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Alexandrine, cette étrange rencontre
30 septembre 2004

Qui suis-je ?

Je retourne au travail pour deux jours. Non que je ne sois pas contente, j'aime mon travail. Mais retrouver Marie et sa tête de déterrée m'angoisse un peu.

A la suite de notre journée de samedi dernier, j'ai trouvé Joss ombrageux. Il parle, il sourit, mais je sais qu'il a quelque chose. J’ai attendu le départ de sa sœur pour demander ce qui l’ennui, mais la semaine est passée sans que j’aie la possibilité d’ouvrir un dialogue.

Nous sommes dans le salon, Tout en buvant mon café et fumant ma cigarette, je pose la question qui me tarabuste.
Joss ... Mais rien, pourquoi me poses-tu cette question ? 

....... Arrête Joss, depuis samedi dernier tu es ailleurs.
....... Comment ça ? J'ai été avec vous, j'ai pris du temps pour vous sortir. Que me reproches-tu ? 

....... Je ne te reproche pas ça, je te reproche de ne pas me faire partager tes soucis.

......... Ecoute, je n'ai pas envie de débattre. Tu as parfaitement connaissance de ce qui se passe.

......... Comment ça ? 

......... J'ai longuement discuté avec notre amie, elle est malheureuse de ton attitude, elle sera marraine par obligation, elle connait ton sentiment envers eux !

Je le regarde, ne sachant si je dois rire ou pleurer

........... Tu te moques de moi là, je pense.

........ Aucunement, elle ne comprend pas, ils ne comprennent pas, cette dégradation de vos relations.

Je sens la colère monter, je sens que mon pouls s'accélère, j'essaie de respirer calmement et ne pas clacher. Je ne veux pas mettre le feu aux poudres.

......... Alors écoute, nous allons les faire venir, et nous expliquer entre quatre yeux. Je n'ai rien à me reprocher !

......... Tu n'as jamais rien à te reprocher, tout est de leur faute. C'est eux qui ont pris leur distance. C'est eux qui te battent froid, et c'est encore eux qui ne s'investissent pas.

....... C'est exactement ça !

J'ai haussé le ton, la colère gronde.
......... Baisse d'un ton ! C'est ce que tu crois, et tu en es persuadée depuis la naissance tu as tourné le dos à ton amie. A plusieurs reprises elle a essayé de te parler, de rendre les choses plus faciles, d'ouvrir une brèche.

....... Tu te fous carrément de ma gueule là, je crois !

...... Alex ne commence pas à monter dans les décibels. Je ne me moque nullement, mais essaie de faire un retour en arrière et vois les choses avec honnêteté.

......... Ah oui carrément, je dois retourner en arrière, alors que vous me serinez sans arrêt qu'il faut avancer et ne pas regarder en arrière. Je crois que vous êtes des cinglés. C'est pour ça que vous vous entendez si bien.

Joss pousse un soupir et me rappelle à l'ordre ....... Alexandrine calme-toi, et baisse d'un ton. Que n'arrives-tu pas à t'expliquer avec Marie ? Toi si franche habituellement.
....... Mais m'expliquer de quoi ? Dis-moi

........ Qu'en sais-je ? Tu allumes le feu et n'arrive pas à l'éteindre ? Tu déclares les hostilités et ne fais rien pour atténuer les choses.

Alors là, bouillante de colère je le fusille du regard et avec hargne, avec toute la rancœur que j'ai amassée je lui lance en pleine figure 
.......Cette peste, te parle de moi, mais est-ce qu'elle te parle d'elle. Est-ce qu'elle t'a expliqué le pourquoi du comment ? Est- ce qu'elle t'a dit ce qui avait déclenché mon arrêt de confidences ? Pourquoi ne rions-nous plus ensemble ? Non, alors ne me faites pas chier !

......... Modère ton langage, il se pourrait que je te calme rapidement !

La colère gronde aussi chez Jocelyn, je le sens je le sais. Malheureusement plus rien ne m'arrêtera, il veut des explications il va les avoir.

........ Ouais bien sûr, ils ont raison sur toute la ligne. Tu ne connais ni les tenants, ni les aboutissants, mais tu es sûr de toi. J'ai tort et je me la ferme ! Alors qu’elle dégueule sur moi, et ça s’appelle une amie ?

....... Je ne t'ai jamais signifié tes torts, je cherche à comprendre comment une amitié de 15 ans peut se dégrader ainsi.

......... Parce qu'avec hypocrisie la sainte-nitouche vient pleurer dans ton giron. Alors console-là, saute-là et foutez-moi la paix.
........ Je vais te fesser Alexandrine, tu vas te calmer et nous pourrons discuter !

........ Ah bah tiens, il y avait longtemps hein ! Ça te démange ?

........ Non je ne veux pas en arriver là, mais c'est le seul moyen de ne pas te faire déborder !

Je me lève, dans une colère noire. J'ai envie de lui jeter ma tasse de café moitié pleine dans sa face. Je la pose sur la table, le regarde bien dans les yeux, et lui dis d'aller se faire foutre. Trop c'est trop !

Je n'ai pas le temps de sortir du salon, Joss m'attrape par le bras, et de force m'entraîne dans son bureau. Il referme la porte m'emmène vers le petit canapé, me bascule sur ses genoux. Relève ma jupe et baisse mon tanga
Je sens la première claque tomber, je me raidis. Une série toutes les unes plus fortes que les autres atterrissent sur mes fesses. Je serre les dents, je ne pleure pas. Je me réfugie dans mon moi. Il a tout brisé. Cette entente qui tenait à un fil vient de se casser.

Il remonte ma culotte, baisse les pans de ma jupe, et me relève .... Pouvons-nous discuter maintenant ? 

Je le regarde, me dirige vers son bureau et décroche le téléphone, c'est Philippe qui répond.

......... Bonjour Philippe pouvez-vous passer à la maison, je voudrais vous parler.

......... Oui ma grande, tu veux parler de quoi ? 

........ Mais de tout.

........ Attends je demande à Marie.
Pendant que Phil exprime mon désir à sa femme, je mets le haut-parleur, je veux que Joss écoute. Et la chance joue avec moi.

...... Marie n'en exprime pas le désir.

........ Ah bon pourquoi ? Elle ne veut pas qu'on cause ? Elle préfère pleurer sur le col de chemise de mon mari ?

…… Aucune idée, pourquoi dis-tu ça ?

….. Alors elle a des choses à se reprocher ? 

...... Ecoute vos problèmes ne me concerne pas, je te la passe.

Je foudroie Joss qui ne m'a pas quitté des yeux. Je sais que sa colère n'est pas retombée, malgré tout son visage est moins sombre.

Marie ... Bonjour Alex, tu veux parler de quoi ? 

........ Mais de ce qui paraît-il nous oppose.

....... Je n'ai rien à dire.

........ Tu n'as rien à me dire, pourtant tu t'épanches largement sur l'épaule de mon mari. Pas très courageuse la copine.

Phil qui a repris le téléphone, me dit d'un ton sec ....... Nous allons en finir une bonne fois pour toute, nous arrivons.

Je raccroche en jubilant au fond de moi. J'ai les fesses qui chauffent, mais je jouie d'une joie indescriptible. Tout va passer ou casser, mais on va jouer cartes sur table une bonne fois pour tout.
Je vais à la salle de bains, tout en réfléchissant.

Je vais demander à Monsieur Brandon de permuter Marie de mon bureau, comme ça je serai définitivement tranquille. Elle ne saura plus rien du tout, et je ne me prendrai pas de rouste pour sa gueule.

Je m'appuie sur la porte de la salle de bains. J'essaie de me calmer, mon pouls bat tellement vite que j'ai l'impression que mon cœur va exploser dans ma poitrine. Je bois un verre d'eau fraîche dans mon gobelet à dents, passe un peu d'eau fraîche sur mon visage, retouche mon maquillage et me coiffe. Je retourne au salon et allume la télé, j'attends nos très chers amis.

Cécilia introduit nos visiteurs, Joss arrive en même temps. Il demande du café, je demande un verre d'eau pétillante.
Cécilia repart. J'ai la bouche sèche, et le café ne me dit rien, je suis assez sur les nerfs comme ça.
Personne ne me fait la bise, je ne bouge pas non plus. Philippe à son air fermé, Marie son air de chien battu et pour finir Joss exprime toute sa colère.
Ok je suis seule contre un jury de trois traitres. Pas de problème, je sais me défendre.

Cécilia revient avec son plateau, elle me regarde interrogative. Je lui fais un grand sourire. Joss attend qu'elle sorte de la pièce, la priant de fermer la porte.
Il me tend mon verre et offre le café à ses amis. Le silence pesant n'est entrecoupé que par le bruit des petites cuillères dans les tasses. J'ai envie de rire, de ce rire de folle, de ce rire nerveux qui ferait exploser ce pénible mutisme de nos hôtes.

Enfin Joss démarre les pour-parler ......... Bien nous voilà réunis pour mettre un terme à la tension qui règne sur cette relation dite amicale mais où tout sépare deux grandes amies. Marie veux-tu nous en parler ?

Marie regarde Jocelyn, son air malheureux donnerait envie de la secouer. Je ramasse mes jambes sous moi, et joue avec mon verre, j'attends impatiente de savoir ce qu'elle va bien pouvoir me jeter à la tête.

Marie pose sa tasse et d'une voix pleurnicharde, se lance ......... Comment expliquer l'inexplicable, du jour au lendemain Alex m'a tenue à distance. Nous n'avons plus aucune conversation intime comme avant quand je pensais être son amie.

Joss ........ Alexandrine veux-tu répondre ? 

Je le foudroie du regard, je cherche mes mots, je n'ai pas envie de choquer mais voilà le tempérament fougueux est là.

.......... Ah je peux parler ? Et après je prends des baffes par qui ? Toi ou Philippe ? Non parce que j'aimerai savoir.

Joss d'un ton glacial, qui ferait froid dans le dos de n'importe qui, réplique ............ Le sujet n'est pas là, ne commence pas à embrouiller tout le monde, et à tourner autour du pot. Tu réponds et tu t'expliques !

Je souris, je ne peux pas m'en empêcher. Ce sourire narquois, ironique que j’affiche.

........ Ah oui pardon, c'est vrai, tu dis ce qu'on attend de toi, et tu ne ramènes pas ta gueule. Allez bon petit soldat, exécute sans pinailler, le patron a parlé, non ordonné !

Je me tourne vers Marie .... Dis-moi, explique-moi de quelle conversation que nous n'aurions plus veux-tu parler ? 

Marie l'air toujours aussi triste ........ Mais je ne sais pas, reconnais qu'avant tu me parlais de tout, de ta vie, de tes soucis avec Joss, de ce que vous faisiez.

Très ironique au point que Joss fronce les sourcils, Phil change de tête ........ Ah, ok je comprends, je ne te dis plus quand Joss me tabasse ou quand il me saute. C'est ça ? 

Marie ........ Mais non pas spécialement, mais avant tu te confiais, nous ne partageons plus rien.

Toujours aussi ironique, malgré que je sache que je vais payer cher mon petit jeu.

........ Ah d’accord, je vais te dire alors, je ne savais pas que tu faisais partie de la petite gazette des peines de cœur.  Bon alors ce midi nous avons mangé du sauté de veau, après le café je me suis ramassée une rouste à cause de vous, et après je vous ai appelé. Ça va comme ça ? 
Joss d’un ton qui montre que je dépasse les convenances .......... Alexandrine ne met pas ma patience à bout !

........ Ah bah merde alors, je dois me confier ou pas ? 

Phil ne dit rien, il me regarde, regarde Joss tour à tour. Un silence s'installe que je trouble de suite.
....... Bien, ensuite que veux-tu savoir ?

Marie ....... Où tu fais exprès de ne pas comprendre, où tu ne veux pas que l'on s'explique réellement et franchement.

....... Marie, tu me racontes ta vie toi ? Tu me dis quand Phil te saute ? Quand vous n'êtes pas d'accord sur un sujet ? Quand Laurence est là ou pas ? Quand tu vas chez tes beaux-parents ?

....... Heu bah oui quelques fois.

....... Ah quelques fois, et moi je devrais te faire un rapport journalier de toute ma vie. Comme ça vous en débattez le soir avec ton mari, et le lendemain le mien est au courant de tout !

...... Mais non je ne dis pas tout à Phil et Phil ne rapporte pas à Joss. Ils sont au travail, ils ne sont pas au salon.

...... Ah bon ! Bah pourtant par Philippe tu es au courant de bien plus de choses que moi.

......... Ah oui comme quoi ? 

........ Comme quoi ? Bah tiens pas plus tard que l'histoire de son père malade et mourant, c'est bien toi qui me l'as appris ? 

Marie ne répond rien, j'en profite pour continuer

....... Votre maison à vendre et votre installation chez nous, tu m'en as parlé ? Non ! Vous m’avez mis devant le fait accompli. Et tant de choses comme ça. Par contre tu es moins timide avec mon mari, avec lui tu parles, tu te confies, tu lui fais part de tes soucis, surtout ceux que tu as avec moi.

....... Ce n'est pas juste ce que tu dis.
........ Ce n'est pas juste mais c'est la stricte vérité. Vous pensez que je n'ai pas de mémoire, mais vous vous foutez le doigt dans l'œil. Je peux te rappeler certains détails.

.......... Lesquels ? 

........ Lesquels ? Alors je vais te les dire, mais ne venez pas me faire un procès après ! Nous étions chez vous, dans votre maison, quand nous avons discuté un matin, je sais plus on attendait Jacqueline et Cie.  .... Je t'ai fait comprendre que Jocelyn me fessait comme une gamine, et t'ai demandé si Phil aussi, si c'était normal. Tu as souris et répondu, non nous avons d'autres jeux. 
Marie se décompose de plus en plus, je m'en tape je suis sur ma lancée personne ne m'arrêtera ......... Tu m'as posé tout un tas de question, avec le recul je me demande si ça ne te faisait pas bander......

Je prends une grande inspiration. ........ Mais toi, m'as-tu parlé de vos jeux érotiques ? Non, bien sûr ! Tu me parles de vos ébats amoureux ? Non bien sûr ! Et moi je dois tout te raconter c'est ça l'histoire ? 

Phil qui n'a rien dit, est blanc comme un linge et d'une voix qu'il prend pour tancer Laurence

........ Tu vas trop loin Alex !

Je hausse les sourcils et toute mielleuse ....... Comment ça je vais trop loin ? C'est la vérité mon grand ! Ça te gêne ? Bon ensuite quel est le sujet de discorde ? 

Marie ....... Tu es revenue au bureau, tu ne mangeais même plus avec moi.

Je ris, je la regarde en la prenant véritablement pour une idiote ........ Oh ! Marie tu plaisantes j'espère ? 

....... Ce n'est pas vrai ? 

....... Et pendant 6 mois tu n'as pas été mangé parce que je n'étais pas là ? 

........ Si bien sûr mais je pensais que tu serais contente, qu'on se retrouve. Je pensais bêtement que nous mangerions ensemble et papoterions, que nous avions plein de choses à se raconter.
Tout en faisant non de la tête, je la regarde droit dans les yeux, jusqu’à ce qu’elle baisse les siens

. .......... Non Marie, pas les choses que nous avions à raconter. Les choses que j'aurai pu te raconter, étaler ma vie mais toi niet. C'est toujours à sens unique, et quelques temps après j'en prends plein la gueule par mon cher époux qui mot à mot me rapporte nos conversations. Vois-tu Marie, je n'ai plus 15 ans et j'arrive à réfléchir. Alors si des conversations intimes que tu partages avec ta pseudo-amie, sont dévoilées sur la place publique, inutile de continuer. La gazette courrier des cœurs a déposé le bilan.

.......... Alex, je pense que tu ne veux pas comprendre. Je vous le dis, nous sommes tous les quatre, je me retire, je ne serais pas la marraine de Jonathan.

Je saute sur l'occasion avant qu'elle finisse. ............ Ma chérie ce n'est pas moi qui tu froisseras, c'est ton grand ami, ton confident. C'est lui qui a choisi la marraine. Donc tu restes, tu ne restes pas, aucune importance pour moi. Seulement ça prouve que j'ai raison et que tu commences à comprendre, que les torts sont de ton côté. Moi je n'ai rien contre toi, simplement ma vie je me la garde, de la même manière que tu gardes la tienne !

............ Je ne vois pas l'intérêt d'être marraine quand je suis en froid avec sa mère. Plusieurs fois j'ai essayé d'être juste avec toi pour parler, mais tu t'arranges toujours pour ne pas qu'on se retrouve seules.

Je fais mon ingénue parfaite et souriant j'invite Marie à me donner des exemples.
Pleine de ressenti elle me lance en pleine tête ............. L'autre jour j'ai profité que tu te préparais pour te rejoindre dans la salle de bains, tu n'étais pas maquillée mais tu m'as dit être prête.

........ Oh mais oui, tu as raison, qu'elle conne je suis, on aurait pu s'assoir sur le bord de la baignoire et taper la discute. Joss ne se serait pas posé de question qu'on fasse salon dans la salle de bains hein ! Ensuite ? Tu as d’autres exemples ?

......... L'autre midi, lorsque tu m'as invitée au resto j'étais contente, je me suis dit, bon on va essayer de dénouer la situation, c'est trop bête ce qui nous arrive. Mais non tu as invitée Audrey.

........ Ah merde ! Effectivement, Audrey avait bien bossé je voulais lui signifier et inviter mes deux collègues. Mais zut de zut, j'ai loupé le coche. Je n'ai pas compris, qu'il ne fallait pas inviter quelqu'un d'autre.
........ Oui tu as réponse à tout ! Et samedi ou nous ne devions être que toutes les deux, passer la journée entière ensemble, comme par hasard ta belle-sœur était là.

Je fais la fille outrée, complètement à l'ouest et cinglante ma réponse fuse au travers de la pièce.
........... Mais qu'elle conne je suis, non mais quand-même. Je ne réfléchis vraiment à rien ! Marie-Astrid n'est absolument pas concernée par le baptême. Son mari étant le parrain, qu'est-ce qu'on en a à foutre franchement. Et de quel droit je me permets d'inviter ma belle-sœur à Paris, de lui rendre ses chaleureuses invitations ? Désolée Marie de ne pas t'avoir concerté ! C’est vrai, j’aurai dû te demander la permission

Joss me coupe la parole......... Ne pousse pas Alex, essaie de comprendre le ressenti de Marie, même si tout n'est que concours de circonstance, elle se sent repoussée et tu pourrais le comprendre.

Je le fusille, qu'il aille se faire foutre.

Et du plus hypocritement que je peux, d’une voix que je fais douce .......... Alors je suis désolée, si j'ai donné cette impression. Ce n'était pas le but. Est-ce que je peux moi aussi poser des questions à Marie ? 

Joss .......... Mais évidemment.

 ......... Marie je peux ? 

........ Oui bien sûr !

......... Explique-moi Marie pourquoi quand je suis rentrée de mon congé de maternité, rien, tu ne m'as rien dit, pas un mot. Tu as changé de tête quand tu m’as vu. Autre chose, tu ne m’as rien expliqué sur le taf, il a fallu que je me démerde toute seule. J'ai retrouvé des dossiers que j'avais laissé en partant, toujours pas faits. Pas un mot de ta part. C'est Audrey qui a essayé de me tuyauter. C'est normal ? 

.......... Mais tu ne m'as rien demandé !

........ Quand tu rentres après trois semaines de vacances, je ne te mets pas au parfum de ce qui s'est passé ? Des dossiers à traiter en urgence ? 

........ Euh si bien sûr.
...... Et tu me demandes ou je te le dis de mon propre chef ? Je ne t'explique pas et ne t'aide pas à te remettre dans le bain peut être ? 

Marie ne répond pas, je l'accule et là elle n'est pas à son aise. Allez, elle me sort un petit prétexte à la con
....... Je n'ai pas osé, je pensais que tu me battais froid.

......... Ah tu pensais, et donc tu as monté tout ça en épingle. Tu allée pleurer sur l’épaule de Jocelyn, pourquoi ? Pour que je ramasse une tannée, et voilà ou nous en sommes aujourd'hui !

Cécilia qui arrive se renseigner si nous désirons une boisson. Joss regarde ses amis, Marie demande un café, avant qu'elle reparte je lui ordonne de préparer un repas pour 4 personnes.

Phil .......Inutile si c'est pour nous, nous ne resterons pas !

......... Ah et pourquoi ? 

........ Je ne pense pas qu'il soit utile que nous partagions un repas.

....... Ah oui, et ça ne vient pas de Joss, donc !

....... Non c'est gentil de ta part, mais je n'en vois pas l'intérêt !

......... Vous avez raison, parce que vous avez tellement de choses à vous reprochez que vous ne comptez pas vous rapprochez de moi, toi comme Marie !

Le couple échange un regard Marie dit.
........ Si bien sûr qu'on peut accepter l'invitation d'Alex, si ça peut arranger les choses.

........ Bah voilà !

Je me lève et vais voir les filles à la cuisine. Cécilia est là avec le bébé. Je lui prends des mains, leur demande gentiment pour le repas de ce soir, je demande à Martha des œufs au lait, je sais que Marie aime ça. Je veux leur prouver que rien ne vient de moi. Je retourne au salon Jonathan dans les bras.
Et avec cet air doucereux que j'ai pris l'habitude d'avoir.
.... Je vous emmène l'héritier Gaussien, parce que je suppose que Marie n'ose pas demander, n'est-ce pas !

Marie ........ Pourquoi dis-tu ça ? 

........ Non comme ça, juste que ma belle-sœur a été un peu sidérée du manque d'intérêt que tu as envers Jonathan.

......... Comment peut-elle juger, on ne sait pas vues plus d’une journée, et nous l’avons passées dehors !

....... Samedi quand tu es venue, tu n'as pas demandé une seule fois de ses nouvelles, Marie-Astrid tous les matins et tous les soirs, sans exception allait embrasser le petit. Voilà juste une constatation !

Je suis contente de mon petit discours, Joss regarde Marie étrangement. Commencerait-il à comprendre que tout ne vient pas de moi ? 

Phil ....... Marie n'est pas très intégrée dans la vie de ton fils, tu ne lui en parles jamais.

......... Ah merde, c'est vrai Phil. Je suis désolée de ce manquement. Dorénavant tous les matins au bureau j'avertirai Marie du pipi-caca de Jonathan.

Le petit sur mes genoux ....... Hein mon Loulou, on dira à marraine si tu fais bien ton pipi-caca

Le petit gazouille, je lui parle quelques instants en le faisant rire.
Phil ........ Tu es terrible Alex.

......... Je suis terrible en quoi ? Il va avoir six mois. Jamais Marie n'a demandé de nouvelles, pas un coup de fil quand il est sorti de l’hosto, c’est normal ?

Phil .... Jocelyn nous tenait au courant

Je ne me laisse pas déstabiliser, je contre-attaque. ........ Ah oui Jocelyn et en six mois un petit coup de fil pour me demander comment je vais ? Et Même pas me demander une photo du gosse. C’est normal aussi ?

Phil ........ Le parrain le fait ? 

Je souris ......... C'est la famille de Joss que tu attaques, pas la mienne, alors vas-y donne toi en à cœur joie. Je m'en balance, mais je vais te dire une chose. Marie-Astrid au moins une fois par semaine me téléphone pour avoir des nouvelles du petit. Elle m'a fait envoyer des dizaines de photos. Quand il dort, quand il mange, quand il pleure, quand il rit, quand il joue.  

Je tourne le petit dans leur sens, il joue avec ses mains, je lui ouvre délicatement la bouche, et froidement leur montre.
....... Voyez, il a deux dents, vous étiez au courant ? Bah chez Pierre-Henri et Marie-Astrid ils sont au courant !

Plus personne ne dit rien. Joss prend le petit de mes mains et d'autorité le donne à Marie. Je vais chercher un grand verre d'eau à la cuisine et me désaltère sur place. J'ai envie de pleurer d'épuisement. De ce jeu qu'ils m'obligent à avoir.

Je retourne m'assoir, cale mes jambes repliées et ne dis plus rien. Marie joue avec le bébé, les mecs sont partis dans le bureau. Tant mieux !

Je me perds dans mes pensées, je me perds dans l'abîme du néant. Je me vide complètement.

Après de longues minutes, je me réveille de cette torpeur, le petit, montre des signes de fatigue

... Je vais aller le recoucher si tu veux.

Marie ........ Je peux le faire ? 

Plus sèchement que je l’aurais voulu je réponds ........ Evidemment.

Nous allons à la chambre du petit, je vais prévenir Cécilia qui aide Martha à la cuisine.

Martha........ Madame, nous avons fait des ravioles fraîches.

....... Sublime Martha merci beaucoup.

La brave femme me sourit, je rejoins Marie au salon, qui avec pudeur ou gêne je ne sais pas, ne me regarde pas. Je m'assois en face d'elle dans un large fauteuil et me mets à mon aise.
..... Que veux-tu faire Marie ? 

........ Heu je ne sais pas et toi ? 

....... Parler, que veux-tu faire d'autre ? Ou regarder la télé.

.......... On ne s'est pas tout dit ? 

....... Ah je ne sais pas. Peut-être veux-tu parler de choses qui ne concernent pas nos maris.

....... Qu'est ce qui t'a changé autant ? Je suis toujours la même ; Alex, c'est toi qui as changé.

........ Non Marie ! J'ai grandi, je réfléchis du haut de mes trente ans, pas de mes quinze ans. Et non je n'ai pas changé, je suis devenue celle que vous vouliez.

....... Non, je ne t'ai jamais demandé de changer. 

......... Mais si Marie, consciemment ou inconsciemment tu as fait comme les autres, tu voulais que j'aie un autre comportement, que je montre une autre image de moi.

........ Ce n'est pas vrai, mais bon si tu le penses

..........  Marie, quand tu me disais, ne fais pas ci, ne fais pas ça, ça ne va pas avec toi. Arrête de parler comme ça tu n'es plus une gamine. 

........ Alors je suis désolée, je pensais t'aider pas te changer.

....... M’aider en quoi ? C'était bien pour que je change d'attitude, d'habitude.

........ Oui dans un certain sens.

........ As-tu essayé une seule fois, de mettre mes baskets et de traverser un bout de chemin m'appartenant ?  Non, tu étais comme les autres persuadée qu'avec tout ce que j'avais pour être heureuse, les torts étaient à ma charge.
.... Non je t'écoutais, j'essayais de te conseiller t'expliquer. Est-ce à cause de moi, que vous vous êtes disputés avec Joss ? 

........ Sans te vexer, cela ne te regarde pas. Parlons de tout ce que tu veux, sauf de mon mari et ma vie avec lui.

Marie a un léger sourire, plutôt une crispation, en tout cas son visage n'est plus aussi rembruni, elle a l'air de se détendre un peu. 

J'essaie d'être moins crispée, de ne pas parler avec cette méchante ironie. Je veux amener un sourire à Marie, avant que les mecs arrivent pour leur prouver que ce n'est pas moi.

Je deviens tellement calculatrice, tellement hypocrite que j'ai honte de moi. Mais il est certain qu'ils ne m'auront plu et que je vais jouer dans leur sens. Qu'ils me foutent tous la paix. Je vivrais pour moi, et basta. Je vais me défoncer au taf, je vais vivre ma vie en égoïste

Marie essaie de continuer sur cette lancée, elle creuse plus en avant dans les explications. Je vais dans son sens, sans le dire ouvertement, je lui fais comprendre, que oui tout est de ma faute, entièrement de ma faute. Qu'elle se retrouve dans la peau de la pauvre petite accusée injustement. Que franchement je ne suis pas cool, de lui attribuer tous ces griefs, toutes mes peines, alors qu'elle a toujours été présente pour moi. Que je me suis imaginée des choses qui n'existent pas Que tout est effacé, oublié, jeté au feu. Que nous allons repartir du bon pied.
Je la supplie de revenir sur sa décision, d'être la marraine du petit. Que j'ai une entière confiance en elle et son mari.

Je m'excuse platement de l'avoir fait souffrir. Que je tiens à son amitié si profonde, que je ne veux pas perdre cette grande sœur si gentille.

Bref, je me construis un personnage totalement à l'inverse de ce que je suis. Ma franchise, ma loyauté envers les gens, mon intégrité presque absolue, fini tout est parti aux oubliettes. Cette éducation que j'ai reçue et qui prohibait le mensonge, et l'hypocrisie, terminée aussi. Je rase tout et devient cette nouvelle Alexandrine.

En mon for intérieur, j'ai honte, je suis dégoûtée de ce jeu, qu'ils m'obligent tous autant qu'ils sont à jouer. Mais tant pis, s’il faut passer par là pour avoir enfin une paix relative, alors je le ferais !

Les hommes nous retrouvent à discuter presqu'à bâtons rompus. Enfin c'est l'image que l'on pourrait donner. Je laisse Marie monologuer, en faisant de temps à autre.

......... Oui c'est vrai. Ah oui tu dois avoir raison. Oh mais oui bien sûr. Sans rien rajouter de plus. Inutile après que j'entende que j'ai dit ci ou ça.

Jocelyn souriant, propose l'apéritif.
Phil ......... Alors les filles, ça va ?

Je devance Marie ........ Ah oui très bien, n'est-ce pas Marie ?

Marie d'un sourire encore un peu timide, mais le visage décrispé, rassure son mari.

Pendant le repas, je ne parlerai que très peu, juste je répondrai quand on s'adresse à moi. Sitôt nos pseudos amis partis, j'irai me coucher sans un mot de plus. J'ai encore cette fessée en travers de la gorge, et celle-là, elle ne passera pas facilement.

Dès lundi, arrivée au bureau je suis gaie, bavarde de tout de rien, des informations, du temps, de la dernière robe à la mode. Je fais participer Marie malgré elle, en lui demandant son avis.

Joss me téléphone le mercredi matin pour savoir si j'ai mes jours. Je réponds par monosyllabes. D'une part parce que je n'ai pas envie de lui parler, je lui bats froid depuis samedi, et de deux, parce que Marie ne perd pas une miette de mes réponses. J'ai d'ailleurs basculé tous les appels sur mon poste.

Je m'organise pour distribuer les dossiers par priorité, à Audrey, les plus simples pour qu'elle se fasse la main. Je vérifie tout et gentiment lui explique les erreurs, qu'elle ne les renouvelle pas. A Marie, les ardus qui lui prennent plusieurs jours. Je lui ai présenté comme un service que je lui demandais. Lui expliquant toute la confiance que j'avais en elle, et sa faculté de travailler parfaitement et rapidement.
Allez hop emballé, c'est pesé ! Les filles d'à côté font le reste. En milieu d'après-midi justement ce mercredi, je suis sortie fumer une cigarette dehors, sans rien dire. Et suis allée voir le directeur.

Je l'ai prévenu du baptême pour dimanche, en lui posant mon vendredi et mon lundi. Il est prévu que nous partions vendredi matin pour la maison. En demandant mes congés, je précise que Marie étant de la partie, elle posera certainement aussi des jours.
Mr Brandon a souri .... Alexandrine, je me doute bien que ce n'est pas l'une sans l'autre à quelques exceptions près !

Ensuite, je lui ai expliqué que je ne comprends pas, ce foutoir au bureau, que je ne suis vraiment étonnée que rien n’ait été réglé pendant mon absence.

Monsieur Brandon très étonné de mon mécontentement, me demande des explications. Ravie du tour que ça prend, je lui rétorque d'un air faussement coupable, que j'ai retrouvé après pratiquement 6 mois d'absence, les mêmes dossiers en attente et toujours pas résolu. Que c’était inadmissible que personne ne dise rien, ne s’occupe de rien.

Mr Brandon ... Bien Alexandrine ! Voulez-vous que je fasse une réunion pour remettre les choses à plat ? 

Moi ... Heu je ne sais pas franchement, je ne veux pas que mes collègues soient réprimandées. Bon allez, ce n'est pas grave, je vais m'atteler sérieusement au travail.
Et je lui explique que j'ai mis Audrey sur des dossiers simples, et partagé entre les filles d'à côté.

Mr Brandon ........ Bien Alexandrine, je sais que vous ferez de vôtre mieux. Je voudrais vous parler d'une chose importante, mais passez le baptême de votre petit, et nous verrons ça à votre retour.

........ C'est grave Monsieur Brandon ? Parce que maintenant je vais passer un sale baptême, je vais faire que penser à ce que vous avez à me dire.

Mr Brandon sourit ......... Non mon petit il n'y a rien de grave. Vous savez que le chef de service part à la retraite à la fin du mois

........ Oui bien sûr, je pensais d'ailleurs que c'était fait.

........ Non il est en retraite au premier novembre.
....... Ah d'accord, c'est bien alors non ? 

........ Oui c'est bien, et la direction nous demande de faire des propositions pour occuper son poste.

Mon pouls s'accélère d'un coup. Je le regarde droit dans les yeux, un peu mal à l'aise. Il continue de sa voix souriante.
........... Il va y avoir un petit remaniement, j'ai donc proposé votre candidature.
Je suis abasourdie. Je n'en reviens pas. J'ouvre la bouche et aucun son ne sort.

Mr Brandon ........ A mon tour je voudrais que vous me proposiez une responsable capable de vous remplacer.

........ Heu bah, heu, bah je n'en sais rien Monsieur.

Mr Brandon .......... Pensez-vous que madame Dabarino serait à la hauteur ? 

Que dois-je faire ? Je lui casse sa carrière ou pas ? J'ai ma vengeance à portée de main. Je suis entre deux chaises, je fais une pirouette à mon directeur.
.......... Monsieur Brandon, il est difficile de vous répondre comme ça. Permettez-vous que je réfléchisse ? 

.......... Mon petit, vous avez jusqu'à fin de semaine prochaine.  Plus haut ils commencent à éplucher les dossiers. N'oublions pas qu'au secrétariat il y a madame Ferrand qui est proposée, mais j'ai des arguments pour contrer son dossier.

.......... Mais franchement vous me voyez chef de service ? Monsieur Brandon vous n'êtes pas sérieux.
Le directeur éclate d'un rire franc ....... Alexandrine si vous n'êtes pas à l'image du poste, alors il n'y a personne. Vous connaissez le travail parfaitement, vous gérez une équipe qui roule sans jamais de problème. Vous avez installé un climat de confiance entre les filles. Au secrétariat, je reçois tous les jours des pleureuses ! Quant aux autres bureaux il n’en est pas question !

Je ne sais pas quoi répondre, je suis tellement surprise de cette nouvelle.

Mr Brandon ... Maintenant j'ai quelques doutes sur votre amie, si vous me signalez qu'en votre absence rien n'a été fait de concret.

........ Marie bosse bien, Monsieur Brandon, je lui accorde toute ma confiance, mais a-t-elle l'étoffe d'une meneuse pour être responsable de bureau ? Je ne sais pas.

........... Il est certain qu'elle n'a pas vôtre tempérament.

Je souris. Le directeur me demande, de ne rien dire pour l'instant. Qu'il me tiendra au courant, mais qu'il faut éviter les bruits de couloirs.

...... Oui bien sûr Monsieur, ne vous inquiétez pas. Et si au cas où je changeais de poste, il y a moyen que Marie me suive ?   

......... Si évidemment, vous auriez le droit de choisir votre secrétaire, je ne pense pas que cela pose problème. Sera-t-elle à la hauteur ? Hum !

.......... Aucune idée monsieur !

.........J'argumenterai que vous êtes un tandem qui travaillez toujours de concert. Nous verrons à ce moment-là

....... D'accord Monsieur le Directeur, je vais réfléchir à tout ça, et on en reparle si vous voulez bien dans une semaine.

........ Parfait Alexandrine. Vous aurez ensuite une semaine avec le futur retraité, pour qu'il vous explique un peu la fonction
Je ris ........ Ah d'accord, mais attendez un peu, je n'ai pas encore le siège.
Mr Brandon sourit ........... Alexandrine, c'est comme si c'était fait ! Dites-moi comme se portent le petit héritier, et votre époux ? 

En souriant je lui donne des nouvelles de mon fils et mon mari. Il me dit, de faire toutes ses amitiés à Joss.
Avant de le quitter, je lui demande s'il serait possible d'avoir une intérimaire quelques temps pour remettre tout le retard en ordre ? 

Mr Brandon .......... Allez, je vais vous offrir cette faveur, le secrétariat va un peu rouspéter ! Dès lundi vous aurez quelqu'un. 

Je me lève, lui serre la main avec un grand sourire et le remercie chaleureusement.
En traversant la cour, je me remémore les paroles du directeur, je n'en reviens pas. Moi chef de service ? La tâche est lourde si on la prend à cœur. J'ai envie de danser là tout de suite, de crier de joie. 

Je prends le temps de fumer une cigarette avant de remonter. 

En entrant semblant de rien, j'annonce aux filles que nous aurons une intérimaire dès lundi.
Marie ......... Ah bon, pourquoi ? 

......... Nous avons trop de retard, et on ne va pas faire 10 heures par jour. Je suis donc descendue en parler avec Monsieur Brandon.

......... Mais tu lui as dit quoi ? 

Mentant effrontément je lui souris ...... Bah que vous faisiez le maximum mais que le chef de service ne vous secondait pas, que tu étais obligée de faire mon taf quand je n'étais pas là, donc que tu ne pouvais pas être à la foire et au moulin. Du coup un grand retard s'est amassé.

Elle pousse un grand soupir de soulagement. Je lui souris toujours

.... Je n’ai pas fait d'impair j’espère ? 

........ Non, non tu as eu raison.

Elle me fait un grand sourire, et me remercie. Allez hop emballé c'est pesé. Innocemment je lui fais remarquer qu'elle ne m'a pas donné sa feuille pour ses jours à prendre.
........ Mes jours à prendre ? 

Un petit sarcasme......... Vous reprenez la route dimanche après le baptême ?

........ Ah heu bah non, je ne pense pas. Il dit quoi Joss ? 

......... Joss ? Pourquoi Joss ? 

 ........ Je ne sais pas, Phil ne m'a rien dit. Donc Joss a dû t'en parler.

J'éclate de rire et la regarde en faisant la fille qui ne comprend pas.

........... Mais ma chérie, tu n'es pas mariée avec Jocelyn, tu prends les jours que tu veux. Je pense tout de même que Phil ne travaillera pas lundi, enfin je n'en sais rien. Demande-lui, ou demande leur.

……... Oui je verrais ça ce soir avec Philippe

Sur ces quelques paroles, je ramasse mes affaires, et dit aux filles que je pars, que j'ai des choses à faire. Sans plus d'explications.
Je vais traîner au forum et boire un diabolo avant de rentrer jouer un peu avec mon fils, et passer une soirée morose.

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23 septembre 2004

Ma nouvelle alliée

Joss m'amène une tasse de café au lit. D'un doux baiser sur mes lèvres il me réveille.

......... Ma douce, il va être l'heure de te lever.

Je m'étire en poussant des grognements de femme assouvie. Assis sur le bord du lit il me sourit. Je me réhausse et attrape la tasse, que je bois en soufflant dessus.
......... Il est quelle heure ? 

....... L'heure de te lever petite paresseuse. 

Je me penche et pousse un ...........Oh mais il est neuf heures et demi.

Joss rit ........ Hé oui jeune dame, il est temps d'aller te préparer, n'oublie pas ton invitée.

D'un bond je saute du lit, et vais chercher mon portable dans mon sac, j'envoie un sms à Marie

" Pas là aujourd'hui, on se retrouve samedi à la maison. Bisous ma biche"   

Hop j'envoie le message. Je file prendre une douche rapide, me maquille, me coiffe, et sors de la salle d’eau. J'aperçois Joss dans son bureau, du bout du couloir je lui dis.
........ Un café chéri ? 

Il lève la tête .......... J'arrive ma douce.

Je pars à la cuisine, servir nos cafés, la nouvelle aide de Martha est en train d'éplucher des haricots verts. Joss arrive, j'allume une cigarette.
.......... Ma douce, avec Marie-Astrid il n'est pas question que vous mettiez l'appartement comme un fumoir.
......... Mais mon chéri, nous irons nous enfermer dans ton bureau

......... Il n'en est certainement pas question !

J'éclate de rire, devant son mécontentement....... Allez râleur arrête de t'agacer, Marie-Astrid sera suffisamment occupée pour ne pas fumer plus que de raison. C'est l'ennui qui fait que !

........ Hum, nous verrons. Il nous faut partir.
Je me lève. Dans l’entrée j’enfile mon manteau, prends mon sac. Nous voilà partis en direction de l'aéroport.

Machinalement je regarde mon téléphone portable, savoir si Marie m'a répondu. Rien, aucun message. Je suis légèrement vexée, mais ne dit rien à Jocelyn qui est absorbé dans sa conduite. La circulation est dense, je le vois agacé, il pianote sur son volant.

Nous arrivons juste pour l'atterrissage de l'avion, main dans la main, nous courrons jusqu'à la porte de débarquement. Ouf personne encore, aucun passager. Le tapis à bagages n'est même pas actionné.

Nous patientons que très peu de temps, les premiers passagers arrivent et se positionnent devant le tapis qui se met en marche. Jocelyn s'approche, regarde quelques étiquettes, et soulève une valise en cuir. Je vois Marie-Astrid en tailleur bleu marine, corsage blanc fermé jusqu'au col. Elle presse le pas.

Je fais de grands gestes du bras, quand elle m'aperçoit, son visage s'illumine, nous tombons dans les bras l'une de l'autre. Je suis tellement contente, que je retiens mes larmes avec peine. Jocelyn l’embrasse avec pudeur. Nous allons à la voiture.

Marie-Astrid babille comme une enfant, s'étonnant de voir autant de circulation, de boutiques sur les boulevards. Jocelyn engage la voiture dans le parking souterrain. Nous montons à l'appartement.

Je conduis ma belle-sœur à la chambre d'amis que Lucie a préparé à la demande de Martha. Jocelyn dépose sa valise sur la commode. Je demande à la jeune femme si elle veut se rafraîchir et la conduit jusqu'à la salle de bains. Je retourne au salon ou Joss nous attend.

Marie-Astrid arrive accompagnée de Martha. Elle s'est changée pour le déjeuner. Nous prenons l'apéritif tout en bavardant. Marie Astrid demande le programme pour cet après-midi. Elle veut tout voir, tout visiter, elle me fait rire.
Son frère sourit .......... Marie-Astrid, ce n'est pas en huit jours que tu pourras visiter Paris.

......... Comment ça ? Mais si Jocelyn je ne peux repartir sans avoir tout visité.
Je ris ......... Marie Astrid, nous allons faire le principal et tu reviendras au printemps aux beaux jours. Maintenant que tu as su prendre l'avion tu pourras revenir, quand tu veux.
.......... Ah oui l'avion, oh ma chère c'était un délice. Pierre-Henri m'a abreuvé de recommandations, mais je m'en suis bien sortie, pour une provinciale jamais sortie de chez elle.
......... Tu es super Marie Astrid, formidable.

Joss ........ Bien passons à table, nous irons à la tour Effel et aux Champs de Mars ensuite.

Ma belle-sœur frappe dans ses mains doucement en riant sous cape......... Merci mon cher frère, c'est une grande première et une grande joie.

En arrivant dans la salle à manger, elle ouvre de grands yeux et restent plantée. Je la pousse doucement.

.......... Vous avez un appartement merveilleux.

........ Je n'ai rien touché, c'est uniquement la décoration de ton frère.

Joss se rembrunit........ Ma douce, si tu avais voulu y apporter ton goût, tu aurais pu.

Je sens comme un reproche, je lui offre un beau sourire .......... Ah non mon chéri, cet appartement est à ton image, et je l'aime.
La pression d'une seconde qui a envahi Joss, redescend et d'un air taquin il me demande.

.......... Qu'aimes-tu ma douce ? L'image que je représente ou l'appartement qui est à mon image ? 

......... Mais c'est de ton appartement que je suis tombée follement amoureuse. 

Marie Astrid pouffe de rire, sa serviette devant sa bouche ....... Vous êtes si drôles tous les deux.

Lucie arrive avec un plat garni de tranches de saumon fumé. 

M.A ......... Oh merci Jocelyn de t'être rappeler que j'apprécie tout particulièrement ce plat.
 ......... Que nenni, ma chère, tu dois le repas à Alexandrine.
 ....... Tu es si charmante, ma très chère sœur

 ……. Mais non, j'aime faire plaisir aux gens que j'apprécie. Pas de quoi passer notre temps à nous remercier.

Marie Astrid approuve, nous mangeons tout en parlant, enfin surtout M.A et moi, Joss sourit de me voir m'animer et de voir sa sœur dans un autre contexte que cette maison austère.  

Sitôt le déjeuner fini, Joss nous prévient qu'il va passer un coup de téléphone et qu'il sera à nous pour le restant de la journée. J'emmène M.A dans la chambre du bébé.

Cécilia nous sourit, je lui demande si le petit dort…….... Je viens juste de le coucher, il gazouille.

Je me penche sur le berceau et tends les mains vers lui, il me sourit, ses deux petites dents pointent. Je le prends et le donne à ma belle-sœur. Elle est en extase, de son index elle lui fait des guilis sous le menton. Il sourit de bonheur. 

M.A ... Comme il ressemble à Jocelyn petit.                     

…..... Oui et le même tyran.

Nous rions, Cécilia se joint à nous. M.A me tend le bébé que je recouche. En sortant nous l'entendons pleurer.

M.A ...Il n'est pas content ce petit, je suis désolée, nous n’aurions pas dû le déranger.

........ Cécilia, s'en occupe très bien, elle va le consoler.

Nous allons au salon attendre Jocelyn, tout en bavardant. J'apprends à M.A que samedi Marie viendra ici et nous partirons faire les courses toutes les trois.

M.A ... Vous n'avez pas de chauffeur ? 

Je la regarde, j'ai envie de rire ......... Ah non, le métro est en bas du boulevard, et de plus Joss conduit très facilement dans Paris.
....... Oui le métro nous le prendrons ? 

....... Bien sûr, j'espère que cela ne t'ennuie pas.

........ Oh non pas du tout, au contraire, j'aurai tellement de choses à raconter à mes amies pour une fois.

En moi je me dis, quel gâchis, à bientôt quarante ans, elle n’a rien vécu cette pauvre fille. Malgré ses airs guindés, je l'adore, elle est naturelle, franche et loyale. Dommage que la distance nous sépare autant, et dommage que je m'ennuie à cent sous de l'heure chez eux.

Joss nous rejoint, nous buvons un café et partons. Depuis qu'il est sorti de son bureau je le sens un peu contracté, j'essaie de détendre l'atmosphère, mais rien n'y fait. Il nous emmène à la tour Effel. Après une bonne vingtaine de minutes, enfin nous prenons les tickets. Nous attendons un peu devant l'ascenseur. Je cherche la main de Joss. Nous montons au deuxième étage. Comme j'ai un peu le vertige, je ne m'approche pas trop du bord. Jocelyn explique le tout Paris à sa sœur qui ne se lasse pas, de regarder la Seine et ses abords, d'admirer la coupole ou Notre-Dame qui est si petite de là-haut. 

Je fini par m'assoir sur un banc en les attendant presqu'une heure. Enfin, ils reviennent. Marie Astrid à les joues roses et les yeux brillants de plaisir. Joss nous emmène pour une balade sur le Champs de Mars. Elle pose quelques questions, Joss répond sans hésitation et fait un petit cours à sa sœur, sur cette place révolutionnaire.
Nous reprenons la voiture, notre chauffeur d'un jour nous emmène à Montmartre. Nous tournons un peu pour trouver une place. Joss nous conduit au funiculaire. Marie Astrid est aux anges. Nous allons main dans la main et mon bras sous celui de ma belle-sœur  
Joss de sa voix chaude explique que Montmartre est en fait un nom se rapprochant de Mons Martis, ou le Mont de Mars. L'époque gallo-romaine avait dédiée un temple à Mars le dieu de la guerre. Ce temple se trouvait sur la bute à la place de l'église Saint-Pierre. Au fil des siècles le Mons Martis devient au IXe siècle le Mons des Martyrs, qu'il faut savoir qu'en romain Martyrs se disait Martyrum. Une déviation populaire en fut le mont de martre ... signifiant toujours martyr en ancien français. Ce qui se traduit de nos jours par Montmartre.

Marie Astrid écoute son frère bouche-bée et lui demande comment il peut savoir autant de choses.
Joss en riant ………. Ma chère sœur, je ne lis pas que des magazines de mode ou people.

Il nous emmène visiter cette belle basilique, dans laquelle je n'étais jamais entrée. Je suis saisie de la beauté intérieure. Nous en faisons le tour, Joss chuchote et je n'entends pas trop les explications qu'il donne. 

En ressortant nous allons sur la place des peintres, Joss nous offre un verre. Marie Astrid nous dit qu'elle a mal aux pieds, qu'elle n'a jamais autant marché. Je ris, lui précisant que Paris c'est beaucoup de marche.

Evidemment avec ses petits escarpins, même s’ils sont à talons plats, ce n'est pas la meilleure façon de se chausser pour des balades comme ça.

Le soir commence à tomber. Joss nous demande si nous voulons manger sur Paris.

M.A ........ Oh mais si le personnel a préparé le repas ?

Joss ........ Aucune importance, ne t'en fais pas pour des choses comme ça. Détends-toi un peu.

Marie Astrid sourit à son frère, je la sens heureuse d'être là. Demain je lui ferais acheter une tenue plus adéquate pour nos visites.

Joss ........ Ma douce, as-tu une préférence de restaurant ? 

.......... Nous pourrions emmener ta sœur à la péniche.

........ Excellente idée, je vais téléphoner, je crains qu’il ne faille réserver.

....... Oh tu crois, nous sommes en pleine semaine.

Joss sort son filaire et cherche le numéro du restaurant. De son stylo il note le renseignement sur le ticket que le serveur a posé dans la petite soucoupe.
Il téléphone et réserve pour 3 personnes, remercie et raccroche.
Le dîner sur la péniche tout en navigant sur la Seine, enchante au plus haut point ma belle-sœur. Elle s’extasie sur tout
Nous rentrons à plus de minuit. Elle est intarissable dans la voiture. Elle se confond en remerciements de cette si belle journée.
Je souris, nous arrivons. Je suis un peu fatiguée.

Je lui laisse la salle de bains et occupe la douche de mon chéri. Pendant qu'il se lave les dents, je me douche vite fait et enfile son peignoir en éponge, prends une brosse à dent neuve dans le placard. Je vais mettre un pyjama dans la chambre. Joss arrive les cheveux humides. Il a pris une douche. Nous nous couchons dans les bras l'un de l'autre.
En étouffant un bâillement je dis à Joss ........ Je crois que ta sœur va bien dormir.  

En riant il répond ......... Je le pense aussi. Allez ma douce dors aussi. Demain je vais au bureau, je rentrerai de bonne heure pour profiter avec vous.
Moitié endormie je fais ........ Hum d'accord.

Je me lève, Joss n'est plus dans le lit, je vais à la cuisine déjeuner. Je demande à Martha si ma belle-sœur est levée. Elle me dit non.
J'avale mon café et fume tranquillement une cigarette. Je vais me préparer rapidement. En retournant à la cuisine boire un autre café, Lucie qui vient d’arriver pour son service, me dit que Madame est dans la salle à manger. Je la remercie et rejoins M.A

Nous nous embrassons, nous demandons l'une l'autre si nous avons bien dormi. Elle me fait rire.
......... Oh ma chère j'étais si fatiguée que je me suis endormie, la tête touchant à peine l'oreiller. Il est vrai qu'au domaine, à part faire de l'embonpoint je n'ai pas beaucoup d'activités.

Je lui souris ......... Oui la vie parisienne est trépidante, toujours quelque chose à faire. Mais vois-tu nous sommes tellement habitués que nous ne sortons pas autant que tu pourrais le croire.
.......... De plus tu as une vie remplie, avec la chance d'avoir une activité de surcroît plaisante, d'après tes dires.

........ Pourquoi ne t'occupes-tu pas aussi ?

......... Comment veux-tu ?

.......... Je ne sais pas, créée une association caritative ou autre, ouvre un petit commerce. Que sais-tu faire ? Quelles sont tes connaissances ? 

........ A part mon baccalauréat, ne crois pas, je ne suis pas allée plus loin. Dans notre monde les filles n'ont pas besoin d'études puisqu'elles sont faites pour donner une lignée du nom qu'elles portent à leur mariage.

Mon dieu, mais dans quel siècle ils vivent ? Je lui souris, et lui suggère de chercher une idée. Que nous allons trouver ce qu'elle pourrait aimer et qui l'occuperait. Elle me remercie avec beaucoup d'émotion. Je lui propose d'aller se préparer, pour que nous sortions nous promener avant le déjeuner. Elle acquiesce en souriant.

Bras-dessus, bras-dessous je lui soumets d'aller se balader sur les Champs Elysées et de faire du lèche-vitrine. Comme à son habitude, en riant sous cape et tapant délicatement dans ses mains comme une petite fille, elle me remercie chaleureusement en faisant une pression sur mon bras. 

Moi ......... Nous allons descendre par ce trottoir, et remonterons pas l'autre, qu'en dis-tu ? 

........ Mon amie, je m'en remets entièrement à toi.

Je l'entraîne, nous rions, en regardant les vitrines, commentons, ironisons gentiment. Je lui propose d'essayer quelques fringues. Avec empressement elle accepte. Je réussis à la décider à se prendre une jolie robe, style cocktail dans des tons vieux rose. Des escarpins un peu plus hauts que les siens, la vendeuse m'aidant de ses précieux conseils, argumentant qu'un talon plus haut allonge et affine la jambe. Marie Astrid marche de longues minutes en long et en travers sur la moquette du magasin. Je souris.

Je l'emmène ensuite dans une boutique plus sportive et lui fait essayer un pantalon à la taille élastique et un sweat, j'arrive même à lui faire prendre des baskets. En ressortant de la boutique nous sommes prises d'une crise de fou rire que nous ne pouvons plus arrêter. Imaginant sa vieille bique de mère voire sa fille ainsi attifer. Nous nous calmons en arrivant au métro.

Marie Astrid va porter de suite ses paquets dans sa chambre. La table est mise à la salle à manger, je soupire de mécontentement, mais comment faire, je ne peux obliger ma belle-sœur à manger avec le personnel, son frère me tuerait.

Tout en déjeunant j'en glisse deux mots à Marie-Astrid, innocemment je lui avoue que ça me fait drôle de manger dans cette grande salle. Elle me regarde étonnée

... Mais tu prends tes repas où habituellement ? Je ne veux pas troubler tes habitudes.

Je prends le parti de sourire .... D'habitude seule je mange à la cuisine avec Lucie Martha et Cécilia, je pars du principe que de traverser tout l'appartement pour me servir ne sert à rien.
Elle me regarde de ses grands yeux rieurs, tout en restant sérieuse ... Ah bon ! Tu ne profites donc jamais de cette si belle pièce ? 

....... Si le soir avec ton frère.

........ Veux-tu que nous déjeunions à l'office avec le personnel ? 

Je la sens très hésitante, mais en fille de bonne famille ne voulant pas perturber mes petites manies, elle se sent obligée.

........ Ah non ma chérie, pas si cela te gêne.

........ Nous pouvons essayer, pourquoi pas, cela doit être drôle.

Bon bah si elle prend ça comme un amusement pourquoi pas hein !

........ Veux-tu ? Oui ? 

Elle se lève ........ Allons-y

En riant comme des gamines nous emmenons assiettes, verres et couverts à la cuisine et nous asseyons à la table. M.A les yeux rieurs me regarde intensément. Je ne sais pas trop ce qu'elle pense à ce moment précis.
Lucie nous regarde comme si nous descendions de Mars, Martha se récrie

........ Madame, je vais me faire attraper par monsieur, si monsieur sait que madame a mangé avec son invitée à la cuisine.
Je fais un petit clin d'œil à Martha, tandis que Marie Astrid de sa petite voix demande

........ Ah bon vous racontez tout à mon frère ? 

Martha ........ Non madame, nous taisons les habitudes de Madame Gaussien mais monsieur arrive toujours à nous faire dire ce que nous ne voudrions pas.

Marie Astrid espiègle .......... Et bien vous pourrez toujours lui rapporter que nous avons mangé à l'office, je démentirai complètement.

Elle pouffe de rire, trouvant certainement drôle de jouer un tour à son frère.
Martha la fusille du regard ......... On voit que madame ne connaît pas monsieur.
........ Martha, pensez-vous vraiment que je méconnaisse mon propre frère ? 

Elle a parlé un peu sèchement. Je la regarde étonnée. Lucie fini par nous servir. Avec M.A nous papotons de ses achats de ce matin, elle me dit son souhait de ramener un présent à Pierre-Henri, nous cherchons une idée et en retenons plusieurs. Un beau polo comme ceux de Joss, un joli coffret contenant de l'eau de toilette et de la crème rasage. Un best-seller, ou même un joli foulard de cou en soie.

Nous allons boire le café au salon, et allumons une cigarette. Tout en papotant, je demande à M.A ce qu'elle veut faire cet après-midi.

......... Cela te semblerait ennuyeux si nous restions à nous reposer un peu ? 

........ Ah non pas du tout, nous pouvons parler et aller prendre le thé au salon en bas du boulevard en fin d'après-midi si tu veux.

... Mais oui, voilà une excellente et ravissante idée. Merci ma chère amie.

Je lui souris, écrase ma cigarette et me cale dans le grand fauteuil. Je ne sais pas trop quel sujet entamer, quand Martha vient débarrasser la table de nos tasses. Elle a sa bouche pincée, je la sais en colère contre la frangine. Je saute sur l'occasion pour essayer de parler à M.A de son frère sans trop en dire.

....... Hou ma chère, je crois que tu as vexée mon employée.

Je souris comme pour dire, allez ne t'en fais pas, c'est une boutade.
Elle me renvoie son sourire ......... Peut-être ai-je manqué d'amabilité, comme tu sais si bien faire.

......... Ce n'est pas grave, ça lui passera, elle est bien gentille.

......... J'aurai aimé sans te paraître discourtoise, te parler de mon frère. Mais je ne veux surtout pas te donner l'impression que je profite de son absence et me rendre coupable de commérages.

Mon cœur fait boum dans ma poitrine, tiens, tiens, comme nos idées se rejoignent.

......... Mais non, n'aies pas cette pensée négative. Personne ne me parle jamais de mon chéri 

M.A me tend son paquet de cigarette, j'en prends une, me lève et entre-baille la fenêtre. Puis d'un coup comme chaque fois, une idée me vient à l'esprit j'en fais part aussitôt à ma belle-sœur
......... Marie-Astrid, si nous voulons être tranquilles, nous devrions aller nous mettre à une terrasse ensoleillée. De plus nous pourrons fumer sans que Joss nous fasse remarquer que l'appartement empeste la cigarette.
......... Oui voilà une excellente idée. Allons, nous préparer. 

Nous descendons sur le boulevard, à la première terrasse assez tranquille, j’invite la jeune femme à s’installer au soleil.

Nous commandons une eau pétillante. Marie Astrid ne parle pas, elle observe les passants. J'attends qu'elle trouve le bon moment, peut-être cherche -t-elle comment débuter. Je me demande de quoi elle veut me parler. De quel sujet elle veut m'entretenir. J'adore ma belle-sœur, et sans oublier qu'elle est la sœur de mon mari, je resterai très discrète sur mes réponses. Une trahison me suffit. J'avais tellement foi en Marie, et ça ne l’a pas empêchée de me poignarder. 

J'offre une cigarette à Marie-Astrid et me décide à lancer le dialogue, ce silence me gêne ........... Que se passe-t-il Marie Astrid ? 

Elle repose son verre, joue avec sa paille tout en tirant sur sa cigarette, comme si c'était une bouée de sauvetage. Elle me regarde souriante, mais je la sens un peu stressée.
......... Puis-je te parler en toute confiance ? 

......... Bien sûr mon amie, à qui veux-tu que je raconte nos conversations ? 

........ Tu ne te confies jamais à Jocelyn ? 

........ Me confier sur quoi ? 

....... Sur tes petits soucis, sur tes déboires ou joies ? 

Je souris ........ Non Marie Astrid, ton frère n'est pas très réceptif aux blablas féminins. Ne se plaignant jamais lui-même, je ne pense pas qu'il entendrait.

....... Je sens en toi, une personne de confiance, je vais m'abandonner sans retenue alors. Je n'ai guère de monde non plus à qui parler. Garance est une très grande amie, mais je ne me vois pas parler de certaines choses avec elle.

Je fais oui de la tête, je suis impatiente de savoir où elle veut en venir.

Marie Astrid reprend une cigarette, je refuse j'ai peur d'avoir mal au cœur. Elle prend son temps pour l'allumer et tire quelques bouffées, avant de l’écraser dans le fond du cendrier.
......... Es-tu heureuse avec mon frère ? 

Je la regarde éberluée, je m'attendais à tout sauf à ça ........ Oui bien sûr. 

........ Je connais Jocelyn. Il est tyrannique, dictatorial, exigeant, comment fais-tu ? 

....... Je fais avec, le bonheur est relatif à chaque personne. J'aime ton frère, plusieurs fois j'ai voulu le quitter, mon débat intérieur était intense. Être malheureuse avec lui ou être malheureuse sans lui. J'ai choisi la première solution. Nos débuts ont été très mouvementés, nous avons trouvés un terrain d'entente qui nous convient très bien.
....... Avec Pierre-Henri je n'ai pas fait un mariage d'amour, mais un mariage de raison, je t'en ai fait part, mais jamais, non jamais, Pierre-Henri n'a eu cette attitude que mon frère a avec toi.

........ Comment ça ? 

........ J'ai été choquée lorsque vous êtes venus, qu'il compte les cigarettes que tu fumes. Choquée de cette attitude machiste qu'il a envers toi. 

......... Marie Astrid, il est le maître absolu et tu le sais. Il entre dans une pièce tout le monde se lève, il sort de table tout le monde se lève. C'est son entourage qui le rend ainsi.

Avec Marie-Astrid nous parlons une bonne partie de l'après-midi. Elle me fait comprendre que Jocelyn avait depuis des années, juré qu'il se vengerait de sa jeunesse, qu'il écraserait les vieux. Il l'a fait ! Elle me rapporte une conversation quand elle lui a annoncé que le vieux était mourant et qu'il désirait voir Jocelyn pour s'expliquer avec lui. Il a refusé net et priant sa sœur de le prévenir une fois l'enterrement terminé.

Suite au décès de son père, Marie-Astrid a téléphoné à son frère pour l'avertir. Il a fait mettre sa mère en maison de retraite, et virer le couple les servant depuis tant d'années. Il fait refaire l'appartement pour Pierre-Jean

Je suis anéantie d'entendre ça. Je n'ose pas poser de questions, elle continue d’une voix peinée.

.......... Toujours lors de ton séjour, nous avions tant rit, nous nous étions tant amusées, pensant faire plaisir j'avais invitée Garance et son charmant époux. Je t'ai vue réjouie de cette soirée. Amusante, égayant ce repas un peu guindé par tes réparties qui allégeaient l'atmosphère trop solennel chez nous. Et dès le lendemain, j'ai vu ton attitude complètement différente. Etrangère à tout.
Elle rallume une cigarette ...................Je ne fais pas reproche de ton attitude mon amie. J'ai simplement constaté ton changement. Je me suis posée mille questions. Lors d'un échange avec Pierre-Henri, il m'a assuré que cela ne pouvait venir de moi, et m'a rappelé combien mon frère pouvait manquer de sentiment quelques fois. Pierre-Henri, t'apprécie beaucoup. Il a été enchanté de mon rajeunissant dû à ton bon goût. De ce jour, et sans la présence de mes parents, avec Pierre-Henri nous nous sentons libres. Cette liberté bien sûr nous la devons à Jocelyn. Mais j'ai chèrement payé aussi. 
Je passe ma main sur celle de Marie-Astrid, je perçois son désarroi. 

Elle continue.... Vois-tu petite je n'avais pas conscience d'avoir un petit frère. Je ne le voyais jamais, il n'était que très rarement à notre table, il ne jouait jamais dans le parc. Je n'ai appris que tardivement qu'il était mon frère. Un peu avant qu'il parte pour ses études secondaires, nous étions en pleine adolescence. 16 et 17 ans. J’ai longtemps pensé qu’il était le fils de Flavia. Cela a été une découverte insensée. Comment j'avais un frère et ne le savais même pas.

A qui en parler ? Pas à ma mère ni mon père. Un jour je suis allée voir mon oncle ses paroles ont été dures mais réalistes ....... Tu es grande, tu as l'âge de raison, tu dois donc savoir la vérité. Jocelyn est mon fils, ton demi-frère uniquement. Cet enfant n'avait rien demandé. Ta garce de mère m'a piégée, pensant avoir le monopole du domaine par cette double naissance, toi avec mon frère, moi avec Jocelyn ! Mon fils, a vécu un calvaire de jeunesse. J'ai voulu le prendre, j'ai voulu l'élever selon nos usages. Elle ne m'en a pas laissé l'opportunité. Jocelyn je le vois régulièrement, je lui apprends à être un homme, pas une larve comme ton père. Et j'espère, je prie, le jour où il viendra leur demander des comptes, je vais lui apprendre à ne jamais plus se laisser maltraiter de la sorte. 

Je la regarde, je suis suspendue à ses lèvres. Je fini par demander comment était son oncle et si elle s'entendait avec lui.
.......... Mon oncle était quelqu'un de foncièrement bon et humain, tout le personnel l'adorait, mais il était intraitable et très dictatorial tout comme Jocelyn.
Elle tire sur sa cigarette, elle est intarissable .............Je n'ai jamais oublié ses paroles. J'avais mal pour ce petit frère qui avait été rudoyé. J'aurai aimé me rapprocher de lui, et avoir une complicité, mais Jocelyn est toujours resté distant vis à vis de moi.

Je la sens triste. Elle aussi a eu une jeunesse et une vie pourrie. Tout ça pour des parents qui n'en sont pas, pour des connards trop imbus de leur rang et de leur personne. 

J'ai loupé un passage du discours de Marie-Astrid, elle parle et n'arrive plus à s'arrêter, elle a des années de rancœur à déverser. 

.......... Le mariage de Jocelyn a été une catastrophe, nous ne l'avons plus revu de ce jour. Nous avons appris son divorce quand elle est venue se réfugier chez ses parents avec son petit, et qu'elle a fait un esclandre chez mes parents. Jusqu'au désastre des cultures, Jocelyn est revenu, contactant Pierre-Henri, j'ai pu revoir ce frère à qui malgré tout je porte des sentiments forts. En partant et pour la première fois, il m'a pris dans ses bras, et m'a longuement serré. Il m'a dit mot pour mot.

‘’... Marie-Astrid il est temps que tu prennes ta vie en main, et je vais t'aider n'aies crainte. C'est fini, ils ne pourront plus rien contre nous. Ils ont joué ils ont perdu. Je vais revenir demander l'addition.’’

............... Je n'ai pas tout de suite compris ses paroles, jusqu'à votre venue. Alors là oui j'ai compris. J'ai compris que j'avais retrouvé mon frère et surtout une petite sœur pleine de gaîté. J'ai compris que ma vie allait changer et que Jocelyn allait triompher.

Je suis littéralement consternée d'apprendre de telles choses, c’est tellement insensé. J'ai mon cœur qui se serre, en pensant à Joss. A mon tour je comprends mieux certaines colères de sa part. Il sait être si doux, patient, aimant. 

Je paie les consommations que nous avons bu avec Marie-Astrid, et je propose à ma belle-sœur de rentrer.
......... Je pense que Joss rentrera de bonne heure.

Marie-Astrid, a un regard triste, dans un élan non calculé, elle me prend dans ses bras et m'embrasse. Nous repartons à l’appartement. Joss nous attend dans le salon. Je prends place à côté de lui, et amoureusement je lui tends mes lèvres. Il sourit et m'embrasse tendrement.
Marie-Astrid s'installe dans un fauteuil, toute trace de peine est partie de son visage, elle est presque souriante.

Joss ........ Alors qu'avez-vous fait de beau aujourd'hui ? 

M.A plus prompt que moi ........ Ce matin nous avons fait les boutiques d'un côté des Champs Elysées et cet après-midi l'autre côté. J'en ai profité pour faire des emplettes, sur les bons conseils de ta charmante épouse.
Elle parle naturellement, j'ai envie de rire. Nous discutons détendus, en prenant un verre. Tout en répondant à Joss ou sa sœur, je calcule mon coup.

.......... Dis mon chéri, es-tu au courant de quand vient Marie samedi pour les achats ? 

Joss ........ Ah non pas du tout, je pensais que vous aviez pris vos arrangements.
Perfidement, je fais une petite moue fâchée et laisse un blanc. Montrant ma contrariété et faisant celle qui réfléchit.
Joss ......... Que se passe -t-il ma belle ? 

......... Bah je ne sais pas, j'ai envoyé un sms hier à Marie, et je n'ai eu aucune réponse. Je me posais donc la question à savoir si c'était toujours d'accord.

Joss ......... Aucune idée, veux-tu que je lui téléphone ? 

Je le tranquillise ......... Non je pense qu'elle n'a pas répondu parce que c'est entendu entre nous. Elle n'a peut-être pas trouvé utile de confirmer.

Joss fronce les sourcils, à son tour il a l'air songeur. Je reprends le dialogue avec Marie Astrid, laissant mon cher époux réfléchir

......... Nous n'avons même pas parlé des dragées, tu as une idée ? 

M.A ........ Justement quels sont vos envies et goûts ? Pierre Henri m’a laissé entièrement libre de vos choix

......... Personnellement je n'ai pas trop d'idées, c'est en les voyant qu'on pourra se décider.

............ Oui tu as raison, inutile de dire ceci ou cela serait joli nous ne savons pas ce qu'il y aura.
Elle rit sous cape. J'oriente la conversation du coup sur les modes de tous ces petits accessoires. Martha vient nous prévenir que le diner est servi.

Le repas est animé uniquement par M.A et moi, je sens Joss soucieux depuis mon sarcasme déguisé. Au fond de moi je jubile. Après le repas nous nous retrouvons devant la télé que j'allume d'office. D'abord parce qu'entre le frère qui ne cause pratiquement pas, et le bavardage un peu ennuyeux de ma belle-sœur, quand son frère est là. Nous avons fait le tour, de la mode du baptême, je ne vois rien d'autre comme discussion
Je choisi une chaîne ou je sais qu'une pièce de théâtre sera diffusée. Et ça tombe bien c’est avec Jean Lefebvre. Je laisse cette chaîne et dis à Marie Astrid de venir s'installer sur le canapé pour voir mieux. 
Je me plonge dans l'intrigue, qui me fait rire, Marie-Astrid finit par s'amuser aussi de cette pièce. Je suis calée dans les bras de Joss, qui regarde aussi tout en riant il commente.
La soirée est somme toute détendue.

La table du petit déjeuner est bien évidemment dressée dans la salle à manger. Je passe dire bonjour aux filles dans la cuisine et rejoins Joss. Nous nous sommes levés ensemble.

Hier au soir, la pièce de théâtre terminée, nous en avons un peu parlé. Puis voyant Marie Astrid donner des signes de fatigue, j'ai dit que j'allais me coucher, j'étais de toute façon fatiguée aussi. Joss est venu me retrouver une bonne vingtaine de minutes après. Je lui ai demandé en riant s'il s'était perdu.

......... Non ma douce, j'avais un petit appel téléphonique à passer.

Je ne pose pas plus de question, je suis juste étonnée qu'il téléphone à onze heures du soir. Je m’endors dans ses bras

Marie-Astrid arrive vêtue d'un pyjama d'appartement. Nous nous embrassons.

Gentiment je souligne à Marie-Astrid, qu'après déjeuner nous attendons la marraine pour partir, et qu'il nous faudra être prête.
......... Oui ma chère, j’ai juste à me vêtir, je voulais que tu m'aides à choisir ma tenue.
......... Habille-toi simplement, pour faire les magasins.
....... Oui, bien entendu, mais ne veux-tu pas accéder à ma demande ? 

Elle est charmeuse, je ne comprends pas son insistance, mais lui accorde cette faveur en riant.

Nous finissons notre déjeuner et allons en direction de la chambre d'amis. Joss nous prévient qu'il va dans son bureau.
……. Ma douce, tu me dis quand vous partez ? 
....... Bien sûr mon chéri, quand Marie arrive nous boirons bien un café ?

Il effleure mes lèvres en murmurant un oui. Et de son pas allongé traverse la salle à manger.

M.A chuchote tout près de mon oreille .......... Si nous discutons, peut-il entendre de son bureau ? 

Je regarde. La porte est fermée, je fais non avec la tête.

........Pouvons-nous fumer notre cigarette ? 

Je souris ........ Oui bien sûr !

On prend place de nouveau à table, du coup je me ressers un café.

M.A en parlant tout doucement me demande quels sont mes rapports avec la marraine. Je la regarde en fronçant légèrement les sourcils, je ne comprends pas sa question.

M.A ... J’ignore quelle est son importance pour votre couple, mais elle médit à Jocelyn.

........ Comment ça elle médit ? Sur quoi ? 

…..... Ecoute hier lorsque tu es partie te coucher, j'ai demandé l'autorisation de téléphoner à Pierre-Henri. Jocelyn m'a répondu, j'ai juste un appel à passer, et je te laisse la place. Naturellement je l'ai suivi, me suis assise face à lui, mais j'ai aussi entendu une grande partie du court échange.

J'ai mon pouls qui s'accélère, que va-t-elle m'apprendre ? Je ne me sens pas bien subitement. J'allume une autre cigarette et tire dessus comme une malade.

….... Il me faut vraiment ta parole Alexandrine, que ce que tu vas apprendre restera entre nous.

Je fais oui de la tête, la gorge nouée, incapable de parler.
........ Je fais vite pour aller me préparer ensuite. La marraine s'appelle comment ? 

........ Marie.

........ Oui c'est bien ça. Jocelyn lui a demandé pourquoi elle n'avait pas répondu à ton sms, je n'ai pas bien compris la réponse Joss jouait avec son stylo et faisant du bruit. Je l'ai regardé, il a posé l'objet du délit.
Elle sourit et continue ........ Marie, se plaignait que tu ne lui adressais que très peu la parole, qu'elle n'était pas au courant que tu avais posé des congés. Que tu ne lui parlais absolument pas du baptême et de rien d'ailleurs. Mon frère lui a demandé plus amples explications, elle a parlé longuement, je n'ai saisi que quelques brides style. Elle implorait, ou plutôt elle ordonnait à mon frère. Parle-lui, remets les choses en ordre, cette situation est invivable, surtout au travail.

Ensuite elle s’est plainte, qu'elle ne dort plus beaucoup, qu'elle a perdu l'appétit, que, je n'ai pas bien saisi le prénom Giles ou quelque chose comme ça, n'arrivait pas à la consoler.

....... Phil ? 

........ Oui cela doit être Phil. Enfin, pour finir Jocelyn a répondu " Ecoute Marie, l'ambiance à la maison est des plus sereine, je ne vais pas mettre la discorde entre Alexandrine et moi, pour des querelles de clocher. Laisse le temps au temps, tu connais ton amie, elle reviendra.

Après elle a demandé à Jocelyn si c'était utile qu'elle soit la marraine du petit, Jocelyn lui a rappelé son serment, les papiers faits, et surtout leur choix, le tien et le sien. Il lui a recommandé d'être ici vers 10 heures, et lui a assuré que vous passeriez une bonne journée.

....... Il lui a dit que tu étais là ? 

......... Ah non je ne l'ai pas entendu. Mais sait-il que tu m'as conviée à vous accompagner ? 
....... Bien sûr, puisque je lui ai dit, j'inviterai bien ta sœur pour participer aux préparatifs du baptême.
........ Ah oui, peut-être n’a-t-il pas jugé nécessaire de l'avertir !

…….. Alors c'est parfait, elle va être surprise.
Nous éclatons de rire, enfin surtout moi, Marie Astrid pouffe discrètement. Je la remercie de m'avoir tenu informée. Nous allons finir de nous préparer, quand j'entends le carillon retentir, machinalement je regarde l'heure. Il est dix heures tapantes. J'attends quelques instants, que Martha la laisse s'installer au salon. Je plaque un grand sourire sur mes lèvres et vais dire bonjour à la visiteuse affichant un air ravi et enjoué.

..... Ah bonjour ma chérie comment vas-tu ? 

Effectivement je ne lui trouve pas vraiment bonne mine, je me garde bien de lui dire.
 ....... Bonjour Alex, ça va.

........ Installe-toi tu boiras bien un café ? Je vais prévenir Joss de ton arrivée.

......... Non ne le dérange pas.
Je fais celle qui n'a pas entendu et vais chercher Jocelyn. Je frappe à sa porte, et assez fort ….... Mon chéri tu viens, la marraine est arrivée.

Joss me sourit ....... J'arrive ma douce.

Je passe par la cuisine et demande du café, je traîne un peu jusqu'à ce que j'aperçoive Jocelyn arriver. Je ne veux pas être seule avec elle.

Je prends place sur un large fauteuil et innocemment je demande à Marie si tout va bien au bureau.
....... Oui, je ne savais pas que tu avais posé une semaine de congés.

....... Oui ça s'est décidé quand je suis partie mardi soir, je suis allée voir Monsieur Brandon. Mais je t'ai envoyé un sms tu ne l'as pas reçu ? 

Joss se met sur l'autre fauteuil, il ne perd pas une miette de notre échange. Martha amène un plateau avec quatre tasses, je vois Marie les compter machinalement. Elle ne répond pas à ma question, je réitère.
......... Hein Marie, tu n'as pas eu mon sms ? 

Elle sort de son engouement ... Si, si bien sûr mais tu voulais que je réponde quoi ? 

Tout en souriant et d'une voix douce je rétorque ... Bah je ne sais pas, comme d'ab Ok bien reçu.

Marie soupire, Joss sert le café, et nous passe nos tasses, quand il se tourne vers moi il demande ........ Où es Marie-Astrid. 

Elle arrive au même moment .......... Je suis là, mon cher frère.

Joss ........ Prendras-tu du café ? 

M.A ........ Oui avec plaisir.

Elle sourit, j'ai même l'impression qu'elle me fait un petit clin-d ‘œil

Joss ....... Bien les filles, mangerez-vous en ville ou pas ? 

Marie et M.A ne répondent pas, me regardant toutes les deux, je finis par dire, en continuant de tisser ma toile. 
........ Mon chéri et si on se retrouvait pour manger ce midi ? Je te téléphone te dis ou nous sommes et tu nous rejoins.

....... Oui ma douce pourquoi pas.  Vous allez faire vos achats dans quel quartier ? 

........ Ah aucune idée, Marie tu dis quoi ? 

Marie ... Je pensais vers Opéra ou Haussmann.

........ Bah ouais nickel en plus on pourra montrer à Marie-Astrid ces quartiers-là.

Marie se tourne vers ma belle-sœur ........ Vous venez avec nous ? 

Houlà elle n'a pas l'air enchantée. Marie Astrid ne se démonte pas, et de sa voix tranquille, souriante réponds.
.......... Oui Jocelyn et Alexandrine ont eu la gentillesse de m'inviter aux préparatifs, Pierre-Henri est plus difficile à faire venir. Il ne s'absente que très rarement. Mais ne vous inquiétez pas, je ne dérangerai pas.
Je me récrie en riant ........... Mais Marie-Astrid, tu ne nous déranges pas du tout. Et puis entre femmes c'est sympa non ? 

 ......... Ah ma chère, faire les boutiques avec toi, est un vrai amusement.

Se tournant vers son frère elle rajoute ........ Mon cher Jocelyn ta femme est un vrai rayon de soleil, donnant le meilleur d'elle-même à ses amies, j'en suis une preuve. Ne laisse jamais personne médire sur sa personne. 

.......... Je sais que tu apprécies tout particulièrement Alexandrine, n'aies aucune inquiétude pour ma douce, je ne laisserai plus jamais personne lui faire du mal.

M.A fait l’ignorante à la perfection. J’ai vraiment envie de rire .......... Plus personne, tu as déjà toléré que l'on blesse ma sœur ? 

Joss souriant ... Inquisitrice tu es, inquisitrice tu resteras. Allez les filles, partez sinon vous serez encore là à midi.

J'attrape mon sac, et en riant nous partons. Dans le métro je repense à ma belle-sœur qui a joué finement. J'ai aussi compris le sens des paroles de son frère, et je pense qu’elle les a saisies. Marie n'a rien dit

Dans le métro je ris, j'amuse la galerie. Je suis enjouée. Je suis l'ancienne Alex qui rit de tout et de rien. Nous descendons à Haussmann et allons directement dans ce grand magasin de cérémonie. Je me dirige vers le rayon approprié. Marie reste plantée là regardant tout, sans rien voir.
Je connais cet état, elle est en plein abattement, limite état dépressif. Mon estomac se serre de voir ma meilleure amie dans cet état lamentable. Je passe mon bras sous le sien et toute gaie, je lui dis.
……. Alors marraine, comment vas-tu m'habiller ? Il faut que je sois beau, je suis le prince de mon papa n'oublies pas !

Un léger sourire se dessine sur son visage, elle tourne la tête vers moi, et me demande quel genre je voudrais.
Je regarde sur un portant. Plusieurs petits costumes tout mini sont suspendus, j'en sors quelques modèles et tournant la vis du petit ceintre je les accroche face à nous.

... Allez les filles, là aidez-moi un peu ! 

Marie Astrid, désigne un petit ensemble, pantalon et gilet blanc ravissant. Marie préfère un costume trois pièces blanc cassé accompagné d'une petite chemise blanche. 

Nous discutons quelques minutes toutes les trois, et optons pour le choix de Marie. Presque timidement, elle nous suggère de prendre un petit nœud papillon assorti au costume. 
Avec M.A nous tombons d'accord et poussons un petit cri de joie. Je m'esclaffe ....... Ah mais oui Marie, super, oh comment il va être beau mon petit garçon.

D'un élan, je lui fais une bise sur la joue, nous allons à la caisse. A l'étage plus bas, Marie lui prendra du linge neuf, petit body tout blanc et une paire de chaussettes en fil de coton.

Nous allons ensuite au rayon chaussures, elle demande à la vendeuse des bottons bébé en peau, taille 18. 

Marie règle les achats, nous sortons. Je demande si je dois téléphoner à Joss, Marie avec son air abattu me répond de faire comme bon me semble. Je vois Marie Astrid changer de tête en fixant Marie. J'appelle Joss et lui dit où nous nous trouvons.

Joss ........ D'accord ma douce, j'arrive. Allez, vous installer dans un restaurant, et rappelle-moi pour me dire.

 ....... Tu as une préférence ? Sinon on peut aller à l'Hippopotamus. Nous sommes à côté.

....... Ma douce, tu n'apprécies pas la viande rouge, et il n'y a que ça.
........ Si je prendrais un tartare. Marie aime bien, elle.

........ D'accord mon ange, j'arrive.

Je raccroche contente de moi, et entraîne les filles en riant vers le restaurant. Nous prenons une table pour 4, précisant que nous attendons quelqu'un. 

En attendant Joss, nous commandons une boisson. Vingt minutes plus tard, mon mari décontracté en jeans, pull et blouson de cuir, nous rejoint.

Le repas est détendu, Joss et sa sœur discutent, je prends part à leur joute oratoire. Marie reste en retrait. A plusieurs reprises je demande à Marie si ça va. Inlassablement elle répond '' oui merci''.

L'après-midi, Joss reste avec nous, nous allons choisir une chaîne et une jolie médaille représentant un ange. Marie règle. Marie Astrid lui prend une gourmette en or, elle demande une gravure avec le prénom de l'enfant et la date du baptême. Le bijoutier promet pour la semaine prochaine.

Nous allons ensuite dans cette jolie boutique présentant tout un tas de contenant dragées, les unes plus jolies que les autres. Marie Astrid opte pour des petits bocaux en verre avec un gros bouchon en liège serti d'un joli ruban de satin bleu ciel. Elle prend aussi quatre bonbonnières en porcelaine, elle parle doucement à la vendeuse qui fait oui de la tête. Marie Astrid fouille dans son sac et tend une enveloppe à la vendeuse. Je me demande ce qu'elle trame.

Elle règle nous sortons. Il est déjà dix-sept heures, Joss nous invite à prendre un café quelque part. Nous allons au parking chercher la voiture. 

Notre chauffeur nous ramène près de chez nous, et s'arrête au salon de thé où nous avons nos habitudes tous les deux.  En descendant de voiture il me prend par les épaules.
......... Ça va ma douce ?

........ Oui très bien.

Plus doucement, il me propose d'inviter Marie et Phil ce soir à dîner. Malgré mon envie de dire non, je lui souris ........ Mais oui mon chéri, tu as raison, c'est une bonne idée.

Nous nous installons à une table dehors, il fait frais, mais pas vraiment froid, le soleil nous offre encore un peu de ses rayons.

Joss Marie et moi prenons un café, ma belle-sœur un thé. Mon mari nous propose des pâtisseries que nous refusons.

Joss ........ Marie, que dirais-tu si je téléphone à Philippe, vous dîneriez avec nous.
Marie regarde Joss, puis me regarde, je lui fais un grand sourire .......... Non merci, c'est gentil mais je vais rentrer.

Joss ....... Je vais te raccompagner ma grande.

........ Non inutile, je vais prendre le métro je n'en ai pas pour longtemps. Rentrez tranquillement, d'ailleurs je vais y aller, passez une bonne soirée.

Elle se lève, embrasse Joss, M.A et moi, ............ Bah passe de bonnes vacances.

Je la regarde partir, j'ai le cœur gros, d'en être arrivée là avec ma meilleure amie, ma confidente, ma sœur depuis tant d'années. Marie Astrid de sa voix douce s'adresse à son frère plus qu'à moi.
......... Si je peux me permettre, pas très gaie la marraine, et surtout pas causante.

Joss ......... Alex que s'est-il passé ? 

Son ton n'est pas très engageant, je vois ses yeux se foncer. Ça y est ça va me retomber dessus.

 ........ Mais rien, qu'est-ce que tu veux qu'il se soit passé ? 

....... Marie n'était pas dans son état normal. Aurais-tu joué de sarcasmes ? 

...... Ah non, ne me mets pas sur le dos des trucs qui n'existent pas. Tu es là depuis midi, tu as bien remarqué qu'elle évite de me parler !

........ Ça ne vient peut-être pas d'aujourd'hui !

..... Ecoute Joss, soit gentil. Je suis tout à fait naturelle avec Marie, je lui envoie des sms elle ne répond pas, je lui parle, elle ne répond pas. Elle n'a même pas demandé à voir Jonathan. Tu veux que je fasse quoi ? Que je me traîne à ses pieds ? 

........ Baisse d'un ton s'il te plait !

Je m'enfonce dans ma chaise, allume une cigarette et ne parle plus. Je sens la colère venir et je ne veux pas éclater devant ma belle-sœur. Marie Astrid croise mon regard, elle me fait un petit sourire en coin et s'adresse à son frère.
.......... Jocelyn je suis témoin depuis ce matin, que cette jeune femme est très taciturne, je ne la connais pas outre mesure, mais je peux confirmer que ta femme était très avenante avec son amie. Alexandrine s'est souvent renseigné de savoir comment allait son amie.

Joss ........ Mais il s'est bien passé quelque chose.

....... Je t'assure mon cher Jocelyn, qu'avec ta femme j'ai bien ri, elle est drôle et son humour est des plus appréciable. Son amie n'avait pas envie de participer. Personne n'est responsable.

Jocelyn sort un billet de son portefeuille qu'il coince sous la petite barrette de la soucoupe, et donne le signal du départ. Marie Astrid glisse son bras sous le mien et me fait un clignement des yeux. Joss de son pas allongé marche devant. Je le sens contrarié

M.A me chuchote ... Ma chère, je vais parler à mon frère. Il n'est pas question que vous vous querelliez.

....... Non laisse Marie-Astrid, je te remercie, mais il risque de se mettre en colère contre toi.

M.A glousse doucement, c'est sa manière de rire et rétorque .... N'aies pas de crainte, je saurai lui dire son fait.

Nous remontons en voiture et rentrons à l'appartement. Je propose à ma belle-sœur d'aller se rafraîchir ou se reposer. Je préviens que je vais prendre une douche.

La soirée sera morose, je ne desserre que très peu les dents.

La semaine avec ma belle-sœur est passée très vite, bien trop vite. Nos journées faites de balades, de fou-rires, de confidences ont été bien remplies.
Jocelyn est resté avec nous mercredi et vendredi après-midi. Il nous a emmené au muséum, nous expliquant, racontant. M.A était suspendue à ses paroles. Je l'écoutais avec beaucoup d'attention aussi.

Le vendredi nous sommes allés visiter Notre-Dame, Saint-Germain des Prés et avons fini par le quartier Latin. Nous avons soupé rue de la Huchette. 

Comme dirait Joss dans un bouge. Nous avions ri. Il faut reconnaître que malgré le quartier sympa et animé, les restaurants et points de restaurations ne sont pas vraiment top question hygiène. En tout cas c'est l'impression que ça m'a laissé.

Et voilà, c'est fini Marie-Astrid reprend son avion cet après-midi, je suis un peu triste. Nous nous sommes tellement bien entendues. Nous avons hâte de nous retrouver.

22 septembre 2004

Duplicité

Cette nuit je me suis réveillée, doucement je me suis levée et suis allée boire un grand verre d'eau fraîche à la cuisine. Tout en fumant une cigarette, j'ai beaucoup réfléchi. Joss est prêt à faire de gros efforts. A-t-il parlé avec son pote ? A son psy ? Ce serait- il remis en question ? Je n'en saurai rien, peu importe, je ne vais pas me marteler la cervelle avec des questions sans réponse. L'important c'est sa détermination à revenir l'homme drôle et amoureux. Ma résolution est prise, et je vais m'y tenir le plus possible. Redevenir aux yeux de tous celle, qu'ils ont connu. Pas la Alex injurieuse, ni colérique. Non ! Une, Alex posée mais drôle, bavardant de tout et de rien. Certainement pas de moi, de ma vie ou de mon mari. Cela m'appartient. Marie ne saura plus rien. Je suis sûre, j'en mettrai ma main à couper, nos échanges mails ont fait le tour. Mais je m'en moque. Si ça a servi à faire revenir mon mari, alors c'est très bien.

J'arrive ce lundi au bureau avec un air tout guilleret. J'embrasse les filles et propose de servir le café. Je leur demande comment elles vont et fait part à Marie de mon souhait qu'elle s'occupe d'un dossier un peu spécial. Je sais qu'il est ardu et que ça l'occupera au moins deux jours. C'est toujours ça de gagner, ou elle n'essaiera pas de faire de l'inquisition dans ma vie. Je souris en moi. Cette petite voix me dit, tu n'es pas chouette, tu joues la pire des hypocrites et c'est mal.  

Je le sais qu'au fond, je ne suis pas moi. Je ne joue pas franc jeu, mais tant pis. Quand je suis moi, que je suis naturelle que je me confie, ça ne va pas donc ! Décision prise.

Le midi je vais manger avec les filles comme si de rien n'était. L'après-midi est calme, Marie absorbée par son dossier, Audrey par une centaine de photocopies à relier entre elles, et moi à faire le tableau des futurs congés, automne et hiver.

Le téléphone nous sort de ce terrible silence. Là encore je me demande ou sont passées nos longues conversations, nos crises de fou-rires. Je décroche avant Marie. 

Allo ....

Joss ... Comment vas-tu ma douce ? Pas trop dur ? 

......... Non pas du tout. 

......... Veux-tu sortir ce soir ? 

....... Heu je ne sais pas, où ? 

......... A notre petite cantine, comme avant ? 

......... Oui bien sûr.

........ Je viendrais te chercher pour 16 heures 30 d'accord ? 

........ Oui monsieur

........ Je t'aime ma douce.
........ Pour de vrai ?

J'éclate de rire, au bout du fil j'entends Joss rire aussi. Je raccroche contente. Marie me regarde, je ne dis rien et lui souris avant de me replonger dans mon tableau. Elle ignore du coup qui a pu me téléphoner et pourquoi, ce monsieur était bien à propos. Je souris de mes manœuvres trompe le monde.

Je la sais dépitée, mais après tout, que me raconte- t-elle de son couple ? Rien, bon bah alors !

A l'heure je me prépare sans rien dire, je range mes affaires prends mon manteau mon sac.

........ Hé les filles vous dormez là ? Bon allez tchao à demain.

Marie ........ On ne part pas ensemble ? 

.......... Hé non, j'ai un rendez-vous.
Je retrouve Joss appuyé sur sa voiture nonchalamment, je lui souris de toutes mes dents. Il m'attire à lui effleure mes lèvres et sa main dans mes reins me conduit jusqu’à ma place, passager.

Il se glisse derrière le volant et se tourne vers moi. ........ Veux-tu faire les magasins ? T'acheter quelque chose pour le baptême.
.......... Oh bah je ne sais pas. Tu veux que je m'habille comment ? 

......... Je n'ai pas d'idée particulière, tu sais si bien faire.
......... En tailleur, c'est assez classique et représentatif non ? 

....... Oui, mais peut-être un peu trop classique et strict justement.

....... Ah bah allons voir alors.
Allez un petit peu de dialogue pour me ranger à son idée, et le tour est joué.
Nous allons sur les grands boulevards, regardons les vitrines, cette nouvelle mode décidément n'est pas très joyeuse. Au détour d'une avenue des beaux quartiers, Joss s'arrête devant une vitrine présentant une jolie robe, fendue sur le côté. Dans un tissu soyeux, un bustier garni de dentelle ton sur ton. 

......... Je te verrais bien dans cette jolie robe ma douce.
........ Oh elle ne fait pas un peu trop cérémonie ? 

…….... Entrons essayer.
J'obtempère. La robe sur moi, ne me plait pas du tout. Le bustier baille, elle m'arrive aux mollets, on dirait un sac. Joss fait non de la tête en souriant.
.......... Ah non ma douce, ce n'est pas du tout ton genre, cette coupe est très mauvaise.
La vendeuse nous présente quelques autres robes, dont une qui retient mon attention. En voile violet, doublée ton sur ton, l'encolure plongeante en V retenue par de larges bretelles qui couvrent le haut de mes épaules. Une étole faite du même tissu bordée d'un liseré accompagne la tenue.
........ Magnifique ma douce. Tu es tout simplement sublime.
Je ris en tournant sur moi-même. La corolle de la jupe tourne autour de moi. 

Joss ....... Elle te plait ? 

......... Moi oui et toi ? 

Joss en riant répond ........ Moi oui !

Je vais dans la cabine me changer, donne la robe à la vendeuse, Joss paie. Nous nous promenons un peu sur les boulevards et allons au restaurant. Il n'est pas tard, nous prenons le temps de déguster un apéritif tout en parlant. Joss me demande le style de repas que je veux offrir à nos invités.
Je n'ai même pas réfléchi à ça, je pensais les cuisinières aptes à faire à leur idée. J'en fais part à Joss.
......... Ma douce, il faut tout de même leur donner quelques idées, sinon nous nous retrouverons avec crudités, poulet rôti et hop.

........ Oh tu crois avec Flavia ?  Pour Choupette, ma mère avait préparé un grand buffet froid, c'est sympa aussi tu sais.
....... Oui pourquoi pas ? Tu préfèrerais plutôt qu'un repas assis ? 

........ Nous mettrons suffisamment de tables et de chaises pour tout le monde, et comme ça, chacun mange selon ses envies.
......... Effectivement je n'avais pas pensé à cette façon de rassasier nos convives. 

Je reste baba, qu'il se range sans discuter à mon idée. Il continue ........ Et puis pas de prise de tête pour faire les tables et distribuer les places. Oui ma douce, ça me paraît excellent comme idée.

Je lui souris, par-dessus la table je vais chercher sa main chaude et croise mes doigts dans les siens. Il me regarde intensément et depuis des lustres, je vois les petites étoiles pétiller dans ses yeux. Ça me fait chaud et m'émeut en même temps. 

Nous commandons notre repas. Tout en mangeant nous dressons une liste des mets que nous aimerions. Si je dis saumon froid mayonnaise. Joss dit ok. J'ai trop envie de rire. Depuis 5 ans c'est la première fois que nous sommes d'accord sans entamer des discussions sans fin.

Moi ........ Saumon ou brochet ? 

Joss ...... Que préfères-tu ? Le brochet est peut-être moins sec !

........ Oui bah faisons les deux, comme ça il y en a pour tout le monde.
 ........ Tu as raison ma douce !

Et tout le repas est élaboré sur ce mode. Du coup nous aurons deux poissons, deux viandes, des salades composées à n'en plus finir, 25 sortes de fromages. Pièce montée, fraisier, forêt noire et pour finir petits fours et macarons.

Au café Joss me demande pour la tenue du petit. Avec mon plus beau sourire, je lui propose de venir avec nous samedi.

....... Non retrouve ton amie ça vous fera du bien, de n'être que toutes les deux.

...... Et moi j'aurai bien voulu que tu choisisses avec moi.

Joss me regarde perplexe, souriant légèrement, il hoche la tête et attaque sa crème caramel sans rien dire.

Avant de rentrer nous faisons quelques pas sur le boulevard, sans parler, juste le plaisir de se trouver en osmose. Quand tout à coup une idée lumineuse germe dans mon esprit. J'attends d'être au lit avec lui pour lui en parler.

Nous rejoignons la voiture garée un peu plus bas, et rentrons. Main dans la main, nous allons embrasser notre fils. Cécilia, nous confirme que la fièvre est tombée, deux petites dents en haut pointent. Je souris émue tout en étant contrariée. Et voilà je n'ai même pas assisté à la première dent de mon petit. 

Allez, chasse tes idées noires, n'oublie pas d'étaler ton idée à Joss. 

En sortant, il me demande si je veux la télévision. Avec un air coquin, je lui dis préférer aller au lit avec mon mari.
........ Mais il est tôt ma douce.

.......... Oui mais c'est bien aussi d'avoir du temps pour nous.
A-t-il compris ? En tout cas il me propose d'aller prendre notre douche ensemble. Je file me démaquiller, brosser mes cheveux pour enlever les traces de laque. Je les relève et les attache avec une grosse pince, je me déshabille, au moment où j'entre dans la grande cabine de douche, mon mari me rejoint. Sa virilité m'appelle d'un coup. Ce corps musclé sans une once de gras. Je me colle à lui, me mettant sur la pointe des pieds j'attire sa tête vers moi et l'embrasse, je me frotte à son sexe. Je sens mes seins se durcir sous les caresses de Joss. Nous partirons loin de tout et de tous, moitié sur le tapis de bains, moitié sur le carrelage froid.
Mon envie de me fondre en mon mari, me reprend. J'ai envie de lui, encore et encore. J'ai besoin d'oublier tout ce temps perdu. De rattraper tous les moments que l'on s'est privé. Je découvre, non je redécouvre que je l'aime plus que tout.

Dans un murmure Joss me traite de petite garce. Je ris, de ce rire naturel, de ce rire de joie et de bonheur. Nous referons l'amour tranquillement, lentement, savourant chaque moment. Enfin nous allons sous la douche.

Taquin Joss me fait remarquer, que le tapis de bains est un peu petit, pour des ébats amoureux.
Coquine je réponds ......... Demande à Martha d'en mettre des plus grands.
Nous rions en allant nous coucher. Je me blottis contre Joss, écoutant sa respiration. Dans un mouvement je repousse draps et couvertures.
Joss ........ Que fais-tu ? 

......... J'ai soif.
......... Ne bouge pas j'y vais.

Il enfile son peignoir et sort. Il me ramène un grand verre d'eau pétillante bien fraîche.

Je m'assois dans le lit, et bois à petite gorgée, tout en réfléchissant comment lui amener mon idée, sans qu'il trouve ça saugrenue ou impossible ou je ne sais quoi.
Joss ........ Quelque chose te tracasse ma douce ? 

 ........ Non, enfin si, mais je ne sais pas si mon idée est réalisable.
......... Dis-moi, nous pouvons en parler.

........ Voilà, comme c'est Pierre-Henri le parrain, je le vois mal aller acheter des dragées choisir les contenants, choisir un cadeau pour un bébé.

........ Hum ! Oui et ? 

Mince pas terrible, allez je me lance ……... Bah ça aurait été bien de demander à ta sœur de venir quelques jours sur Paris, en plus elle en rêve depuis si longtemps.

Je vois Joss réfléchir, soupirer, faire une moue de sa jolie bouche. Il prend le verre de mes mains et le pose sur sa table de nuit, il me serre contre lui et se décide enfin à me dire

.......... Ma toute belle, tu es magique. Oui tu as raison, invite là, elle sera ravie, elle ne tarit pas d'éloges sur ma petite femme.

Je tends mes lèvres à mon mari et me blottie contre lui. De ce rire qui me fait si chaud, ce rire que j'adore il me traite de petite gourmande qui n'en a jamais assez.
 .......... Non, non mon envie a été satisfaite mon chéri, simplement j'aime être contre toi.
Nous nous allongeons tendrement enlacés et nous endormons, repus de bonheur d'amour et de diapason.

Ce matin, je me débrouille pour arriver de bonne heure au bureau, je passe chez monsieur Brandon lui faire un peu de causette. Je monte et fais le café, j'allume une cigarette, et téléphone tout de suite à ma belle-sœur pour l'inviter lui expliquant que nous ferions les courses ce samedi.

Marie- Astrid ....... Nous sommes déjà mardi.

 ....... Je sais ma chérie, mais si tu prends un avion, en une heure tu es là. Joss ira te chercher à l'aéroport.
  ....... Oh oui comme je serai heureuse. Je téléphone de suite pour réserver au plus vite. Puis-je t'appeler au bureau sans déranger ? 

 ........ Mais bien sûr, sans souci. Allez j'attends ton appel avec impatience. Et si tu restes quelques jours, je poserai des congés, nous irons faire les boutiques.
  ....... Oh ma chère sœur c'est un plaisir immense.

........ Je t'embrasse et attends ton appel.

Je l'entends rire. Ce petit rire très bourgeois. J'ai juste le temps de raccrocher Marie arrive.

........ Tu es déjà là ? 

....... Oui enfin il n'y a pas longtemps, j'ai fait le café.

........ Oui je sens l'odeur. Tu veux que je serve ? 

......... Oui si tu veux.

J'ai décidé de répertorier tous les dossiers, je pense demander à Audrey de le faire. La pile est énorme, nous en avons pour des lustres à tout finir. Surtout que tous les jours, des dizaines viennent s'ajouter. Il va falloir que je booste les filles.

Audrey arrive, nous buvons notre café, notre collègue nous raconte une bagarre sur le quai de gare. Nous papotons sur le manque de civilité des gens. La grogne et ce besoin de toujours en venir aux mains quand on n’a pas d'arguments.

Je me lève sert un nouveau café aux filles, et en souriant je leur dis qu'il faut se mettre au travail.

Marie ........ Tu es devenue un ténor du boulot maintenant ? 

........... Un ténor ? Ah non, mais nous sommes là pour travailler un minimum non ? La pile de dossiers est quand même conséquente il me semble. 

Je me tourne vers Audrey ........... Dis ma puce, je vais te donner un petit boulot. Tu vas prendre tous les dossiers et marquer dessus, selon l'importance, si c'est urgent, pressant, facultatif. Urgent selon la date d'ancienneté, pressant selon le cas, facultatif s'il n'y a rien d'important. Enfin tu vois quoi. 

Audrey me sourit .......... Oui d'accord. Ça me plait bien ça.
Je souris, Marie qui n'a rien dit, me demande à quoi ça va servir.
 ........... Primo je pourrais donner à côté les dossiers qui vont vite, pour faire descendre la pile rapidement. Je n'aurai qu'un coup d'œil à jeter pour vérifier. Ensuite, il y a des dossiers que je retrouve à mon retour de 6 mois d'absence, ce n'est pas possible ça. Et pour finir, tu verras ça nous facilitera la tâche.

 …….. Ah ok, et Audrey fait comment pour s'y retrouver, elle n'y connait rien ? 

En éclatant de rire, je lui fais remarquer la vacherie de sa remarque ........ Bah ma biche, dis carrément qu'elle est nulle

......... Ce n'est pas ce que j'ai dit.

......... Alors explique moi pourquoi elle n'y connaîtrait rien depuis le temps qu’elle est là. Elle prend bien des dossiers en charge, il me semble.

Marie me regarde de travers ........ Bah pas tant que ça, en fin de compte.

........... Comment ça ? 

Je regarde Audrey et lui demande ce qu'elle fait de ses journées. Sans se démonter elle me répond

........... Bah tout ce que les filles ne veulent pas faire, les photocopies, les dossiers à descendre. Enfin bref j'en ai un peu marre, mais bon, j'ai du boulot quoi !

Je m'adresse à Marie d'un ton plus sec que je ne l'aurai voulu ....... Comment ça, et tu as laissé faire ? Il me semble que lors de mes absences c'est toi la responsable du bureau. Je me suis assez battue avec la direction pour ça !

Marie .......... Oui va dire ça à côté.

Je suis sidérée, je me lève d'un bond, en colère je vais voir les filles. J'ouvre la porte d'un geste rageur.
.......... Dites donc, les filles vous allez lever votre cul de votre chaise et faire vos photocopies ou déplacements vous-même. Audrey n'est pas votre boy, et dès aujourd'hui elle fera les dossiers comme nous toutes !

Je referme la porte, sans les laisser parler, j'ai le cœur qui bat à toute vitesse. En entrant dans notre bureau pour retourner à ma place, je lance ......... C'est réglé, et Audrey je t'interdis de leur servir de pis-aller. Tu n'es pas embauchée pour ça, et tu n'es pas intérimaire ! Maintenant tu prends les piles de dossiers et tu les tries.

Audrey souriante et ravie de changer de boulot prend les dossiers sur sa table de travail et se met au tri. Je vois Marie très mécontente et je m'en tape. Le téléphone sonne, je décroche de suite, en pensant qu'il me faudra basculer tous les appels sur mon poste.
A.M ......... Très chère j'ai un avion demain matin, je serai à Paris Orly à onze heures dix.
 ........ C'est super. Combien de jours

....... Je me suis permise de prendre jusqu’à jeudi prochain.

......... Ah super, merci de m'avoir appelé

........  Ça ne va pas te déranger ? Sinon je change mon billet

…… Absolument pas, non, non au contraire

……. Merci ma chère sœur. Je t'embrasse.
......... Moi aussi.

Je raccroche sans un mot. Je me penche sur les congés et le planning, pendant que Marie est sur son dossier compliqué et Audrey à son tri. La matinée se passe dans un très grand calme. Je fini mon tableau et vais aider Audrey sur les dossiers qu'elle n'arrive pas à classer. Je les compulse vite fait et les empile les uns sur les autres. Un peu avant midi, je téléphone à mon directeur lui demandant la permission de venir le voir. Je descends.

Mr Brandon me reçoit avec un grand sourire ... Alors Alexandrine que vous arrive -t-il ? 

….... Monsieur le directeur, j'ai ma belle-sœur qui vient quelques jours à Paris, permettez-vous que je prenne des congés ? 

Monsieur Brandon pianote sur son ordinateur, regarde son écran et me regarde avec un grand sourire. 

........ Alexandrine, il vous reste tellement de jours, que je vous donne trois mois.
J'éclate de rire, en lui disant qu'une semaine sera suffisante.

Mr Brandon ........ Bien, à partir de quand ? 

......... Heu demain jusqu'au trente.
.......... D'accord faites-moi une feuille.
......... Oh vous n'en avez pas ici ? 

Mr Brandon met son imprimante en route, et me tend une feuille tout fraîche sortie de la machine

........... Allez remplissez là, que je l'enregistre de suite.
Je m'empresse de remplir les cases, lui tends la feuille, et le remercie chaleureusement. En traversant la cour, je me dis, allez hop ni vu ni connu. Samedi elle va être surprise, je m'en réjouis d'avance ! Ah elle pensait me coincer parce que nous n'aurions été que nous deux, bah devant Marie Astrid, elle n'osera pas. Et toc !

Je remonte au bureau, les filles sont sur le point de partir déjeuner, avec mon grand sourire de fourbe je leur demande si je peux taper l'incruste.
Marie .......... Bah évidemment, mais on ne savait pas si tu mangeais avec nous.
.......... Si bien sûr, tu veux aller à notre petit resto ? 

Je vois son visage se détendre, elle ne sourit pas non, mais elle se détend ......... Oui si tu veux.

.........Ok bah allons-y alors.

Au moment où Audrey va pour prendre le chemin de la cantine je lui dis suavement .......... Mais non viens avec nous la puce.
Audrey .......... Je te remercie mais je n'ai pas trop les moyens.
......... Mais non je vous invite, allez viens ça me fait plaisir.
Je jette un coup d'œil sur Marie, qui a refermé son visage.

Pendant le repas, je parle comme si rien n'était. Je fais rire Audrey et demande à Marie si elle a des soucis.

......... Non pourquoi ? 

......... Tu es sûre ? Avec Phil tout va bien ? 

........ Mais oui, pourquoi tu me demandes ça ? 

........ Je ne sais pas, je te trouve un peu tristounette. Tu ne parles pas, tu ne ris pas.

Marie me regarde, je sais ce qu'elle pense, mais je continue sur la même voie. Celle qui inverse les rôles.

Je n'attends pas de réponse et repars sur un autre sujet. Je leur propose de boire notre café au bureau pour fumer une clope, puisque ça ne dérange pas Audrey.

L'après-midi se passe dans la même ambiance que le matin. Je ris avec Audrey, Marie ne se joint pas à nous, je la laisse faire, ne lui fais aucune remarque désobligeante ou perfide. Je lui ai demandé ce qu'elle avait. Elle n'a rien, tout va bien !

Je préviens les filles que je quitte de bonne heure, et à quatre heures pile je m'en vais en leur disant au revoir comme si je revenais le lendemain. En chemin, je téléphone à Joss, pour ne pas qu'il me contacte au bureau. J'ai bien évidemment sa secrétaire, étrangement je ne reconnais pas sa voix. Je m'annonce, de suite elle me dit, je vous passe Monsieur.

J'en reste baba quand j'entends la voix de mon mari dans le téléphone, je reste muette de surprise.
... Allo, allô !

......... Heu Joss.
......... Ma douce, qu'est ce qui se passe ? 

......... Non rien, mais je suis tellement surprise que ta secrétaire te passe mon appel.

Joss m'explique que depuis la naissance du bébé qu'il a loupé, il a viré l'ancienne et en a recruté une nouvelle qui a l'ordre de lui passer mes communications. 

........ Ta sœur arrive demain matin, est-ce que tu pourras te libérer ? 

........ Oui bien sûr.

....... Je rentre, tu vas tarder ? 

........ Si tu rentres, alors j'arrive ma douce.
........ Ok je t'attends à la maison.

Nous raccrochons, je prends le métro le cœur léger. Par mes tours pendables que je joue, par le bonheur qui a l'air de revenir à grands pas. J'ai envie de chanter.

En arrivant je vais dire bonsoir à Martha, et vais dans la chambre du bébé. Cécilia assise par terre, avec le bébé, au milieu des jambes de la jeune femme qu'elle a écartée. Elle démolit une tour de cube, ce qui le fait rire aux éclats. J'avance doucement et les regarde faire. Cécilia empile les cubes de plastic, bébé donne un coup et hop la tour s'écroule. Il rit à s'en couper le souffle.

Je viens m'accroupir près d'eux.... Oh bonsoir Madame.

....... Bonsoir Cécilia, je vois que ce petit homme a du rire à revendre.

....... Oui, c'est un petit farceur.

....... Je peux le prendre ? 

........ Madame n'a pas à me demander. 

Avant que j'aie dis quelque chose, discrètement elle sort de la pièce. Je me mets dans la même position que la nounou, empile à mon tour les cubes et attends que Jonathan les fasse tomber. Il me regarde, ses grands yeux, les mêmes que son père m'observe, je lui souris en lui parlant doucement. D'un pouce je fais tomber la tour, ce qui le fait éclater de rire. Mon cœur se gonfle de bonheur. Nous recommençons, quand il prend un cube de ses petits doigts maladroits et le porte à sa bouche. Je l'empêche en faisant doucement

... Non, non, non beurk ce n'est pas bon ça. 
Est-ce ma voix, ma mimique, il rit en tentant de remettre son jouet à la bouche. Je baisse sa menotte et recommence mon cirque

….. Non, non, beurk. Ce qui le fait rire aux éclats. Au même moment Joss entre, à son tour il nous observe, je tapote le tapis à côté de moi, Joss s'accroupit m'embrasse furtivement la tempe.
Moi ....... Regarde papa, le petit canaillou que je suis

J'enlève la main que Jonathan emmène vers sa bouche.

Non, non, beurk .... Et il éclate de rire. Joss entoure mes épaules, et dans le creux de mon oreille susurre ....... Mon amour, merci.

Je prends le petit dans mes bras, Joss m'aide à me relever, nous allons tout trois au salon. En passant Joss demande des boissons fraîches.

Nous allons nous installer sur le canapé, Jonathan sur mes genoux, j'explique à Joss que j'ai eu sa sœur au téléphone, qu'elle vient une semaine et que j'ai posé des jours pour être avec elle
Joss ........ Tu es merveilleuse ma douce. Marie-Astrid n'a pas fini de me faire l'apogée de sa belle-sœur.

Je tends mes lèvres vers celles de Joss, quand Cécilia nous amène nos boissons.
........ Madame veut que je reprenne le petit ? 

........ Non merci Cécilia, nous le gardons un peu avec nous.
......... Bien madame.

Joss me tend un verre, je goûte, certainement du jus de pomme-poire, c'est sucré, ni acide ni amer, je porte le verre près de la bouche de bébé, qui sort sa petite langue et fait une grimace qui nous fait rire.

......... Que fait maman petit chat ? 

......... Maman m'apprend à goûter à tout.

Le bébé râle et agite ses mains, je ramène le verre à ses lèvres, il tête et fait la grimace, mais en redemande.

 ........ Tiens, tiens, tiens, je n'aime pas mais j'en veux, ne dirait-on pas sa maman ? 

Je fais la fille outrée ........ Oh Monsieur Gaussien comment osez-vous alors que ce petit est tout votre portrait !

........ Et oui, il n'a même pas les beaux yeux verts de sa maman. Peut-être son petit frère ou sa petite sœur ?

Mon pouls s'accélère. ‘’Oh non Joss s'il te plait, non pas ça, il n'a pas six mois, je viens juste de reprendre mon boulot’’

Je pense mais ne dis rien. J'accroche un beau sourire, malgré mon pouls qui s'emballe je joue la carte taquine.
......... Oh papa doucement, je veux profiter de ma maman pour moi tout seul. Je suis trop petit pour la partager.

........ Oui tu as bien raison, et moi aussi je ne veux pas trop la partager. Alors disons quand tu iras à l'école peut-être.

....... Ah papa te voilà bien raisonnable, tu as raison disons dans deux ans.

Bébé commence à s'agiter, Joss le prend et à bout de bras le soulève, le bébé se met à gazouiller.
........ Jeune homme, quand je parle à maman tu écoutes en silence !

J'éclate de rire et lui dis ........ Rho tu es bête, il est trop petit pour comprendre.
Joss en souriant ... Madame Gaussien ne commencez pas à céder à tous les caprices de ce jeune impertinent qui me coupe la parole.
....... Oh monsieur Gaussien mille excuses.

Nous rions, Joss se lève et porte le bébé à Cécilia. Il revient s'assoir à mes côtés, et me prend dans ses bras.

....... Alors que feras-tu avec Marie-Astrid ? 

 ....... Bah déjà lui faire visiter un peu Paris, elle n'a jamais vu la Tour Effel, ce n'est pas une honte, avec un frère qui habite à trois pas de la dame de fer ? 

..... Mais que n'est-elle jamais venue me rendre visite ? 

.... Sérieusement Joss, tu vois ta frangine te dire, ohé je débarque prépare une chambre.

......... Non ma douce tu as raison, et combien elle doit être impatiente.

...... Oui je me doute, et il ne faut pas que ce soit la seule et unique fois. Je l'inviterai désormais au printemps et en automne.

Joss en riant ......... Ah bon, et pourquoi donc ? 

....... Oh là, là, faut tout te dire ! Mais pour faire les salons des nouvelles collections.

Joss éclate littéralement de rire, il en a les larmes aux yeux. Ses petites étoiles sont inondées.

Je me renfrogne .......... Ce n'est pas bien de se moquer de la mode, et des femmes.
........ Tu es maligne toi hein ! Tu joins l'utile à l'agréable.

......... Je suis à bonne école.

Joss m'attrape me couche sur le canapé, nous chahutons en riant, je crie pitié, il me chatouille de toute part. Il est moitié allongé sur moi, je n'ai aucun moyen de défense.

Martha venue nous prévenir que le repas est servi se trouve comme une gourde au milieu du salon, je ris de la voir, mais Joss ne peux pas l'apercevoir.

........ Joss, Joss, arrête.
.......... Non jeune dame, tu mérites une sentence.
Entre deux hoquets de rire, j'essaie de lui dire que Martha est là, quand enfin il réalise, il se relève d'un bond.

Martha. ........ Désolée monsieur, je voulais savoir si je peux servir le dîner.
Joss taquin .......... Oui ! Je pense avoir mis madame en appétit.
Martha repart en pouffant de rire. Je me lève en faisant la femme outragée.
.......... Et bien monsieur Gaussien de la Maleverne quelle tenue devant le petit personnel, non mais franchement ! Croyez-vous que nous assisterions à de telles scènes au domaine ? 

Joss prend mon bras, et d'un ton faussement fâché........ Sachez madame Gaussien de la Maleverne que je suis le maître ici !

........ Ah bah ça alors, c'est une nouvelle ! Non je ne te crois pas ! C'est vrai ?

........ Méfie-toi de ne pas exagérer ton pouvoir de séduction, il pourrait y avoir une vengeance terrible

........ Ah oui quand ? Ce soir ? Ah bah alors je vais continuer.

Alors que Martha amène un grand plat de charcuterie italienne, Joss tire ma chaise et dans mon oreille ... "Petite garce tu vas payer

Rieuse et taquine .......... Oh oui maître !
Martha nous regarde comme si nous étions tombés sur la tête.

Je pouffe de rire. La soirée sera très détendue. Joss me suggère plusieurs balades avec sa sœur. Il me promet se libérer un ou deux après-midis pour nous accompagner. Je saute de joie.

17 septembre 2004

Mauvaise foi

Vendredi soir, je préviens Martha que demain nous avons les Dabarino à diner, qu'elle fasse un repas simple.

En me levant je vois qu'il pleut, je suis dépitée nous ne pourrons pas sortir le petit. Seule récré de ces longues journées de repos, ou Joss est reparti dans un mutisme que je ne comprends pas.

Je traîne un peu pour me préparer, me maquille avec soin. Je laisse les minutes filer, ces longues et interminables minutes pesantes. Ce soir m'angoisse un peu, je sais que certaines conversations ne seront pas à mon goût. Je sais que Marie a envoyé ou tenu au courant Phil de nos mails et que c’est tombé dans l’oreille ou dans la boite mails de Jocelyn

Je ne me remets pas en question, non je ne le fais plus. Chaque tension, chaque discorde entre Joss et moi, j'ai bien souvent pris sur moi, pensant n'être que la seule coupable, la seule responsable. Ce temps est fini, je me laisse vivre, je fais comme lui, je ne parle plus de rien. Je m'achète une paire de chaussures, bah s’il le voit tant mieux, sinon ce n'est pas grave. Il n'y a rien d'important.
De toute façon je ne prends aucune décision si importante soit-elle. Il me propose telle ou telle chose, j'argumente un tout petit peu pour la forme et adhère à ses idées de grand génie, avec un grand sourire.

Pourrais-je continuer comme ça ? M'éteindre à petits feux ? M'enfermer sur moi-même ? Alex, d'avant est morte.  Nous aimons-nous encore ? Nous sommes-nous aimés un jour ?

Oui, je l'ai aimé à en crever. Je ne concevais pas la vie sans cet homme. Mais maintenant ? Qu'en est-il exactement ? 

Je chasse mes idées noires, me secoue, colle un sourire froid sur mon visage et vais à la cuisine boire un café. Joss est là à donner des ordres à Martha pour le repas de ce soir.

La femme qui ne se laisse pas impressionner plus que ça, par son patron lui rétorque.
.......... Madame nous a déjà informées pour le repas de ce soir.

......... Vous a-t-elle donné le menu qu'elle souhaitait ? 

…..... Nous connaissons les goûts de Madame !

....... Alors faites en sorte que tout soit parfait ! Servez-moi un café au salon.

Je n'écoute pas la suite, recule dans le couloir et vais à la salle de bains sans bruit, le cœur battant. Je lui ai coupé l'herbe sous le pied et monsieur n'est pas content. En moi je souris, et retourne semblant de rien au salon. 

Joss assis sur le canapé, sirote son café, à mon entrée il lève les yeux et m'observe quelques instants. Rien ne transparait dans ses yeux. Je m'assois en face de lui sur le fauteuil.

…... Tu vas bien ma douce ? 

........ Oui bien sûr et toi ? 

........ Je ne te trouve pas spécialement bonne mine.

........ Ah bon ! Bah si ça va pourtant.

....... Tu as invité nos amis ce soir ? 

........ Heu non, j'ai transmis ton invitation à Marie c'est tout.

....... Je pensais que tu ne les voulais pas.

........ Oui et tu en étais contrarié, j'ai donc fait selon ton désir.

J'ai envie de rajouter comme à chaque fois d'ailleurs. Mais je m'arrête à temps. Je souris, montre ma bonne humeur et ma détermination à garder une bonne entente. Au fond, tout au fond de mon cerveau, une petite voix me susurre " hypocrite" Oui je suis devenue tout sucre, tout miel. Trop polie pour être honnête. Mais au moins j'ai la paix !

....... Tu aurais pu m'en parler.

...... Te parler de quoi ? Puisque c'était ton idée, je n'ai fait que la suivre.

....... Qui veux-tu inviter pour le baptême ? Il nous faudrait dresser la liste des invités.

...... Ce n'est qu'un baptême, nous n'allons pas inviter tout le pays comme au mariage.

........ Non bien sûr, mais qui ? 

........ Bah je ne sais pas ! Parrain-marraine, les enfants de ta sœur, Choupette, mes frères mes parents Papé et Mamé. Ça fait déjà du monde il me semble !

........ Aucun ami ? Aucune connaissance ? 

......... Quels amis ? A part Phil et Marie je n'en vois pas d'autre.

........ Pierre et Jacqueline ? 

........ Ce ne sont pas des amis, c'est ta famille, évidemment qu'on les invite

Joss me regarde perplexe, il se lève en me demandant si je veux quelque chose à boire. 

........ Oui un café s'il te plait.

Alors qu'il va à la cuisine, j'allume une cigarette, la première de la matinée, mais je sais, je sens qu'il va me faire une remarque.

Il revient s'assoir sur le canapé, croise ses longues jambes, et me dévisage sans rien dire. Je ne baisse pas les yeux, je continue de tirer sur ma cigarette. J'attends.
Martha nous amène des cafés, discrètement elle me fait un petit sourire. Je la remercie.

Joss me tend une tasse, je pose le cendrier sur l'accoudoir du fauteuil et tourne mon café sans penser à rien. Je me noie dans le liquide noir. Il m'observe, je le sens. Je relève les yeux, nos regards se croisent. Je reste accrochée au sien. Rien, ses yeux sont vides, aucune petite étoile n'y danse. Où est mon adorable amoureux d'il y a quatre ans ? Où est-il parti ?

Je ne brise pas ce silence, je bois mon café et repose la tasse. Je m'enfonce dans le fauteuil en ramenant mes jambes sur le côté. J'attends.

Joss ....... Que faut-il faire pour revenir en arrière ? 

........ Revenir en arrière ? Comment ça ? 

....... Nous retrouver sur la même longueur d'onde, t'entendre à nouveau rire !

....... Joss tu m'as connu il y a quatre ou cinq ans. Je ne suis plus une gamine, j'ai mûri, tu m'as aidé à sortir de mon adolescence. Je ne vais pas être une éternelle gamine juvénile. Je ne pique plus de colère, je fais attention à mon langage. C'est ce que tu voulais non ? 

........ Tu es froide et lointaine.

....... Non, non, non. Je suis à ton image. 

Jocelyn pousse un soupir de dépit, je sais ce qu'il pense. Que nous n'arriverons pas à dialoguer. Je m'en moque, je n'ai pas envie de rentrer dans ce genre de discussion ou seule, je serai à me débattre et me remettre en question.

.......... Il est tant de choses qui seront des regrets, malheureusement je ne peux pas faire machine arrière. Ce qui est fait est fait, essayons au moins de retrouver cette complicité que nous avions.

........ Oui bien sûr ! Quand ? Le soir quand tu t'enfermes dans ton bureau ? Au lit, quand tu viens te coucher deux heures après moi ? Pendant le dîner, quand j'essaie de te parler, et que tu me réponds, mange on verra ça plus tard ! Alors dis-moi quand et je me rendrais disponible.

....... La télévision, ton lit sont des refuges, moi c'est mon bureau !

J'ai envie d'éclater de rire devant tant de mauvaise foi. Je me retiens, un sourire ironique se dessine sur mon visage, je le sais. 

.......... Heu dis-moi, la télé n'est pas dans le salon ? Le salon n'est pas ouvert à tout le monde ? Le lit conjugal n'est pas un lieu de repos, et de temps en temps à faire l'amour ? Tiens depuis combien de temps ne m'as-tu pas sollicitée ? 

........ Quand je viens me coucher, tu dors ma belle, ou fais semblant.
Et là j'éclate vraiment de rire, d'un rire de dingue, de ce rire qui dit, je vais baffer ta belle gueule. 

.......... Tu te fous de ma gueule ou quoi ? Tu te couches à minuit, je me lève à 6 heures et demi. Je suis seule tous les soirs, je regarde cette putain de télé et oui je vais me coucher souvent avant 11 heures !

......... Il fut un temps où tu venais me dire bonsoir, et alors là je savais que je pouvais te rejoindre.

......... Il fut un temps où tu passais tes soirées avec moi, devant la télé que nous commentions ensemble. Il fut un temps où nous passions nos soirées à discuter à bâtons rompus. Il fut un temps où nous ne faisions rien l'un sans l'autre. Mais ça c'était avant !

.......... Avant quoi ? 

....... Avant que tous ces différends nous séparent. Avant que tu m'emmènes chez le maire, et que tu m'engrosses de force. Avant quand tu pensais être amoureux. Ou du moins, quand tu te disais, il me la faut et je vais jouer le mec amoureux.

........ Je suis toujours amoureux de ma femme, pas de celle qui est devant moi. Froide, lointaine, introvertie. Cette femme que plus rien n'intéresse. Cette femme qui n'a plus aucun sujet de conversation.

....... Ah mais oui, bien sûr, c'est moi qui ai foutu en l'air notre mariage. Mais mon chéri je suis exactement à l'image de la femme que tu attends, c'est à dire sois belle et tais-toi.

........ Non ! J'ai aimé une jeune femme drôle, pleine d'humour, pleine de vie. S'enchantant pour tout. Avide de ne pas perdre une minute sans moi. Maintenant tu m'écartes complètement de ta vie. Tu agis sans m'en parler. 

........ J'agis sans te parler de quoi ? Je n'agis rien du tout, tu décides, tu calcules tout et me mets devant le fait accompli. Et ce depuis toujours !

....... Tu coupes tes cheveux sans même m'en parler. Tu t'achètes ce que tu veux, sans que je sois au courant. Avant ne faisions-nous pas les magasins ensembles ? 

........ Ah parce que quand tu vas chez le coiffeur tu m'en parles ? Les magasins ont les faits quand ? Le soir quand tu rentres, ils sont fermés et le samedi est réservé à la balade hebdomadaire du petit ! Tout est réglé comme du papier à musique.

........ Que ne proposes-tu pas ce que tu as envie de faire ? 

........ Mais non, mon chéri, tu as toujours un dossier à finir.

........ Je m'occupe l'esprit pour ne pas penser à cet échec qui se profile.

........ Echec ? Mais non, ne t'inquiète pas. Nous formons une belle famille. Un appartement sublime, une maison qui est un palace un enfant merveilleux. J'ai tout, je suis comblée.

...... Ton bonheur s'arrête aux biens matériels ? 

....... Normalement non, je croyais que le mariage c'était autre chose, mais bon plusieurs personnes m'ont fait comprendre que j'avais tout pour être heureuse, alors je ne vais pas me plaindre.

........ Qu'était le mariage pour toi ? 

....... Tiens ça me rappelle une autre conversation ! Le mariage c'est quoi ? Enfin c'est quoi pour moi ? L'amour, la tendresse, l'entente, être sur un pied d'égalité. Se comprendre à demi-mot. Le rire, la joie. Enfin je voyais plus le bonheur comme ça, qu'avec des baraques à n'en plus finir, et à n'en plus savoir qu'en faire.

........ Je pensais que la propriété te plaisait. Que tu aimais y aller.

...... Mais oui bien sûr, ça me change du grand standing d'ici, et Bordeaux me change du grand standing de la propriété.

........ Veux-tu vivre dans une masure ? 

........ Non je n'ai pas dit ça, mais vois-tu ces maisons nous tiennent, nous ne faisons rien d'autre. Où en es ta promesse d'un voyage de noce sublime dans un paradis, ou nous n'aurions été que nous deux ? 

......... Je ne pensais pas que tu y tenais, tu ne m'en as jamais parlé.

........ Et comment aurais-je pu ? Sitôt mariée je me suis retrouvée enceinte, malade comme un chien, et quand enfin ça s'est arrêté j'étais comme une baleine à ne pas pouvoir bouger.
.......... Tu étais magnifique enceinte, j'ai aimé la femme mais n'ai pas pu lui dire.
Je laisse échapper un pfff sans savoir, sans pouvoir répondre.

Joss plonge son regard dans le mien. ........ Même nos dialogues sont plats, tu restes très sûre de toi, très calme. Tu choisis tes mots, il n'y a plus rien de naturel en toi.

........ Ah oui, tu attends quoi, des mots qui frisent tes oreilles, pour avoir le bonheur de me tabasser ? C'est ça l'histoire ? Non mon chéri, ce temps est fini, terminé, nada !

........ Je ne te parle pas de ça, je te parle de ton rire, de tes expressions pleines d'humour, de ton pouvoir de dérider une situation. Plus rien, nada comme tu dis si bien.

......... Ecoute Jocelyn, pour une fois écoute et entends ce que je vais te dire. Cette fille là, vous l'avez tuée. Elle est morte ! Toi parce qu'à chaque fois que je disais quelque chose tu me tombais dessus, Phil tout un après-midi m'a fait comprendre, qu'il en avait marre de moi de mes manières de gamine mal dégrossie. Marie avec ses sous-entendus comme quoi je ne te mérite pas. Donc, j'ai fait virage à droite et suis devenue celle que vous vouliez, ne me le reprochez pas maintenant !

....... Je n'ai jamais voulu que tu changes, je ne voulais simplement pas de tes insultes, ce n'est pas compliqué à comprendre.

....... Et moi je voulais garder à jamais, mon amoureux épris tendre et aimant. Celui avec lequel je riais en faisant des mots croisés, celui avec lequel main dans la main je me baladais et qui m'expliquait ce que nous visitions. Celui avec lequel je faisais l'amour comme une dingue. Celui avec lequel j'aimais me blottir et sentir son eau de toilette qui m'enivrait. Il est où cet homme ? Il est parti ? Il est mort ? Dis-moi où il est que j'aille le chercher.

....... S'il revient, si je vais te le chercher et te le ramène, tu retourneras auprès de lui ? 

........ Bien sûr mais tu ne le retrouveras pas, il est parti aux antipodes. Il ne reviendra jamais.

Joss sourit, de ce sourire qui faisait battre mon cœur. Il se lève, se penche sur mon fauteuil effleure mes lèvres et sort sans un mot.

Je ramasse les tasses et vais à la cuisine munie de mon paquet de cigarettes. Je demande un café à Martha en posant les tasses dans l'évier, je m’assois et allume ma clope. J'ai le cœur qui bat, cette conversation m'a chamboulée. Je chasse mes pensées et demande à Martha ce qu'elle a prévu pour ce soir.

Nous papotons de longues minutes. Elle arrive à me faire rire avec ses boutades. Je reste dans la cuisine, je n'ai pas envie de me trouver seule dans le salon à ne rien faire. 

Pendant le déjeuner, Joss me propose que l'on téléphone à Pierre-Henri pour lui donner les coordonnées de Marie, afin qu'ils s’entendent pour le baptême. Je suis d'accord et lui en fais part. Après tout qu'ils se débrouillent entre eux. C'est eux que ça concerne. Choupette aurait été la marraine comme c'était mon souhait, je me serai investie avec ma fille, j'aurai fait les boutiques avec elle, nous aurions passé du temps ensemble. Encore une fois pour une chose aussi importante, je n'ai pas eu voix au chapitre. Alors comme d'habitude, je ne m'investirai pas.

Je ferai semblant oui bien sûr, je donnerai le change. J'approuverai leurs idées, comme du bon pain béni. Mais c'est tout. Je vivrai hors de tous ces salamalecs. Faire bonne figure et leur dire que c'est merveilleux, qu'ils ont des idées fantastiques, des idées de génie !

Je me rappelle le baptême de Choupette, c'était tout simple, entre nous, maman aidée de ma belle-sœur Claudine, la femme de Stéphane avaient préparé un buffet froid, mais qu'est-ce qu'on avait passé une bonne journée. Faites de rire, d'embrassades, de taquineries avec mes frères. Ça ne sera pas le cas. Ce baptême sera guindé. Le repas sera sublime et de grande étiquette, on s'en mettra plein la panse et c'est tout.

Après déjeuner, je vais avec Joss dans son bureau. Il téléphone au domaine

.........
....... Bonjour Marie-Astrid, ton mari est auprès de toi ?

.....

......... Bonjour Pierre-Henri. Dis-moi je vais te donner les coordonnées de nos amis, tu prends contact avec Marie pour vous mettre au diapason pour le baptême.
.....
....... Oui nous les voyons ce soir, il serait donc bien que tu le fasses rapidement dans l'après-midi.
....
........ Bien mon ami, de ce fait Marie pourra nous en parler dès ce soir.

....

Joss .... Merci, je vous souhaite une bonne journée, à bientôt. 

Il raccroche sans un mot de plus. Je me demande même ce que je fais ici, n'ayant pas pu entendre les réponses de mon beau-frère. Joss a ordonné, la consigne est prise, la demande du grand manitou sera exécutée. Je souris semblant de rien, indifférente à tout ça.
........ Veux-tu que nous fassions quelque chose cet après-midi ma belle ? 

Je le regarde étonnée, il veut faire quoi, il pleut comme une vache qui pisse

.......... Heu tu as vu le temps ? 

....... Nous pourrions aller au cinéma.

......... Je ne sais pas ce qu'il y a à l'affiche.
......... Nous verrons sur place et choisirons au hasard, nous verrons bien.

......... Tu ne vas pas te mettre en retard sur ton travail ? 

....... Non ma belle, ne t'inquiète pas. 

....... Ok, le temps de me préparer

En allant enfiler un jeans je me demande ce qui lui arrive. Serait-il tombé sur la tête ? Ça fait combien ? Au moins deux ans que nous ne sommes pas allés au ciné ensemble.

Nous remontons du parking des Champs, Joss tiens ma taille, je suis serrée contre lui. Tout le film, il n'a pas quitté ma main. Je l'ai laissé.

Nous avons regardé une comédie burlesque, ou franchement je me suis complétement plongée dedans, riant aux éclats. 

En sortant Joss m'emmène au salon de thé, je prends un chocolat chaud. Il me propose une pâtisserie que je refuse. Tout en buvant notre breuvage, Joss tente une conversation anodine sur le film. J'essaie de répondre avec humour, mais n'y arrive pas vraiment. Je réponds simplement sans autre forme.

Joss me sourit ......... Tu as bien ri, ça t'a fait du bien, tes yeux sont brillants.

........ Oui c'était assez rigolo.

Nous continuons comme de vieux potes à discutailler un peu dans le vide. Malgré tout je ne fais pas barrage à ses essais

On décide de partir pour avoir le temps de se préparer. Mes cheveux trempés ont besoin d'un brushing.

En entrant Joss demande à Martha de faire couler un bain. Je vais dans la chambre du bébé. Il dort à poings fermés vêtu d'un simple body. Cécilia trouve le petit un peu chaud. Je tâte son petit front, effectivement je constate aussi. 

Cécilia ......... Que madame ne se fasse pas de souci, je pense qu'il sort des dents, il a les joues rouges.
.......... D'accord, surveillez quand même sa fièvre.
......... Oui madame.

Je ressors en la remerciant et vais me couler dans l'eau bien chaude. Je repense à notre conversation, à l'attitude de mon mari cet après-midi, quand il arrive en peignoir. Il laisse tomber son vêtement à terre, enjambe la baignoire et se couche près de moi. De son bras il attire ma tête contre lui. Nous restons sans parler.

Je m'endormirais presque. Au bout d'un temps certainement assez long, Joss me sort de ma torpeur.

........ Ma douce il faut nous préparer.

L'eau est fraîche, mes mains sont toutes ridées par le séjour dans l'eau. Je me secoue de ma torpeur, sors de la baignoire, enfile un peignoir en éponge épaisse, et vais dans la chambre me préparer. Une fois habillée je vais faire mon brushing. Je ne me maquille pas. La sonnette d'entrée retentit. Je prends le temps de laquer légèrement ma frange, de m'asperger d'eau de toilette, au moment où je vais pour sortir j'entends frapper.
... Oui ? 

La porte s'ouvre sur Marie, ne comptant pas restée seule avec elle, je lui dis que j'ai fini et sors, Marie sur mes talons. Dans le salon Phil se lève pour m'embrasser. Il sourit et me demande comment va son petit chat.
........ Très bien, je te remercie

........ Alors cette reprise de travail ? 

......... Oui quoi ? 

......... Ça n'a pas été trop dur ? 

Je sens le terrain glissant, je vais stopper net avant que les choses s'enveniment.

......... Bah non, enfin un peu perdue dans les dossiers, personne pour t'expliquer quoique ce soit, mais ça y est c'est bon, je suis dans le bain.

Marie ........ Tu ne m'as rien demandé non plus.
........ Non effectivement, mais je pensais que ça coulait de source. Excuse-moi alors.

Je me tourne vers Joss qui n'a rien dit, et pour couper court lui demande suavement.
......... Mon chéri tu nous proposes quoi pour l'apéritif ? 

Joss se lève sort quelques bouteilles, sert martini et whisky. Il nous donne nos verres, j'allume une cigarette et écoute leurs bavardages   

Joss ......... J'ai téléphoné à Pierre-Henri, pour que vous preniez les arrangements nécessaires au baptême de Jonathan.

Marie ........ Oui il nous a appelé. 

Se tournant vers moi ... Je ne connais pas ton choix Alex, tu préfères une gourmette, une chaîne ? 

.......... Mon choix ? Pourquoi uniquement le mien, il y a Joss aussi.

 ........ Je pensais que c'était une affaire de femme, entre toi et moi

........ Ah bah et le parrain alors ? Il n’a pas son mot à dire ? 

Phil ........... Ce que veut te dire Marie, c'est qu'elle pensait que vous feriez les boutiques, que tu lui signifies tes préférences de médaille ou autre. Que vous voyez pour habiller le petit. Une robe, un petit costume ? 

Je souris .......... Une robe de baptême à 6 mois, ça ne fait pas un peu rétrograde ? C'est un garçon pas une fille.

Joss ........ Oui ma douce, un petit ensemble serait tout aussi joli. Tu ne veux pas faire les magasins avec ton amie ? 

Suavement et telle une grosse fourbe .........  Mon chéri si elle ne sait pas choisir, je ne saurai peut-être pas plus. Donne-nous tes idées.

......... Je n'ai pas d'idée personnelle, je pensais comme Philippe que c'était une histoire de femmes.

........ Pour Choupette, personne ne m'a rien demandé, la marraine et Phil se sont très bien débrouillés.

Marie ........ Nous avions les conseils de ta maman tu étais très jeune.
Je ris en lui soulignant que je ne suis pas si vieille que ça. Ma boutade détend un peu l'atmosphère raide comme la justice.
Marie ......... Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.

Je hausse les épaules et trempe mes lèvres dans mon verre.

Marie ......... Alors que décides-tu ? 

.......  Bah rien, je ne sais pas. Je suivrais le mouvement, tu me dis quand tu es libre.

......... Disons samedi prochain, si nous voulons faire graver la médaille il faut compter deux semaines.

........ Parfait allons pour une médaille.

Phil ......... Préfères-tu une gourmette ? Mais tu sais il la gardera moins longtemps qu'une jolie chaîne.

.......... Je n'ai aucune préférence. Passons-nous à table ? 

Joss se lève, me tend la main en me regardant d'un air sombre. Sans un mot nous allons à la salle à manger suivis de nos amis.

Le repas est bien entendu axé sur le baptême, l'affaire du siècle chez les Gaussien de la Maleverne. Attention le petit prince héritier arrive avec son cortège. Je souris en moi. Ce bébé, je ne le vois que comme un autre bébé faisant pipi-caca, mangeant et dormant, tout comme les autres.  

Marie me demande si je souhaite faire les courses samedi matin ou après-midi.

Moi ........ Aucune importance pour moi. 

Je n'épilogue pas aux questions que l'on me pose, de toute façon ça ne sert à rien. Si je dis le matin on me répondra ça va être court, si je dis l'après-midi, on me répondra ... Oh l'après-midi il va y avoir du monde.
Donc inutile de perdre mon temps. Quant à Joss et Phil ils parlent entre eux. Mais je sais, que Joss ne perd pas un mot de ce que je dis.
Marie ........ Nous pourrions partir en milieu de matinée manger ensemble et continuer notre shopping l'après-midi qu'est-ce que tu en penses ? 

...... Ah il nous faut une journée entière pour une chaîne et un ensemble ? 

Me tournant vers Joss ....... Bon bah je serai absente samedi toute la journée, sois sage mon chéri.

Joss me sourit narquois ....... Mais ma douce, je suis toujours sage, profite de ta journée et de ton amie. Ça vous fera du bien à toutes les deux.

Allez c'est parfait nous statuons donc. Je suis folle de joie, je sauterais hors de ma chaise si je pouvais, une journée entière avec la marraine à laquelle je n'ai rien à dire. Sublime la journée, je la sens bien.

Le repas se termine par quelques rires de leur part, de légers sourires de la mienne, je prends sur moi pour faire des efforts. Je ne mets ni hargne ni colère dans mes réponses, juste peut-être un peu d'indifférence.

Enfin nos invités décident de partir, je suis soulagée et commence à faire redescendre la pression qui m'oppressait. Nous nous embrassons dans l'entrée.

Je vais me préparer pour me coucher, j'entends Joss allez prendre une douche. Je me couche quand il arrive, les cheveux humides, sentant bon le gel douche. Une douce chaleur envahie mon bas ventre. Je la repousse tout de suite

Joss ......... Tu as passé une bonne soirée ma douce ? 

.......... Oui bien sûr et toi ? 

......... Je passe toujours du bon temps quand je suis avec toi.

........... Ah ! C'est gentil ça.
Joss me prend dans ses bras et embrasse mes cheveux. Je suis aux aguets, je sais qu'il va entamer un sujet qui lui tient à cœur, le repas de ce soir. Et vlan ! Ça ne loupe pas.
 ........... Je ne t'ai pas senti très perceptible à l'invitation de ton amie.

......... Mon amie ? Non Joss, tes amies, arrête de les coller à moi.

........ Mais ils sont bien tes amis tout de même ! N'est-ce pas chez eux que nous nous sommes connus ? 

Son ton n'est pas des plus aimable, j'essaie de radoucir le dialogue.
........ Si, si c'est chez eux, au temps où ils ne me trahissaient pas. Au temps ou avec Marie je lui confiais tout, mes joies mes peines. Au temps où j'avais confiance.

.......... Tu es terrible Alex, jamais tu ne feras de retour en arrière. 

......... Retourner en arrière me ramène à de mauvais souvenirs, je veux avancer, et je ne m'en sors pas trop mal, je n'ai besoin de personne. Je sais faire mon mea culpa moi ! Ce n'est pas dû à tout le monde.

........ Non tu ressasses sans arrêt, je ne te connaissais pas sous ce jour. Avant nous discutions et tout se réglait, tout repartait sur de bonnes bases.

......... Mais mon chéri, je ne te reproche rien, et même je te remercie pour cet après-midi, c'était super

Un élan irrésistible m'attire vers mon mari. Depuis quand n'avons-nous pas fait l'amour ? Un mois ? Deux ? Je ne sais même plus, de ma main, je caresse son torse, en faisant des ronds du bout du doigt. Je le sais sensible. Il me laisse faire.
.......... Je ne peux pas arriver seul à abattre des montagnes d'incompréhension de rancœur et d'amertume. Si tu ne m'aides pas un tant soit peu, alors nous n'arriverons à rien.

........... Que veux-tu que je fasse ? J'essaie aussi de mon côté, plus de colère, plus d'injure. J'ai changé comme tu voulais.
Joss arrête mon bras d'un geste, et tient ma main dans la sienne.

.......... Alex ce n'est pas ce que je te demande et tu le sais, mais tu t'obstines.
Tout à trac, sans qu'il s'y attende, sans réfléchir à mes paroles je lui dis ......... Joss fait moi l'amour.

Il tourne la tête vers moi, me regarde intensément, j'ai le cœur qui bat à tout rompre. La peur au ventre d'essuyer un refus. 

.... C'est vraiment ce que tu désires ? 

Dans un souffle je dis oui.
Nous ferons l'amour comme des dingues, comme des amants qui ont tant de temps à rattraper. Nous retomberons sur le côté repus et haletants. Je m'endors dans les bras de mon mari.

Le dimanche Joss passe son après-midi avec moi, nous regardons un documentaire sur l'Amazonie. Je cherche des questions à lui poser, qui n'aient pas l'air idiotes. Je tente de retrouver notre entente d'avant. J'ai décidé ce matin de déposer une bonne fois pour toute les armes. Je veux retrouver mon amoureux et le rendre accessible et humain. Il veut vraiment faire des efforts, alors je vais en faire aussi. Sauvons ce qui reste. Au moins pour le petit. Les autres, ça restera comme c’est, je ne ferais pas d’effort avec eux, ils n’en valent pas le coup
Nous parlons de cette grande contrée en danger, nous refaisons le monde, en riant de bon cœur. D'abord timidement l'un comme l'autre puis ensemble à l'unisson. 

Nous nous redécouvrons. J'en pleurerais de joie, mais il ne comprendrait pas. 

7 septembre 2004

La grande rentrée

J'ai hâte de rentrer sur Paris, j'adore ma belle-sœur, mais je m'ennuie terriblement dans cette propriété ou il n'y a rien à faire. 

Chaque fois que je vais en cuisine demander un café ou un verre d'eau, les filles me regardent comme si j'étais une martienne. Je connais le parc par cœur à force d'aller y faire des promenades, seule parce que j'ai besoin de réfléchir, de me retrouver avec mon moi.
Il n'est pas question de s'occuper d'un bébé, ce n'est pas convenable ! Joss a demandé à son beau-frère d'être le parrain, lui faisant comprendre que c’était mon idée. Il est venu me remercier chaleureusement. Sa sœur était visiblement déçue de n'avoir pas été choisie pour avoir le rôle de marraine. Je lui ai expliqué alors que nous fumions une cigarette, qu'il nous était difficile de prendre le couple, et que son frère tenait absolument à ce que ce soit la femme de son meilleur ami.
Comme à son habitude Marie-Astrid avec beaucoup de philosophie s'est rangée aux arguments que je lui présentais, pour ne pas donner tort au maître de ces lieux : son frère !

Enfin après quelques jours à Bordeaux nous repartons. J'en suis presque joyeuse. 

Ce matin je vais chez le coiffeur, faire couper mes longs cheveux, ils m'arrivent maintenant aux épaules. Un joli carré encadre ma figure creuse et maigrichonne. Une large et épaisse frange balaie mon front. En sortant je souris, que va dire mon très cher époux ? 

Je rentre et prends un long bain, fais ma manucure pieds et mains. Je tiens à être parfaite pour ma reprise. Mon ventre s'est dégonflé, j'ai retrouvé mon poids et ma taille. Mon poids est un grand mot, je n'arrive pas à prendre quelques kilos, et je reste très mince, pour ne pas dire maigre.

L'après-midi, je vais jouer avec mon fils avant qu'il retourne au lit. La journée se traîne un peu, la dernière de ma prison dorée. Demain je vais recommencer à vivre. 

En entrant Joss remarque tout de suite ma nouvelle coupe, il me regarde souriant.
........ Oh ma douce, tu as coupé tes beaux cheveux.
........ Ils étaient abîmés, ils vont repoussés.
Il me prend dans ses bras et m'embrasse tendrement. Nous passons à table, tout en dînant il me demande si je suis prête pour demain.

Je souris et opine de la tête, en pensant ‘’ Si tu savais comme je suis prête, tu ne peux même pas imaginer’’

........... Verras-tu pour prendre un 4/5 ? 

......... Oui bien sûr mais pas dès demain, laisse-moi déjà reprendre.
......... Oui ma douce tu as raison.

Nous passons au salon, Joss prendra un café et moi rien.

Je passe par le bureau de mon directeur. Heureux de me revoir, il m'embrasse affectueusement en me félicitant sur ma bonne mine.

Hum ! Comme le maquillage savamment appliqué peut, être trompeur

Je reste à papoter quelques instants avec Monsieur Brandon, puis me décide à monter. Qui vais-je y trouver ? Depuis 6 mois que je me suis absentée. Je passe d'abord dans le bureau d'à côté. Evelyne, Lydia, Catherine et Florence me reçoivent avec un grand sourire, une nouvelle tête que je ne connais pas est assise à la place de Ginette. 

Evelyne ... Voilà Hélène, c'est Alexandrine, dont on t'a parlé, notre responsable de bureau.

Elle me sourit en me disant bonjour, je réponds aimablement, lui demandant depuis quand elle est ici.
….... Environ trois mois, c'est madame Dabarino qui m'a appris le travail.

......... Ok, tu te plais ici ? 

........ Oui, merci

Je lui souris, leur souhaite une bonne journée et sors. Avant d’ouvrir la porte je prends une grande inspiration. Une odeur de café me prend le nez dès que j'ouvre. Marie est au téléphone. Au bruit elle tourne la tête vers moi et me souris. Elle finit sa conversation téléphonique en disant simplement " d'accord" et raccroche. Elle se lève pour m'embrasser, je réponds sans grande conviction à ses baisers.

Audrey est là, je suis contente de la retrouver, je vais l'embrasser aussi. Sans un mot je me sers un café et allume une cigarette. Mon regard se pose sur le haut du meuble, couvert de dossiers, je ne comprends pas cette énorme pile. Je ne dis rien, allume mon pc. Tout en fumant et sirotant mon café j'ouvre ma boîte mails. 147 mails m'attendent. Je commence par la fin de la liste, je supprime au fur et à mesure. Au bout d'une demi-heure, je prends un nouveau café, je ne pense même pas à demander aux filles si elles en veulent. Je suis seule dans mon moi intérieur.

Je prends mon paquet de cigarettes et machinalement lève la tête, je vois Marie me regarder avec un air si triste, qu'on pourrait croire qu'elle va se mettre à pleurer. Je tente un sourire.

Elle baisse la tête sur son travail sans m'adresser la parole. Je ne dirais rien non plus de la matinée. A midi Audrey demande si on va manger.

Comme je n’ai aucune envie de partager mon repas avec Marie, je réponds par une échappatoire. …........ Allez sans moi les filles, j'ai une course à faire.

Marie se propose tout de suite de m’accompagner.

Je lui fais un grand sourire ........ Non pas la peine, va déjeuner, je prendrai un sandwich et vous retrouve ici pour le café.

Elle sort du bureau, avec un air de chien battu. Elle pensait peut-être que je reviendrai au travail, enjouée comme la Alex d'il y a 10 ans ou quoi ? Je n'ai ni haine, ni joie envers Marie. Aucun scrupule, je ne lui bats pas froid, non simplement je n'ai rien à lui dire. Elle connaît son travail, elle n'a pas besoin de moi.

Je vais me balader au forum des halles, je traîne les magasins avec une joie de petite fille. Je m’enivre de bruit, je découvre la mode automnale. Je ne m'achète rien, non, mais j'essaie pour le plaisir plein de trucs, des chaussures, des bottes cavalières, des bottes à talons. Un manteau, un pantalon. Je repars au bureau après deux bonnes heures de lèche-vitrine, munie d'un sandwich que je mange au bureau sans complexe

J'envoie un mail à ma choupette, lui disant mon regret, qu’elle ne soit pas la marraine de Jonathan, Joss la trouvant un peu trop jeune. Je lui raconte les gazouillis de son petit frère, et l'embrasse tendrement.

L'après-midi se passe dans un mur de silence. Personne ne parle. Je ne suis pas énormément penchée dans le travail. Je surf sur internet à la recherche de tout et de rien. Enfin la journée se termine. Audrey range ses affaires, Marie aussi. Je ferme mon ordinateur, fume une dernière cigarette et m'apprête aussi à partir quand Marie me demande si je veux aller boire un verre.
......... Non pas ce soir, j'ai un rendez-vous.

Marie avec ironie ......... Pas chez le coiffeur, tu en sors d'hier.

........ Oh te voilà bien renseignée sur mon emploi du temps.
......... Non mais je vois clair.

Elle attrape son manteau et son sac, et là je vois des larmes dans ses yeux. Elle sort du bureau.

J'ai un moment de doute, dois-je la rappeler ? Je m'écroule sur mon fauteuil et la tête dans les mains je fais le vide complet. 

Je me ressaisis, il est tard déjà. Je suis restée une heure prostrée me demandant ce qui m'arrive. Où est le temps où nous riions dans ce bureau ? 

Je rentre cafardeuse, avec une migraine atroce et un mal de cœur. A la cuisine je demande de l'aspirine à Martha qui me regarde en coin. J'avale le verre d'eau et les cachets, je ressors sans un mot. Je passe par la chambre de mon fils pour l'embrasser, il est en train de manger avec Cécilia. Elle me sourit et me tend l'assiette et la petite cuillère, je fais non de la tête et ressors. Je vais me détendre dans un bain.

La porte s'ouvre à la volée, Joss est dans l'encadrement. Je le regarde au travers du brouillard de mes larmes qui coulent sans que je m'en sois rendue compte.

Joss en deux enjambées est près de la baignoire, il s'accroupit pour se mettre à ma hauteur.
......... Qu'est-ce qui ne va pas ma douce ? 

Je ravale mes sanglots, me glisse dans l'eau tiède, et fais non de la tête.
Non ne me pose pas de question. Non je ne sais pas ce que j'ai. Non je n'ai pas envie de parler.

Il se relève attrape le peignoir et m'aide à sortir de l'eau. J'enfile le peignoir Joss m'attire à lui et me serre fort dans ses bras en me berçant. Il me soulève et m'emmène dans notre chambre, il ouvre le lit et me couche sans autre formalité. Il ressort.
J'éclate en sanglots longs, en sanglots d'une bête qui a mal. Je finis par m'endormir.

Une ombre plane sur notre couple depuis quelques jours. Je sens Jocelyn soucieux. Je ne dis rien, et attends qu’il me parle. Est-ce parce que j’ai repris le travail ?

Les jours se suivent et se ressemblent sans surprise. Le week-end avec Joss, nous allons promener notre fils en début d'après-midi au parc Monceau ou au jardin des plantes. Joss pousse avec fierté le landau. Je marche à côté les mains dans les poches. Des fois nous prenons place sur un banc, écoutant le petit gazouiller. Nous rentrons pour son goûter. 

Au bureau, je ne parle que lorsque je suis obligée. Si les filles me demande un renseignement je leur réponds aimablement. Sinon je ne parle de rien, ni du petit, ni de ma vie.

Un matin Marie, va chercher de l'eau pour le café. Timidement Audrey me demande si c'est de laisser mon bébé qui me rend triste. Je lui réponds en souriant, que non, je suis très contente d'avoir repris ma place au bureau, et le bébé est entre de bonnes mains
Marie revient nous nous taisons. Je replonge dans mon dossier.

Le midi j'esquive pour ne pas aller manger avec les filles. J'attends environ une demi-heure et sors à mon tour. Je me balade au forum, prenant un plein d’agitation.

Un soir Marie me demande si je veux partir avec elle, et aller boire un pot. Absorbée par mon dossier je fais non de la tête et la remercie à haute voix. Elle attrape sa veste, son sac et part sans un mot. Audrey vient m'embrasser, me souhaitant une bonne soirée.
Je me penche sur ce dossier complexe, fais des annotations pour demain, le range et part à mon tour.

Je flâne un peu avant de prendre le métro. En rentrant, je vais embrasser mon fils, reste quelques minutes à discuter avec Cécilia, comme un rituel ensuite je vais à la cuisine sachant retrouver Martha qui m'attend avec soit un café, soit un jus de fruit, selon mon humeur et mon envie. Je m'assois à la table et fume ma cigarette en silence. Si Joss est rentré, je vais lui dire bonsoir, souvent je ne reste pas sauf s'il entame une conversation. Je vais prendre ma douche, enfile une robe longue d'intérieur. Nous dînons souvent en silence, quelque fois entrecoupé d'un passe-moi ci, donne-moi ça. 

Les repas sont une vraie corvée, mais je ne peux pas m'y soustraire. J'essaie de plaquer un sourire sur mes lèvres. S’il démarre une conversation, je fais la fille intéressée et réponds. Mais ces soirs- là, sont très rares.

Un soir il me demande, si nous ne pourrions pas inviter Phil et Marie le samedi. Tout à trac je réponds non.

Joss les sourcils légèrement froncés, me demande pourquoi.

......... Parce que je n'ai pas envie qu'on les invite.

....... Tu es fâchée avec Marie ? 

......... Ah non pas le moins du monde.

Je souris, réponds le plus calmement possible, je joue la plus grande hypocrite qu'il puisse exister.

......... Alors je ne comprends pas ton refus.

....... Ecoute, le soir tu es fatigué, dans ton bureau la plupart du temps, j'aimerai que nos week-ends nous soient réservés sans tierce personne.

........ Mais ils font partie de notre famille non ? 

........ Alors dans ce cas, invite mes frères, mes parents, Mama et Papé. Ils font aussi partie de notre famille.

....... Nous aurions pu parler du baptême, Marie ne sais même pas ce qui te ferait plaisir pour le petit.

......... Comment ça, ce qui me ferait plaisir ? Mais il a déjà tout, que veux-tu de plus ? 

......... Je te parle de la tenue, du bijou, des dragées, de la cérémonie.
Je sens qu'il commence à s'agacer, je garde mon calme en répondant

....... Les dragées c'est le parrain me semble -t-il, le bijou pareil, c'est avec le parrain qu'elle doit voir ça. La tenue, ma foi, du blanc je crois pour un baptême.

....... Bien ! Je vois que tu as envie de t'investir encore une fois.

....... Tu veux quoi ? Que j'aille faire les boutiques avec Marie pour acheter un pantalon ? 

........ Tu as raison, laisse tomber.
Il jette rageur sa serviette sur la table et s'en va dans son bureau sans un mot de plus.

Je vais à la cuisine demander à Martha de débarrasser. Je m'installe devant la télé et regarde un film ancien avec Gabin.

Le lendemain au bureau, les seules paroles que je prononce sont......... Vous êtes invités samedi à la maison. Joss veut parler du baptême.

Elle sourit ......... Ah ! Justement j'en parlais avec Phil.
Je la regarde sans répondre, allume une cigarette et bois lentement mon café. Je me mets sans tarder à mon travail. 

Le midi j'esquive l'invitation à aller déjeuner avec les filles et pars une bonne demi-heure après. Comme une drogue je bais me balader au forum. Je mange un sandwich ou une part de pizza, des fois juste un croissant tout chaud avec un café ou un diabolo.

Ce midi, je m’installe pour déjeuner d’un plat. Toute la matinée cette question m’a tarabusté, en fait chaque fois qu’on s’engueule avec Joss, ça vient des Dabarino. Le soir Marie se plaint à son cher et tendre, et le lendemain il en parle à son pote. Et voilà le boucle est bouclée.

Quand je rentre, elles sont en plein boulot. Je m'assois sans rien dire et reprends mon dossier que j'ai laissé en suspens.

Alors que je vais pour porter le dossier dans la corbeille "fini" mon pc bipe, je regarde ma boîte mail pour lire.

"Alex, je t'écris puisque je ne peux pas te parler. Je vais le faire en toute franchise, comme je l'ai toujours fait. Je vais te dire ce que j'ai sur le cœur. Je ne sais pas ce que tu as contre moi, je ne comprends pas. Depuis des mois tu ne me parles plus, nous sommes devenues étrangères l'une à l'autre. Qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce ton couple qui part à la dérive, et tu n'arrives pas à voir clair ? Veux-tu de mon aide ? 

J'ai toujours été de ton côté, je t'ai toujours soutenue quand tu en avais besoin. Pourquoi cette attitude ? Qu'est-ce que j'ai fait de si mal, que tu me tournes le dos ? Je n'en dors plus, j'en ai parlé avec Phil qui ne comprend pas non plus. Nous sommes tes amis, je pensais même que j'étais plus que ça à tes yeux. Pourquoi nous déchirer ? Reviens Alex, redeviens celle que tu étais et que j'appréciais tellement. Essayons de crever cet abcès qui nous détruit l'une comme l'autre. Je vois bien, que tu n'es pas comme avant. Je vois bien que tu te débats avec des démons. Personnellement je n'ai rien contre toi, ni Phil d'ailleurs. Nous n'avons pas changé à ton égard, tu seras toujours son petit chat, et moi ma petite sœur. Alex parle-moi. J'ai mal, tu ne peux même pas imaginer. Jamais je n'aurai pensé que notre amitié si chère si forte, prenne cette tournure pour une raison qui m'échappe complètement.

En attendant de te lire, si tu ne veux pas parler. Je t'embrasse de tout mon cœur de sœur."

Tiens, comme mes pensées de ce midi s’avèrent exactes. C’est bien ça ! Phil se plaint de mon attitude à mon mari, et du coup j’en prends plein la tronche le soir. Je suis dévastée de ce manège d’hypocrites.

Je relis deux fois le mail. Bien sûr que je vais répondre. Mais je vais répondre en pesant mes mots, parce que je sais que mon mail ira à Phil et de Phil à Joss. Je vais écrire exactement ce qu'elle veut lire, ce qu’ils veulent lire.

Marie, je vais répondre au mot à mot à ton mail, avec toute la franchise que tu me connais. Je n'ai rien, absolument rien contre toi, je suis au travail pas pour raconter ma vie, mais pour faire avancer les dossiers. Tu sais ces dossiers que je laissé il y a six mois et que je retrouve à mon retour !!

Depuis des mois je ne te parle plus, dis-tu ! Mais ma grande je viens de reprendre le boulot au bout de pratiquement 6 mois d'absence, comment voulais-tu que je te parle ? Et toi me parles-tu ? M’as-tu téléphoné une seule fois pour savoir comment se portait Jonathan après son empoisonnement ? M’as-tu téléphoné une seule fois pendant mon congé nat, pour prendre de mes nouvelles ? Non, alors que me reproches-tu au juste ?

Je ne tourne le dos à personne, tu crois quoi, que je vais rire aux éclats pour un oui pour un non ? Tu m'as connue j'avais 15 ans, je vais en avoir 30, je suis mère. J'ai grandi, j'ai mûri, Je suis devenue celle que vous vouliez, une belle jeune femme de salon qui ne rit pas haut, et qui ne dit surtout pas ce qu'elle pense. Cela ne se fait pas dans le grand monde !

Mon couple se porte parfaitement bien. J'ai le mari idéal, il est beau, il est fortuné, il est instruit et intelligent, que pourrais-je demander de plus ?

Oui vous êtes nos amis, enfin surtout ceux de Joss.  Mais non tu n'as rien fait de mal, tu m'as ouvert les yeux sur l'amour, le grand amour de mon mari. J'ai de l'argent à ne pas savoir quoi en faire, un superbe appartement à Paris, une maison de rêve, je ne t'en parle même pas, une piscine digne des jeux olympiques. Une sublime résidence. Tu vois bien j'ai tout pour être heureuse. Pourquoi voudrais-tu que je me plaigne ? 

Redevenir Alex d'avant ? Mais c'est impossible, vous m’avez formaté à votre image, je suis la poupée de salon que vous vouliez. Ne pas dire ses envies, ses pensées, garder pour soi ses réflexions. C'est ce que je fais, Je ne parle plus de rien ni aux uns ni aux autres. Je garde mes pensées, mes envies, mes peurs, mes joies. Il n'y a rien à partager avec personne.

Je veux bien te parler, mais de quoi ? Je n'ai rien à dire de spécial. On peut parler boulot, ciné, télé, mode, bouquins. Je ne vois pas de quoi on pourrait parler d'autre. 

Juste une chose, n'oublie pas l'invitation de samedi, Joss y tient tout particulièrement. Je t'embrasse aussi.
Alex"

Je relis bien, corrige deux, trois tournures un peu trop froides et sèches, et appuie sur enter. Hop c'est parti. Je la vois lire sans un mot. Je prends mon paquet de cigarettes et sors prendre l'air. Je sais qu'elle va répondre et j'ai le temps.

En rentrant je regarde ma boîte, il n'y a pas de réponse. Marie est je crois dépitée, elle a baissé les bras. Je m’en tape, je continue mon boulot jusqu'à ce que les filles partent, je me décide à ranger et à partir aussi

Je rentre dans ma prison dorée. 

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