée .... " Mais ça ne passe pas cette journée de merde."

Marie, boit son café tout en me regardant

....... Bon alors explique moi cette nouvelle dispute !

..... Bah voilà on s'est engueulé parce que...........

Je lui raconte. J’explique tout, sans rien oublier. Le coup de fil, la cocotte qui a légèrement attachée, l'engueulade qui à suivit, la fessée.

....... Tu lui as dit quoi ?

..... Qu'il aille se faire foutre !

Marie éclate de rire. Elle me regarde intensément. Le bleu de ses yeux me transperce.

........ Tu as quel âge ?

...... Bah vingt-six ans Pourquoi ? 

....... Ce sont les gamines de l'âge de ta fille qui parlent comme ça. Pas une femme de ton âge. Tu es dingue ou quoi ?

Elle me parle sur un ton sec que je ne lui connais pas. Je n'ai jamais vu Marie en colère. Et là, je sens qu'elle est vraiment mécontente. Elle me déballe son sac sans me laisser en placer une.

Marie........ Tu ne veux pas te corriger, tu es ......

Elle me balance, tous mes défauts, que je suis qu'une gamine capricieuse, que je n'ai pas grandi, que je cherche tout le temps à pousser les gens à bout, qu'il faut toujours que j'aille au-delà des limites de l'impossible.

Je sens mes larmes qui coulent.  Marie de ce même ton qui montre sa colère. ....... Arrête de pleurer comme une môme à chaque fois qu'on te dit une vérité qui ne te plait pas. Ce n'est pas Jocelyn le fautif ! C'est toi. Tu le pousses à bout. C'est un homme d'une extrême grande patience. Je ne l'ai jamais vu en colère, agacé peut être mais jamais en colère à part avec son ex..........elle agissait comme toi, toujours en train de l'insulter de le rabaisser avec des mots orduriers. Vous tombez sur des hommes adorables et vous saccagez tout sur votre passage. Par plaisir, pour montrer que vous êtes grandes, que vous êtes fortes, mais vous n'êtes que des dévastatrices ! Phil qui t'adore, ne serait pas resté 3 mois avec toi. 

Je ne bronche pas, je ne pleure pas non plus. Je suis sidérée, par ce ton froid, par ses paroles
Elle se lève prend 2 grands verres dans le placard, les remplit d'eau fraîche, en pose un devant moi, elle sort de la cuisine, pour revenir avec ses cigarettes et le cendrier. Elle m'allume une cigarette et me la tend, s'en allume une, elle tire dessus me regarde et ne dit rien.

Je bois une gorgée. Marie repart sur le même registre. Elle reprend moins sèchement. ....... Je t'ai parlé, je t'ai confié des parties de la vie de Jocelyn. Je n'aurai peut-être pas dû. Je voulais te faire comprendre le vrai Joss, sa jeunesse, sa vie d'homme avec son ex. Je voulais que tu comprennes, que c'est un homme exceptionnel, qu'il est fidèle à sa parole, et qu'il n'en a qu'une. Que c'est un vrai Homme avec un H majuscule, mais toi, petite fille capricieuse, colérique, tu n'as vu que toi. Et lui dans tout ça ? Il est où dans ta vie ? Quelle place tu lui donnes ? Mise à part la fierté d'être avec un bel homme à ton bras.  Tu crois que c'est un jouet qu'on jette quand on en veut plus ? Que c'est un de tes amants de passage, que tu peux prendre et virer comme une merde ? Tu as cru que Jocelyn c'était n'importe qui ? Que tu pouvais lui parler comme ça. ........

Elle continue, continue. J'ai froid, mes mains sont glacées. Je ne comprends pas l'emportement de Marie, je croyais que c'était mon amie. Je bois mon verre d'eau, ça me fait du bien.

Marie poursuit ........ Je l'ai vu avec d'autres femmes, il venait à la campagne ou à l'appartement avec ces filles-là. Il en changeait tous les six mois. Des belles filles pendues à son cou qui aurait aimé mettre le grappin dessus. Il s'est toujours préservé. On désespérait avec Phil de le voir heureux un jour. Phil adore Joss, il aime davantage Jocelyn que son propre frère. C'est Joss qui a fait la situation que Phil a aujourd'hui. Joss l'a fait pour remercier Phil de lui avoir offert la famille qu'il n'a jamais eu. Il ferait n'importe quoi pour Phil et Phil pour Joss ils sont comme les deux doigts de la main. Sais-tu au moins, que la piscine qu'on a, la piscine que tu aimes tant. C'est Jocelyn qui nous l'a offert.

Je la regarde étonnée.

........ Oui Alex ! Quand il est venu la première fois avec nous. Que nous l'avions invité, quand il était si mal. La semaine d'après il faisait signer les devis à Phil ! Tu crois qu'on aurait pu se payer une piscine pareille avec la terrasse ? Au prix où ça coûte ? Jocelyn est le fils de mama au même titre que Phil et Pierre. Jamais Joss n'a présenté une fille à mes beaux-parents, tu es la première !

Elle boit une gorgée d’eau, et repose son verre sans quitter mon regard ....... Ecoute Alex, écoute-moi bien ! Jamais ! Non au grand jamais ! On a vu dans les yeux de Jocelyn autant d'amour quand il te regarde. Les filles qu'il avait, il riait avec, les appelait par leur prénom, je ne l'ai jamais entendu leur dire ma douce, mon ange, il n'a jamais eu les gestes tendres qu'il a avec toi, il les allongeait et basta.

Nous allumons une cigarette, elle me sourit, au fur et à mesure, elle se calme. ....... Tu comprends ce que j'essaie de t'expliquer ?

 ....... Oui j'ai compris, et ça change quoi ?

..... Ça change que quand tu te remettras un peu en question tu sauras que toi aussi tu l'aimes !

....... Non Marie je ne l'aime pas comme toi tu aimes Phil

..... Ecoute tu as eu aussi des amants. Tu n'as jamais été rayonnante comme ça. Vous vous complétez. Vous êtes faits l'un pour l'autre.

Et patata et patati, elle repart démolissant tous mes arguments au fur et à mesure. 

..... Si je l'aimais je lui dirais. Je ne lui ai jamais dit de mots tendres comme il me dit. Lui m'aime peut-être mais moi je ne sais pas.

Marie hausse les épaules ........ Les mots, ce ne sont que des mots ! Tes yeux les disent pour toi ! Tu ne t'en rends même pas compte. Quand tu le regardes et que tu te blotties dans ses bras, on a l'impression que tu voudrais te fondre en lui. C'est ça l'amour ma petite chérie Quand tu le regardes venir vers toi, qu'il te tend les bras, dans tes yeux il y a tellement d'amour que je suis sûre que ton cœur s'emballe

 "Oh merde ! Elle a raison. Merde de toi ! Ces yeux que tout le monde m'envie, Ces yeux qui me trahissent"

Marie .... Au lit tu dis que c'est le nirvana. Que tu n'as jamais connu ça. Que vous vous fondez l'un dans l'autre. C'est ça aussi l'amour. Cite-moi un seul de tes amants avec lequel tu as connu cette passion.

Je fais non de la tête. Je sens comme un grand vide en moi. On entend la porte du bureau s'ouvrir. Je regarde l'heure ça fait pratiquement deux heures que nous parlons.
Je me lève pour dire bonjour à Phil. Il est décomposé. Il me dit bonjour sèchement, ne me prend pas dans ses bras comme d'habitude.
Je jette un regard sur Joss, il a l'apparence de quelqu'un de détendu. Je me dis bon bah de ce côté-là ça va !

Phil regarde Marie en lui souriant ....... Ma chérie prépare nous des verres frais, nous allons discuter avec Alex dans le salon

‘’ Tiens, il m'appelle Alex, donc il est remonté contre moi. Bon ce n'est que Phil pas grave !’’

Il me foudroie du regard, et de ce ton sec qu’il emploie quand il morigène sa fille. ....... Suis-moi ! 
Je fais oui de la tête, j'attrape mes clopes et un cendrier propre.
Phil positionne les fauteuils du salon de telle sorte que nous soyons tous les quatre face à face, il me dit de m'asseoir dans un des fauteuils et se met dans l'autre, Jocelyn s'installe sur le canapé, Marie arrive avec un plateau et de la citronnade, qu’elle a pris dans le réfrigérateur

Phil me regarde, son visage exprime l’exaspération.......... Alors tu as encore mis le feu aux poudres ?

Je n'aime pas le ton qu'il a ! Je ne réponds pas

........ Tu ne peux pas t'empêcher de tirer sur la corde, jusqu'à ce qu'elle casse et après seulement tu te poses des questions !
Je le regarde et pense, oh merde après Marie, il ne va pas s'y mettre

Il ricane et enchaîne........Ça m'étonnerait bien, parce que dans ta petite cervelle de moineau, tu es sûre de toi. Et il ne peut pas en être autrement, c'est obligatoirement toi qui as raison !

" Reste calme Alex. Ne monte pas en pression, ne réponds pas"

Marie me regarde un petit sourire légèrement ironique sur les lèvres. Joss à croisé ses longues jambes. On échange un regard, je ne vois rien, je ne sais pas ce qu'il pense.  

- TU M'ECOUTE ALEX, OU JE PARLE DANS LE VIDE !........... C'est Phil qui vient de brailler

..........Oh calme toi ! Pas besoin de gueuler comme ça, j'suis pas sourde.

........ Change de ton tu n'es pas en position pour la ramener tu as compris ?

......... Bah bien sûr faut encore que je ferme ma gueule !

Sans que j'y prenne garde, je me prends une gifle en pleine figure. Je sens la chaleur envahir ma joue.

.........Pôv connard.

Je me lève, vais dans la cuisine en claquant la porte de toutes mes forces.

Cette porte qui s'ouvre à la volée sur un Phil comme je n'ai jamais vu. Un Phil livide.

Vlan je me prends une deuxième baffe sur l'autre joue.

......... Tu te comportes comme ta fille, je te traite comme ta fille !

Il me prend le bras avec force, il me serre tellement que je pense. Oh merde ! Demain je vais avoir un bleu.

Il me ramène au fauteuil et me pousse violemment dedans. Je ne pleure pas. Je le regarde avec des yeux pleins de haine.

..... Baisse tes yeux, tu ne m'impressionne pas ! Je ne suis pas Jocelyn ! Je n'ai pas sa patience. Et si quelques fois il te mettait une tarte dans la gueule, ça remettrait tes neurones en place. Espèce de merdeuse mal dégrossie, tu n'es qu'une petite chieuse qui manque de respect à tout le monde. Tu t’es prise pour quoi ? Pour le centre du monde ?

Merde de merde ! Là je sens que je vais exploser. Je vais envoyer valser le plateau et tous les verres. Je vais piquer une colère comme jamais je n'ai piqué. 

Je le regarde droit dans les yeux. Mes yeux ressemblent à des mitraillettes. Je vais lui faire rentrer ses insultes 

........ Mais t'es qui pour me parler comme ça ? Tu t'es pris pour qui ? Tu as cru que tu avais la science infuse ? vous êtes vraiment trop cons tous autant que vous êtes !

Vlan une baffe atterrit sur ma joue

........ Tant que tu me balanceras des saloperies, tant que je te balancerais des tartes ! Tu vas finir par comprendre qu'on en a marre de t'entendre parler comme ça ! Marre de tes insultes, et pas la peine de me regarder avec tes yeux envahit de colère, tes yeux tu les baisses, tu as compris ?

Là je sens les larmes montées. Des larmes de colère. Des larmes de vexation. Je suis blessée au plus profond de moi. 

Pas Phil non il n’a pas le droit. Il ne peut pas me parler comme ça. Depuis le temps qu'on se connait. Les gifles je m'en fou. Je me tasse dans le fauteuil, mets mes jambes sous mes fesses. Les larmes coulent sur mon caleçon.

 ....... Pourquoi tu pleures ? Pas pour deux gifles quand même ! Je te sais plus forte. Alors pourquoi ces larmes ?

Je ne réponds pas, je renifle. Je vois Joss se lever et Phil continuer ...........Réponds ! Tu as bien de la gueule pour nous envoyer nous faire foutre, alors réponds, vas-y, je t’écoute !

Jocelyn revient et me tend un paquet de mouchoirs en papier, que je jette sur la petite table.

........ Si je t'entends renifler je t'en claque une autre, tu as compris ? maintenant réponds, je t'ai posé une question

J’essaie de me retenir de pleurer........ Qu'est-ce que tu veux que je réponde ?

Marie me tend un mouchoir, me regarde et me fais les gros yeux. Je le prends, sèche mes yeux et me mouche. J'arrête de pleurer. Je respire à fond, me calme en apparence. Mon pouls bat à tout rompre.

........ Alors tu réponds ?

Et en persiflant ....... Tiens tu n'as pas de réponse ?  Tu t'écrases parce que tu sais que tu as tort. Tort sur toute la ligne. Ta fierté en prend un coup-là hein ? C'est dur de recevoir la vérité en pleine tête ! Tu as de la chance d'être avec Joss, Marie me parlerait comme tu parles je te jure que ça chierait. On ne se fout pas indéfiniment de la tête des gens, sans en recevoir le retour. C'est comme tout Alex ! Dans la vie, tu as toujours le retour de la médaille.

Il regarde sa montre, regarde Marie qui lui fait un signe de tête, il s'adresse à Jocelyn

..... Venez manger à la maison frelot

Jocelyn d’une voix peinée me demande .... Tu veux Alex ?

Avant que je réponde,

..... Elle nous suit et elle se la ferme, ça nous changera !

Marie se lève emmène le plateau dans la cuisine. Je m'allume une cigarette, le tumulte intérieur se calme un peu.

Phil. ..... Va mettre tes pompes l’emmerdeuse !

Je ne bouge pas. Je n''ai pas finis ma cigarette

Phil.... Va mettre tes chaussures, si tu ne veux pas que je claque ta face !

.... Je n'ai pas fini ma clo....

Je n'ai pas le temps de finir, il me l'arrache et l'écrase dans le cendrier.

........Voilà elle est finie !

Marie revient, les hommes se lèvent, je me lève à mon tour, je vais dans la chambre enfiler un jeans. J'ai les larmes aux yeux, des larmes de rancœur, de rage. Jocelyn n'a pas dit un mot !

Nous arrivons à la hauteur de la voiture de Philippe et d'un ton qui n'admet pas que je réponde.

......... Monte, Marie ira avec Jocelyn.

Je me tasse sur le siège, ne desserre pas les dents. Il conduit en silence.

Pour monter, Jocelyn cherche ma main, je la mets dans la poche de mon manteau.

Marie m'entraîne dans la cuisine, pendant que les gars s'en vont dans la salle à manger-salon. Je suis toujours furieuse.

Je suis dans un état second. Je ne pleure pas, non, mais je suis pleine de ressentiment contre Jocelyn qui n’a pas levé le petit doigt, contre son pote qui s’est permis de porter la main sur moi.

Marie porte mon manteau de l’autre côté. En me rejoignant elle m’offre tout de suite une cigarette

....... Quand tu m'as bipé, j'ai expliqué à Phil ce que tu m’avais dit, mais bon il écoutait. Il m’a dit, on y va, prends le volant et tout le voyage ils ont parlé au téléphone.

Un moment donné Phil à dit......... Frelot, met lui une bonne claque dans la gueule et ça ira mieux tu verras. Après on est arrivé et Phil a entraîné Jocelyn dans le bureau. Mais en montant il m'a dit...... Tu sais chérie, il va falloir secouer un peu Alex, parce que là elle me chauffe vraiment. En voiture j'ai parlé un peu avec Jocelyn.

...... J’en n’ai rien à foutre !

........ Arrête Alex ! Essaie d'être un peu plus lucide, et reconnais que tu as tort ! 

..... Mais de toute façon, j'ai toujours tort !

...... C'est pénible de discuter avec toi, quand tu es comme ça !

.... Alors ne perds pas ton temps à discuter !

Je la regarde, elle n’a pas en l’air colère, plutôt dépitée. Je prends une cigarette, et tire dessus comme une malade

" Bon faut pas que je me mette Marie à dos !"

....... Il est malheureux, Alex !

......... Ah oui ! Et moi alors ?

...... Il m'a raconté les gros traits de votre engueulade, comme tu m'avais dit

....... Et alors, tu crois que je mens ?

....... Non évidemment que non. Il m'a dit. ........" Alex m'a tellement mis à bout, que j'ai levé la main dessus, à quelques mois du mariage"

......  Ah il ne t'a pas dit qu'à chaque fois qu'on n’est pas d'accord, il me tombe sur la couenne ?

....... Non et je n'ai pas soulevé le problème ! C'est intime à votre couple.

...... Bah tiens bien sûr !

...... Je le sais parce toi tu me l'as dit. Phil n'est pas au courant, et je pense que c’est pour ça, qu’il lui a dit de te secouer de temps en temps.

Je ne réponds pas, je tire sur la fin de ma cigarette, et l'écrase dans le cendrier.

….... Et donc pour toi tout et normal ? Tu n’es pas d’accord avec ton mari, donc il se permet de te mettre une branlée. C’est ça la vie de couple ?

Marie sourit …...... Au début de mon mariage, je me suis prise la tête avec Phil. Une violente dispute à éclater, il m'a giflé à deux reprises. Cet intermède, m'a fait du bien. J'ai compris, qu'il existait et que je n'avais pas tout pouvoir sur lui.  

Nous continuons de discuter pendant que Marie, prépare rapidement un repas, je n'ai même pas la force de l'aider. Avec sa voix calme et ses arguments, elle arrive à m’apaiser sans pour autant faire partir l’aversion que j’éprouve envers eux.

Elle a préparé des verres ....... Allez vient on va aller boire un coup avec les gars !

Je la suis dans l'autre pièce.  Phil se lève et prend des bouteilles dans le buffet.

.........Whisky poto ?

Joss fait un signe de tête en guise de réponse. Il cherche mon regard. Je m'assois dans un fauteuil

Phil......Chérie ?

Marie .... Martini, s’il te plait !

Il se retourne sur moi

Phil......... Tu veux quoi l'emmerdeuse ?

Je le regarde droit dans les yeux les miens sont remplis de colère ...... La paix !

......... Range ton arrogance, sinon je t'en claque une en pleine face, et baisse tes yeux !

Je ronge mon frein. Je ne réponds pas, mais ne baisse pas les yeux, d'autorité il me sert un martini.

Marie...... Bon ! On peut passer une soirée tranquille ?

Phil...... Oui ma chérie, on va passer une soirée tranquille à discuter, Alex va discuter aussi avec nous !

 "Alors là pôv mec, tu peux toujours espérer ! "

Joss qui n'a pas parlé de l'après-midi croise ses longues jambes en me regardant

....... Alex regarde-moi ! Nous allons discuter calmement Phil et Marie feront les médiateurs. Ça te va ma douce ? 

J'allume une cigarette, et ne réponds pas

Joss...... Veux-tu savoir qui m'a téléphoné ce matin ?

....... Je n'en ai rien à foutre !

Vlan ! Une grande gifle chauffe immédiatement ma pommette. Je lève les yeux  

.......Tu n'as pas entendu ce que je t'ai dit ? A chaque fois que tu seras ordurière tu t’en prendras une !

Tranquillement il se rassoit

J'écrase ma cigarette et reprend direct mon paquet.

La voix de Phil ordonne. ........ Lâche-moi ça tout de suite ! La prochaine tu la fumeras quand je te le dirais !

Je balance mon paquet sur la petite table, en poussant un soupir, l'air de dire va te faire foutre. Il l'attrape et le donne à Jocelyn. 

Joss....... Je vais te le dire, et t'expliquer pourquoi cette colère

En essayant de garder le plus possible mon calme, en essayant de prendre une voix ou ne perce pas la colère

...... Non ça ne m'intéresse pas !

Phil toujours sur ce ton froid......... Tu vas écouter ce que Joss veut te dire ! Il n'y a pas que toi qui a le droit de t'exprimer. Il n'y a pas que toi qui doit être écouter.

Re-soupir

Phil........ La prochaine fois que je t'entends soupirer tu t'en prends une, tu as compris ?

Je vois Marie, lui faire les gros yeux et Phil faire ........ Tts, tts, elle se comporte en gamine elle assume !

Toujours avec ce calme apparent, je regarde Jocelyn bien droit dans les yeux.

 ..... Garde ta vie et ses secrets, ça ne m’intéresse pas ! C'est fini. Demain je rentre chez moi !

Marie me regarde avec des yeux exorbités. Jocelyn est livide. Philippe ne dit plus rien. Je reprends, avant que quiconque parle. 

.... C'est bon j'ai donné. Vous n'êtes bon qu'à ça, user de votre force. Je ne suis pas la conne de service, ni votre pushing bal ! Jocelyn on a eu des moments durs, des joyeux. Des moments de grands bonheurs. Mais il est anormal que tu laisses ton pote lever la main sur moi sans bouger, sans rien dire, en laissant faire !  Quand on sera marié, et que je ne serai pas d'accord avec toi, je me prendrais une raclée par toi et après par lui ? C'est ça l'histoire ? Non mais vous êtes des dingues ! Je démissionne, c'est bon là. Tu vois la dernière gifle est de trop !

Je me mets en boule dans le fauteuil et ne dit plus rien. Phil, remplit les verres, et me tend le mien que je n'ai pas touché. Je le regarde haineuse, et ne bouge pas d'un pouce. 

Joss ...... Discutons ma douce

 ..... Ne m'appelle pas ma douce !

.... Essayons d'en parler, sans Philippe et Marie si tu veux. Que nous deux !

.... Rien du tout ! C’est fini, tu comprends quand je parle ?

Un silence s'installe. Plus personne n'ose parler, plus personne n'ose bouger. Je tripote mes doigts en regardant par terre. 

" Oui je l'aime ce mec, mais je ne peux pas accepter ça ! Je ne peux pas m'abaisser à fermer ma bouche parce que pour parler il faut prendre des gants. Être toujours sur mes gardes, sur le qui-vive.’’

Marie me sort de ma torpeur. .......... Alex ! 

Je la regarde, sans m'en rendre compte, j'ai les yeux noyés de larmes. Les hommes ne sont plus dans le salon. Je suis seule avec elle. 

.... Alex, ma chérie

..... Oui ?

…..... Tu es en colère, tu ne réagis pas positivement. Je te connais, demain tu vas regretter tes paroles.

Je fais non de la tête, je n'arrive pas à parler. Une boule s'est bloquée dans ma gorge.

.......... Vous vous aimez trop, vous ne pouvez pas vous séparer comme ça, sur un malentendu ! 

Je respire un grand coup, essuie mes yeux et me mouche. 

......... Un malentendu ? Tu appelles ça un malentendu ?  Non Marie, je ne peux pas vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de ma tête, parce que j'aurai dit un mot de travers.

......... Alex, tu es vive dans tes propos. Je te l'ai expliqué, je pensais que tu avais compris.

.... Comprendre quoi ? 

........ Jocelyn a de tout petit toujours entendu des insultes, marié ça n'a pas changé. Il ne peut plus, ne veut plus de ça. Tu comprends ? 

Mes larmes coulent, je n'arrive pas à les arrêter. Marie allume une cigarette et me la tend. Je la remercie de la tête.

........ Essaie de comprendre Alex. Jocelyn t'aime, mais il ne peut pas tout accepter ! Imagine le contraire. Imagine qu'il t'insulte pour un oui, pour un non !

......... Il fait pire !

.... ..... Non ! Il ne fait pas pire. Toi tu l'agresses avec les mots, lui se défend en te passant des savons ! C'est de bonne guerre.

Je pousse un long soupir. Me mouche et lui redemande une cigarette, qu'elle me tend avec un sourire.

.... Alors ? 

........ Alors quoi ? 

....... Ce n'est pas vrai ce que je te dis ? Avoue que j'ai raison !

.... Mais qu'est-ce que je peux faire ? 

 ......... Essaie de réfléchir avant de parler ! Avoue que tu l'aimes ! Sois honnête.

........ Bien sûr que je l'aime.

......... Et tu vas gâcher toute ta vie, parce que tu ne veux pas prendre un peu sur toi ? Tu sais le mariage ou la vie à deux, c'est des concessions des deux côtés, pas seulement d'un seul ! C'est ça marcher sur le même chemin.

Je la regarde profondément. Mon cœur bat vite. C'est vrai, je ne me vois pas continuer sans Jocelyn. Ce n'est pas possible. De la tête je fais oui à Marie qui me sourit.

..... Je vais les chercher ? 

........ Ils sont où ? 

......... Dans la cuisine.

........ Juste Joss alors !

Marie se lève, je finis ma cigarette et l'écrase dans le cendrier, je trempe mes lèvres dans mon verre de martini quand Jocelyn arrive seul, il se place devant moi et me regarde. Je lève la tête, il est blême. 

........ Veux-tu que je t'explique ? 

......... Si tu veux !

Il me tend la main, nous allons nous asseoir sur le canapé.  

....... Ce coup de téléphone ce matin, c'était ma mère que je n'ai pas vue depuis huit ans. 

Sa voix est grave, profonde. Il parle d'un ton las. 

Il m'explique la brouille avec ses parents. Ce coup de téléphone pour me dire que son père est souffrant, que sa mère demande qu'il vienne le voir. Qu'en fait cet homme n'est pas son père. Son père c'est son oncle, celui qui lui a laissé toute sa fortune par testament avant de décéder. Que celui qui l'a élevé, ne supportait pas sa présence, sachant que c'était l'enfant de ce frère avec lequel il ne s'était jamais entendu. Mais obligé de le supporter puisqu'ils géraient la propriété ensemble.  

Comme il ne voulait pas travailler avec cet homme qu'il devait appeler Père, il a pris son héritage est retourné à Paris monter sa société. Là où il avait passé le meilleur de sa vie, si on enlevait la comédie de son mariage. 

Qu'il y a trois ans, quand nous nous sommes connus, il revenait de là-bas. Qu'il avait été mettre certaines de ses affaires en ordre. Qu'il ne comptait plus y retourner. Mais qu'avec ce problème, il allait devoir s'y rendre !

Je n'ai pas prononcé une parole, pas fait un geste. Il ne dit plus rien. Tente doucement de me prendre dans ses bras, je me laisse faire. J'écoute la mélodie de sa voix qui est redevenue chaude. De me sentir dans ses bras, un grand boum éclate dans ma poitrine. Et là ! Oui là ! A cet instant précis ! Je sais ! Je sais que je l'aime ! Je l'aime de toutes mes fibres, de toutes mes forces. Je l'aime de tout mon cœur, de tout mon corps. Je l'aime de toute mon âme.

....... Alors ma douce, qu'en penses-tu ? 

Je le regarde avec mon air d'abruti qui ne comprend pas ce qu'il dit.

Il sourit et enchaîne 

......  Où as-tu décroché ?

..... Heu, que tu revenais de là-bas quand on s'est connu

Joss, attire mon visage vers lui, m'embrasse tendrement.  Je réponds à son baiser avec tout l'amour que je peux

Une onde transperce mon corps. L'amour que je ressens pour cet homme vient de m'éclairer d'un coup.

 ......... Je t'aime mon amour. Je t'aime tant .... Ces quelques mots, il les murmure en resserrant son étreinte.

......... Moi aussi je t'aime, comme je n'aurai jamais pu imaginer aimer quelqu'un. 

Jocelyn reprend la conversation là où j'ai arrêté de l'écouter, quand mon esprit est parti vagabonder 

...... Je souhaite tout simplement savoir si tu veux que l'on se rende là-bas ? Il me faut aller voir ce qui se passe.

...... Heu bah ! Je ne sais pas. Ce n'est pas à moi de prendre la décision. Si tu veux je t'accompagne, mais seule cette décision t'appartient. 

...... Alors je vais réfléchir, de toute façon le week-end prochain nous allons visiter cette maison dont je t'ai parlé

Je fais signe oui de la tête. Il prend mon visage entre ses deux mains, elles sont chaudes, elles sont douces.

......... Oh mon amour !

Nous sommes enlacés, sans rien dire. Comme pour savourer pleinement cette découverte. 

Phil et Marie sont là à nous regarder. Phil croise mon regard, il me sourit, je le fusille.  

Phil.......Tu vois frelot, une bonne mise au point et tu auras la paix !

Joss...... Non mon ami, je ne vis pas du tout la même situation. Même si Alex s’emporte ça n'a rien à voir !

Jocelyn me regarde. Il a son regard tendre, un léger sourire aux lèvres, sa voix est chaude, sans animosité.
Et là j'ai compris, que s'en était définitivement finit avec les fessées.

Encore une fois ! C'est ce que je pensais (Je souris en écrivant cette dernière ligne) 

Le repas quoique tranquille, je suis restée sur mes gardes, et n'ai pas adressé la parole à Phil de toute la soirée. Nous ne nous sommes pas attardés, après le repas.

Jocelyn a senti, que je n'avais pas envie de rester, et nous étions pressés de nous retrouver seuls. 

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