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Alexandrine, cette étrange rencontre
8 novembre 2004

Aubaine

 

Je me prépare, donne un coup de fer à ma nouvelle robe. Jette un coup d'œil à l'ensemble de mon intérieur, rien ne traîne, je me décide à partir, quand une pensée me traverse l’esprit. Je ferme mes volets côté rue.

Je ne monte pas au bureau, je vais directement chez le directeur. Il n'est pas arrivé. J'attends dans l'antichambre.

Plongée dans mes pensées, je ne le vois pas arriver.
Mr Brandon .... Alexandrine, content de vous voir. Comment allez-vous ? 

Je plaque un sourire sur mes lèvres, essaie de détendre les traits de mon visage. Quoique mon maquillage me donne bonne mine. 

... Bien Monsieur je vous remercie. Ces quelques jours m'ont reboostée.
Mr Brandon ... C'est parfait. Dites-moi, pouvez-vous au pied levé vous absenter quelques jours ? 

........ Heu comment ça ? 

......... La direction demande que vous partiez à Lille faire un stage.

......... Heu bah oui, mais un stage de quoi ? 

......... Un stage sur le poste de management, relations humaines. N'oubliez pas que vous serez appelée à démêler des conflits de service !

.......... Mais je croyais que c'était vous Monsieur !

Il sourit ......... Oui Alexandrine, et si je ne suis pas là, en vacances, en réunion où que sais-je ? Vous n'êtes pas sans savoir que la restructuration se prépare à grands pas. Nous allons avoir un poste très stratégique.

....... Oui bien sûr.
......... Dans ce sens, je deviens directeur général, et vous êtes mon bras droit.

......... Ah mais vous ne m'aviez pas dit tout ça.
Monsieur Brandon éclate de rire ....... ... Alexandrine ce nouveau poste va vous intéresser, n'ayez crainte. Nous allons travailler en étroite collaboration.

......... Bon d'accord. Je pars quand.

De son tiroir il sort un petit fascicule où dépasse une pochette SNCF.

............ Voilà tous les renseignements. Vous partez ce soir pour être à pied d'œuvre demain 9 heures ça dure jusqu'à vendredi midi !

......... Mais c'est rapide.

Il sourit ........ Oui ! Prenez votre après-midi pour préparer vos affaires, je vous ai pris un train à seize heures quarante-huit, ce qui vous laisse du temps, vous avez à peine deux heures de trajet.

........ Mais pour me loger ? 

........ Vous êtes logée et nourrie sur place, ne vous inquiétez pas. Vous verrez j'ai fait ce stage, c'est très intéressant.

........ Bien ! Marie est au courant ? 

........ Ah non, je n'ai pas cru bon de l'avertir, vous êtes sa supérieure !

......... Alors c'est bien, inutile de lui dire quoique ce soit.

Monsieur Brandon me regarde étrangement. Il voit bien que quelque chose est changé en moi, mais il n'en tire pas de conclusion et ne pose pas de question.

…… Et Marie ?

….. Pour l’instant elle est en place, elle se familiarise, pour quelques heures allez prendre vos marques aussi !

Je souris ………. D’accord, merci monsieur

Je serre la main à mon directeur, et pars en direction de mon nouveau bureau. Personne dans le bureau de la secrétaire, la porte est grande ouverte, la mienne aussi d'ailleurs. L'équipe de ménage laisse les bureaux nettoyés ouverts.

Je m'installe dans le confortable siège en cuir, allume le pc et commence déjà par changer le mot de passe qui est en place. J'ouvre ma boîte mails perso. Quelques publicités. Un mail de mon frère Stéphane.
" Alex, que se passe -t-il Jocelyn a alerté toute la famille, tu as disparu sans que personne ne sache où tu es. Les parents se font du souci, nous aussi. Bisous petite Axouille, on attend de tes nouvelles"

Je regarde la date, ah bah d'accord le message date de 4 jours. Je réponds.
" Coucou, ne vous faites pas de soucis pour moi. Tout va bien. Demandez donc des explications à mon cher époux, il saura vous en donner ! Bisous à tout le monde Alex. "

J'ouvre ensuite le mail de Jocelyn. Oh putain il s'est fendu dans son courrier. Je lève la tête, j'entends du bruit à côté. Ça frappe à la porte qui communique entre nos deux bureaux, je baisse la fenêtre de mon ordi.

.... Entrez !

Marie arrive tout sourire, mais je vois que son regard fuyant ne suit pas.
......... Bah alors ma biche ? 

Je reste sur mes gardes, et sans sourire, sans employer un ton froid, mais pas enjoué non plus, je réponds un peu sèchement.
.......... Alors quoi ? 

De sa propre initiative elle s'assoit en face de moi et me demande où j'étais passée depuis 8 jours.

.......... En Normandie.

.......... Tu aurais pu me téléphoner, j'ai essayé de te joindre à plusieurs reprises.

......... Pour faire quoi ? 

......... Mais pour savoir où tu étais.

......... Pourquoi faire ? 

......... Mais je me suis inquiétée.

......... C'est inutile, tu sais je suis une grande fille.

........ Que s'est-il passé ? Il t'a frappé ? 

..... Ah non pas du tout, c'est bien plus subtil.
....... Et tu ne veux pas en parler ? 

..... Pourquoi faire ? Marie soit gentille, j'ai un boulot monstre pour ce début de prise de poste, on parlera plus tard si tu veux.

....... Oui bien sûr. On mange ensemble ce midi.
....... Oui si tu veux.
....... Dis, il n'y a pas de cafetière ici ? 

...... Ah je ne sais pas, bah achète en une, je te la rembourserai.

....... Oui on peut y aller ce midi si tu veux.

....... Ok, on verra.

....... Tu veux que je fasse quoi ce matin ? 

........ Tu vérifies tous les pointages depuis le 1 septembre tu imprimes les feuilles et tu mets un coup de feutre sur toutes les anomalies.

........ D'accord, je te fais ça pour midi.

Elle ressort en souriant, je lui demande de fermer la porte de communication entre nos deux bureaux. Elle est contente de savoir qu'elle va pouvoir me tirer les vers du nez et se précipiter sur le téléphone. Ce qu'elle ne sait pas encore, c'est que ce midi je ne suis pas là.

Je téléphone à l'appartement, ouf ! C'est Cécilia qui répond après plusieurs sonneries.

........ Bonjour Cécilia, Lucie et Martha sont là ? 

Cécilia ... Oh madame, je suis tellement contente de vous entendre. Non je suis seule à l'appartement. Martha est en congés et Lucie au marché.

....... Cécilia, soyez gentille préparez-moi le grand sac de voyage en mettant le plus possible de vêtements dedans.

......... Bien madame.

........ Vers 13 heures, vous irez promenez le petit au métro Trocadéro. Vous aurez le sac avec vous.

........ Bien madame.
........ Surtout pas un mot à Lucie je l'apprécie mais n'aies pas confiance. Je n'ai confiance qu'en vous Cécilia.
........ Merci madame, je raccroche j'entends la clé.
La communication se coupe d'un coup. Je raccroche.

Ça frappe à la porte, je prie d'entrer.
.......... Ma biche j'ai Jocelyn au téléphone, je te le passe ? 

....... Pourquoi faire ? Ecoute Marie tu es ma secrétaire, tu filtres mes appels et tu ne me déranges pas pour me dire que tu as ton pote au téléphone. Réponds-lui que je ne suis pas là, ou en réunion ou ce que tu veux ! Fais-lui la causette si ça t’amuse, moi je n’ai pas de temps à perdre.

J'ai parlé sèchement. Elle ne va pas venir me faire chier toutes les cinq minutes. Elle prend son rôle au sérieux ou je la fais repartir d'où elle vient, et prends quelqu'un de plus capable. La petite Audrey par exemple qui est discrète et serviable.

Je lis enfin le mail de Joss.
" Ma douce, reviens, nous allons parler, il y a un malentendu. Je t'aime. Ton mari !"

Je referme ma boîte et prends le petit livret que monsieur Brandon m'a remis. Le programme à l'air sympa. Je suis trop contente de cette aubaine, elle ne pouvait tomber mieux. Une semaine de vacances, une semaine de stage. Allez hop il va pouvoir s'occuper de sa maîtresse et me foutre la paix.

Je comprends maintenant la tonne de dossiers qu'il emmenait à la maison. Bah c'est sûr hein au boulot il n’avait pas vraiment le temps ni la tête à faire son taf. Et ce Philippe très certainement au courant qui me prêchait le grand amour que mon mari avait pour moi. Ah elle est belle l'histoire !

A midi Marie vient voir si je suis dispo pour aller manger.

......... Bah écoute nous irons demain parce que là, il faut que je finisse.
....... Tu fais quoi ? 

........ A ton avis ? 

Mon ton pas très engageant arrête net Marie dans ses questions, elle repart.
J'attends un bon moment, fume une cigarette, téléphone à monsieur Brandon pour lui dire au revoir. Nous papotons quelques instants. Je raccroche, glisse mon ticket de train et le livret explicatif dans mon sac prends mon manteau, ferme mon bureau à clé et pars en direction du forum. Je m'achète un sandwich et le mange dans le métro qui m’emmène à mon rendez-vous.

En haut des escaliers, je vois tout de suite la jeune fille. Elle est en avance et ça m'arrange bien.
Je la serre dans mes bras et l'entraîne vers un café que nous puissions nous installer et papoter un peu. Je souris, elle a mon gros sac de voyage. Elle l'a passé comme un sac à dos sur ses épaules par les poignées. Un autre sac plus petit sur le landau.

Nous nous asseyons à l'intérieur de l'établissement. Je choisis une table au fond de la salle. Je commande une eau pétillante, Cécilia un diabolo. Je prends le petit dans son landau et le serre fort contre moi. Je m'imprègne de son odeur.

........ Lucie ne vous a pas vu avec les sacs ? 

........ Non madame, j'ai vidé une partie de vos tiroirs, et de votre penderie. C'est un peu pêle-mêle je suis désolée.
....... Ce n'est pas grave.

......... J'ai mis les sacs dans la chambre du petit et juste avant de partir je les ai pris.

......... C'est parfait, vous êtes gentille.
....... Nous sommes un peu perdues sans madame. 

.......... Cécilia je vais vous donner mon numéro de téléphone ou vous pourrez me joindre n'importe quand.

........ Oui madame.
........ Surtout ne dites à personne que vous l'avez et que nous sommes en contact

........ Madame peut me faire confiance.
......... Autre chose, si jamais monsieur découvrait que vous m'avez aidée, et qu'il vous licencie, ne vous inquiétez pas, je vous prendrai à mon service. Vous ne serez pas à la rue.

........ Merci madame.

........ Autre chose encore. Dites-moi ce que fait Monsieur ? 

....... Il est très abattu, il ne rentre pas tous les soirs. Et quand il est là, il s'enferme dans son bureau. Il ne parle pas.

...... Bien, Cécilia il faut que je parte, vous avez de quoi noter ? 

........ Oui madame, mais je n'ai pas de téléphone portable et sur celui de monsieur les numéros restent en mémoire.
‘’Ah oui merde c'est vrai’’ Je réfléchis à toute vitesse, sort mon portefeuille et tends quelques billets à la jeune femme.
......... Achetez-vous un portable, vous ne le mettrez que sur vibreur qu'il ne sonne jamais. Vous me communiquerez votre numéro en sms.

......... Bien madame.

Je laisse un billet sur la table, dis à Cécilia de ramasser la monnaie et d'attendre un peu avant de sortir. Nous nous embrassons, je lui rends le petit, prends mes sacs et part au métro chargée comme une mule. Le gros sac est très lourd.

Je vide mes sacs en les renversant sur mon lit. Vite fait, je trie ce que je vais emmener. Des tenues décontractées et une tenue habillée pour au cas où une soirée de fin de stage serait programmée.
Cécilia n'a rien oublié, mon maquillage est là. Mes effets personnels, il ne manque pas grand-chose. Elle a réussi à tout tasser dans les sacs. Elle a mis de l'hiver et du demi saison, d'ici le printemps j'ai le temps de renouveler ma garde-robe. 

Je range les affaires que je n'emmène pas, le grand sac de voyage qui ne me sert à rien, je ne prends que le petit. A la cuisine je fais chauffer le restant de pizza, me sert un café et lave la cafetière. J’empoigne mon sac, ferme tous les volets, ma porte et part pour la gare du Nord. Je suis en avance mais pas grave, je ne veux pas rester dans les parages de ma maison

Lille, ah c'est trop bien, jamais il n'aurait l'idée d'aller me chercher là. Dans cette grande ville, je serai une passante comme les autres. J'ai bien fait attention de ne pas prendre de fringues de grandes marques. Bon mes jeans mais tout le monde en porte.

Une question me turlupine, comment a-t-il eu le numéro de mon nouveau bureau ? Ouais enfin je connais la réponse, ma charmante secrétaire s’est fait un plaisir de le renseigner

Le train arrive en gare. Je me laisse guider par la foule qui se dirige vers le grand hall. Je sors de mon sac le livret explicatif, regarde l'adresse du centre, et demande à un guichet.
……... Ah ma brave dame, il faut prendre le bus que vous voyez là-bas, il part dans 8 minutes. Vous descendez à l'arrêt 5 ensuite vous prenez l'autre bus, le 320 et vous descendez à la ……

Je ne le laisse pas finir et lui demande si le trajet est long.
....... Ma pauvre dame, le centre de formation est à la sortir de Lille.
....... Merci Monsieur je vais me débrouiller
Je ramasse mon sac et sors du hall, je m'avance vers un taxi lui donne l'adresse. En même pas 10 minutes je suis devant une grande bâtisse longue et basse. Nous dirions une longère, faite de briques rouges.
Je paie la course, traverse le petit jardin, et me présente à la porte " renseignements"

Une femme peu aimable derrière son guichet. Une vitre nous sépare. Je lui montre ma feuille d'admission.
........ Bâtiment C on vous renseignera.
Je ressors, un homme la quarantaine s'approche une valise à la main. 

......... Savez-vous ou se passe le stage d'informatique ? 

....... Non mais je vais à la porte C, peut-être pourront-ils vous renseigner.

A la porte C, effectivement on me renseigne sur la chambre qui m'est réservée. On me donne un polycopié sur lequel je peux lire les horaires et les renseignements concernant ce stage

Je me dirige vers la chambre, pousse la porte entr'ouverte. Oh merde deux lits. Bon je vais faire bonne figure. Personne dans la chambre. Je m'octroie le lit de gauche, défait mon sac et range mes affaires dans la toute petite armoire qui n'a qu'une étagère, et dessous une barre pour pendre les habits, pas de ceintre. Bon ça commence bien. 

Je vais voir la salle d'eau. Toute petite, une cabine de douche de lilliputien, un lavabo, un bidet, une autre porte pour les WC. 

Je range ma trousse de toilette et de maquillage dans ma petite armoire, en bas à côté de mes chaussures. Je ferme la petite serrure qui pourrait facilement s'ouvrir avec une lime à ongles. En moi je souris.

Je prends mon téléphone mon paquet de cigarettes et descends me balader dans le jardin. Les allées et venues des stagiaires donnent une impression d’animation. Je me mets sur un banc et observe ce va et vient avec amusement.

En regardant ce grand bâtiment je remarque qu'à chaque porte, il y a un panneau explicatif. J'aperçois celui qui indique le restaurant. Pas que j'ai faim, mais il faut bien que je m'alimente. 

Mes pensées vagabondent vers mon bébé. Son odeur, ses sourires. Je sens les larmes arriver. Je les refoule en reprenant ma marche. Le soir commence à tomber, j'ai un peu froid, mais pas envie de remonter dans la toute petite chambre où j'ai l'impression d'étouffer.

Certaines personnes commencent à se diriger vers le restaurant, j'y vais.
En fait c'est un self, et alors là, ça m'arrange bien. Je me mets derrière la file qui commence à se servir. Comme eux je prends un plateau, des couverts et un verre
Comme eux je me sers d'une entrée. Quelques crudités dans le fond d'une petite assiette, une vinaigrette très claire les arrose. Je prends du poulet en guise de plat, accompagné de pâtes collantes. Un ramequin contenant de la salade de fruits en boîte. 
Je me dirige vers une petite table libre. En chipotant mon plateau, je souris ‘’ Ah bah où sont les repas de Martha. ‘’
Je ne reste pas à table, je rapporte mon plateau sur le chariot destiné à le recevoir. Dans le jardin je fume une cigarette et de mauvaise grâce remonte dans la chambre.

Mon téléphone bipe, un appel de Marie qui me supplie de lui dire où je suis. Je ne réponds pas. Je règle mon téléphone sur sept heures trente. Nous commençons à 9 heures, j'aurai le temps de me préparer.
Par curiosité je regarde la petite armoire faisant face à la mienne, elle est vide. Tiens, il y a 5 ceintres dedans. J'en prends deux, et décide de suspendre ma robe et mon spencer sur un, et de mettre mes jeans sur l'autre.
je vais prendre une douche, et me prépare pour la nuit. Mince je n'ai aucune lecture. Je joue avec mon téléphone. 

J'espère que Cécilia aura réussi à se prendre un téléphone, je lui ai laissé suffisamment d'argent pour couvrir la dépense.

Les trois jours de stages passent rapidement, c'est intéressant. Nous jouons un genre de pièce de théâtre simulant des possibilités de situations qui peuvent nous arriver. Nous rions beaucoup, la prof est dynamique et sympathique.

Et voilà, c'est déjà fini. Il va me falloir rentrer, et l’idée ne m’enchante absolument pas. 

Je téléphone à un taxi pour aller à la gare.

Je me dirige vers le guichet, ma décision est prise. Je demande si je peux échanger mon retour pour dimanche début de soirée.
Le guichetier aimablement me répond qu'il n'y a pas de problème mais qu'un supplément est demandé. Je paie, prends mon nouveau titre de transport et repars.
Je traverse la rue et vais à l'hôtel en face. Je réserve pour trois nuits. On me donne une clé je monte l'escalier et entre dans la chambre qui m'est attribuée. Bon ce n'est pas un 5 étoiles, le mobilier est des plus basic, mais c'est propre, c'est tout ce que je demande. Il y a même une petite télé accrochée au mur face au lit.

Je pose mon sac sur le lit et redescends. Je vais me promener en ville. Il y a du mouvement, ça me fait du bien. Je vais dans une grande librairie, j'y passe plus d'une heure, je choisi un livre qui me paraît captivant, après quelques passages survolés

Je pars à la découverte de la ville. Je marche de longues heures. Lille est une jolie ville. Les boutiques commencent à fermer. Je cherche un petit restaurant pour mon dîner. Je tombe sur une pizzéria. Allez ça fera l'affaire. Je me régale avec une lasagne gratinée. Je ne prends pas de dessert mais un café.

Je traîne un peu. Il fait bon, ça m'engourdi. Le serveur m'apporte la note, je règle mon repas et repars en direction de l'hôtel.
Je prends une douche, enfile mon pyjama. Je cherche ce qui pourrait faire un cendrier. Je prends le verre à dents, mets un fond d’eau, et mes clopes, mon bouquin et mon téléphone à portée de main je m'allonge, et allume la télé.
Mes idées partent. Je n'ai plus d'ordinateur, j’ai offert le mien à ma fille, et celui de Jocelyn et resté à l’appartement.  Demain j'irai m'en acheter un. Que je puisse au moins surfer sur la toile et regarder ma boîte mails.
J'essaie de me plonger dans la lecture, je n'arrive pas à accrocher, je me tourne vers la télé et zappe. Je n'ai pas de nouvelles de Cécilia, et je suis terriblement inquiète. Que s'est-il passé ? A -t-elle acheté un téléphone ? M'a- t-elle trahie ? 

Je finis par m'endormir au petit matin, d’un sommeil agité. Je me lève fatiguée. Je prends une douche bien fraîche pour me réveiller et me tonifier et descends à la salle pour mon petit déjeuner.
Un buffet sympa se présente aux clients. Il y a du bon jus de fruits, j'en bois deux grands verres. Un café et un petit pain font l'affaire.
Je sors et cherche un magasin informatique. Je me renseigne auprès d'un passant. Il m'indique quelques rues, plus loin une grande enseigne.
Je m’y rends directement. Un vendeur m'aide à choisir se renseignant de l'usage que je veux en faire.
Je lui explique que c'est surtout pour surfer, échanger des mails ou autres. Un usage courant quoi ! Il me propose un modèle en promo. Je l'achète. Inutile d'y mettre une somme faramineuse pour l'utilité que j'en ai.

Je remonte à l'hôtel, demande pour connecter la Wi-Fi. La jeune femme me dit, qu'il se connectera tout seul quand j'ouvrirai.

Mi-allongée sur mon lit le pc sur mes genoux relevés, je le mets en route et appuie sur un moteur de recherche. Effectivement la fenêtre s’ouvre tout de suite. Je fais les mises à jour demandées, installe les programmes, entre un mot de passe et descends pour me restaurer. Il est pratiquement midi.

Je remonte dans la chambre, essaie de m’occuper en bouquinant ou regardant la télé. Je finis par me plonger dans le bouquin. Vers dix-neuf heures trente, je descends sur le boulevard remontant à la gare, un restaurant turc. Je prends un sandwich à la viande et un coca, je mange sur place et traine un peu dans la gargote. Impossible d’aller me promener, il pleut et l’air est froid. Je remonte au chaud dans la chambre. 

Ce matin, le temps est plus clément, il ne pleut pas, et même si l’air est frais je décide d’aller prendre l’air. Mon bouquin sous le bras, je m’installe dans un café et déjeune copieusement d’un grand crème et deux croissants

Je me balade place du Général de Gaulle, un grand marché haut en couleurs anime la place. Je m’abrutis du bruit, des étals et des badauds, fais un peu les boutiques, sans rien acheter, juste le plaisir de voir la mode.

Je vais déjeuner et me régale d’une daube et de pâtes, une crème caramel finit mon repas. Je bois un café, paie l’addition et remonte à l’hôtel.
Je prends une longue douche bien chaude, enfile mon pyjama et me glisse dans les draps avec mon bouquin, j’allume la télé, plus pour faire un bruit de fond, je ne la regarde pas.

La sonnerie de mon téléphone me sort de ma lecture. Je regarde le numéro. Inconnu. Pensant à Jocelyn je ne décroche pas. Mon pouls s'accélère. Je détourne mon esprit en me remettant à ma lecture.

Mon téléphone bipe message. J'ouvre c'est le même numéro. Le message m'interpelle.
Bonjour madame. Je suis licenciée. Martha et le petit sont chez votre belle-sœur J'attends de vos nouvelles. Cécilia.

Je suis estomaquée. Je fais répondre et tape ‘’Peut-on parler ? ‘’

J'attends la réponse qui ne tarde pas. ‘’Je suis seule je vous appelle.’’
La sonnerie se fait entendre. Cécilia en pleurs n'arrive pas à parler. J'attends qu'elle se calme. Au bout de quelques minutes je lui demande de me raconter.

En fait Joss s'est aperçu que mes affaires avaient disparues, il a questionné Martha qui n’étant pas au courant, n’a rien pu dire, Il a poussé Cécilia jusqu'à ce qu’elle lâche le morceau, mais elle n'a pas dit l'exacte vérité. Elle a simplement dit qu'elle avait préparé mes sacs sur ma demande et que j'étais venue les chercher. Il l'a licencié sur le champ, elle est dehors

Je la réconforte, lui dis de se trouver un petit hôtel pour la nuit, que je rentre dimanche, qu'elle vienne me chercher gare du Nord au train en provenance de Lille, je lui donne l’heure d’arrivée

.......... Oui madame merci beaucoup.

Je la rassure, nous raccrochons. Je m'en doutais qu'il la virerait, quel salopard tout de même, sachant qu’elle est seule et n’a nulle part où aller. Je suis complètement écœurée.  Heureusement tout compte fait que je n'ai pas pris un billet trop tard. 

Dimanche matin dès mon réveil, j’appelle Cécilia, nous parlons un peu, elle m’apprend qu’elle a pris une chambre dans un hôtel de première catégorie près de gare du Nord.

Je la rassure, lui disant que je ne vais pas l’abandonner dans la nature. C’est un peu de ma faute ce qui lui arrive. Elle va venir habiter avec moi. Elle doit prendre un nouveau tournant, elle m’a aidé et se retrouve à la rue par ma faute.

En descendant du train je cherche Cécilia des yeux. Je l’aperçois, lui fais un grand sourire. Elle a un bagage bien maigre à la main. On voit qu'elle a pleuré. Je passe mon bras sous le sien et l'entraîne. Nous allons chez moi.

En chemin elle me raconte tout, des sanglots dans la voix. La déception de ne plus s'occuper de Jonathan et de ne plus avoir de nouvelles ni l'une ni l'autre.

Je la réconforte du mieux que je peux. En arrivant, je fais du café et prie Cécilia de s'installer sur le canapé. Elle est gênée, les rôles sont inversés. Moi sa patronne, enfin la femme de son patron je la sers.
J'essaie de la mettre à l'aise.

......... Cécilia, ne m'appelez plus madame, mais Alex, vous n'êtes pas mon employée, vous êtes mon amie, d'accord ? 

Cécilia fait oui de la tête. Je continue. ..........Vous êtes ici chez moi et Jocelyn ne viendra pas, ou du moins nous n'ouvrirons pas !

Tout en buvant notre café, je lui demande quelles sont ses études.
.......... Je n'ai pas d'études, enfin pas de diplômes. Chez les sœurs ont apprend à être femme de chambre.
........ Etes-vous bonne en français ? En mathématiques ? 

......... Oui je pense. Je ne fais pas de faute, ou si peu.

......... Bien, Demain je reprends le travail, j'étais à Lille pour un stage. Je vous ramène des dossiers de concours. Ils sont un peu élevés, mais vous devriez y arriver. Vous vous exercerez, et je vous ferai embaucher dans la société. Vous aurez un métier valorisant.

........... Oh merci madame.
Je souris, et lui demande encore une fois de m'appeler Alex. 
.......... Oui d'accord.
........ Bien, vous allez habitez-là, vous prendrez la chambre de Choupette, demain vous n'ouvrez la porte à personne et ne répondez pas au téléphone. Vous pouvez sortir vous promener, vous êtes libre. N’ouvrez pas non plus les volets de la cuisine. La maison doit sembler inhabitée.

......... D'accord.

Je l'emmène manger à la pizzéria du coin, nous ne sommes pas très bavardes l'une comme l'autre. Cécilia me demande l'autorisation de ranger ses quelques effets dans l'armoire.
............. Cécilia, vous êtes chez vous, alors ne me demandez pas, et puis nous allons nous tutoyer, tu n'es pas mon employée.
Cécilia rougit, je souris. Nous rentrons.

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