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Alexandrine, cette étrange rencontre
16 août 2004

Petites vacances

La voiture file sur l'autoroute. Jonathan dort comme un bien heureux dans son siège-auto. Cécilia est assise à l'arrière à ses côtés. Je suis bien, je somnole tout en écoutant la radio que Jocelyn a mis en sourdine. 

Jocelyn me secoue gentiment .... Ma douce nous sommes arrivés.

J'ouvre les yeux, à moitié endormie. Nous sommes au ras de la terrasse bordant la propriété. Joss descend, ouvre la porte arrière et sort le cosy de Jonathan. Un peu plus en retrait je vois une voiture blanche que je ne connais pas. Je pense directement à Marie et Phil.

Je ne les ai pas revus depuis l’annonce des parrain marraine. A part à la clinique, quand ils sont passés en coup de vent.

Pauline nous ouvre la porte, je vois Flavia arriver presque en courant. Elle se penche sur le bébé qui a les yeux grands ouverts.  

Flavia .... Oh mi pequeña , como quiera que su padre ( Oh mon tout petit, comme tu ressembles à ton papa)

Je souris, avec Flavia nous nous embrassons, tellement contentes de nous retrouver. Jocelyn monte à l'étage avec le bébé toujours dans son siège-auto. Nous le suivons dans l'escalier, il ouvre la porte d'une chambre près de la nôtre. Elle est grande et claire, toute refaite à l'intention de notre petit. Les mêmes meubles qu'à l'appartement, les murs dans un ton bleu ciel, plus spacieuse que celle de Paris. Une porte de séparation nous montre une chambre pour Cécilia 

Jocelyn pose le bébé sur le lit, et d'un regard vers Cécilia, lui fait comprendre que c'est maintenant à elle de le prendre en charge. Il vient mettre son bras autour de ma taille.

Joss ......... Ma douce si les couleurs ne te satisfont pas, nous pouvons les changer.

........ Oh non, elle est très belle cette chambre.

Nous redescendons enlacés et allons vers le salon. A notre entrée en apercevant les invités, mon cœur s’emballe

........ Oh toubib vous êtes venus ? 

Toubib ........ Bonjour Madame Gaussien de la Maleverne, nous sommes conviés par votre mari, je pourrais ainsi surveiller votre enfant de très près pendant ces quelques jours.

J'embrasse son amie et lui serre la main en lui faisant un grand sourire.

Joss ........ Bien nos amis ne devraient pas tarder. 

Il se dirige vers le meuble bas, se sert un whisky et me demande si je ne veux pas un martini. Il y a tellement longtemps que je n'en ai pas bu, que je fais une moue dubitative.
En souriant Joss me tend un verre de ce martini que j'appréciais tant.

Pauline entre au même moment, nous prévenant que les Dabarino sont arrivés. Elle s'efface pour les laisser entrer. Nous nous faisons la bise. Phil salue le toubib et son amie, Marie en fait autant. Il est vrai qu'Evelyne ne les connait pas beaucoup, elle parait d’un coup, intimidée.

Nous passons à table, le repas est agréable, la soirée détendue 

Je me lève sans faire de bruit, enfilant un léger déshabillé, je vais dans la chambre de mon fils. Cécilia assise dans le grand fauteuil de rotin, chante une jolie comptine au bébé.

J'ouvre la porte doucement, et là dans l'embrasure j'écoute cette douce voix, Jonathan ses grands yeux ouverts donne l'impression de comprendre ce qui lui raconte sa nouvelle nounou. Je souris devant ce tableau émouvant.
Cécilia, lève la tête et me sourit.

........ Bonjour Madame, je ne vous ai pas entendu.  Voudriez-vous prendre le petit, le biberon est prêt.

J'entre complètement dans la pièce, et alors que Cécilia se lève, je prends sa place, cale le petit au creux de mon bras et lui donne son biberon, qu'il avale goulument. Je tends le biberon vide à Cécilia et relève le petit tout contre moi. Je m'enivre de son odeur de bébé.

Tout en discutant avec la jeune femme qui est aux anges de s'occuper de notre enfant, je lui demande, s’il a passé une bonne nuit.

La porte s'ouvre sur un Jocelyn tout frais douché, ses cheveux encore humides. Vêtu d'un pantalon de toile et d'un polo manches courtes.

D'un signe de tête il dit bonjour à Cécilia, me sourit et s'approche pour m'embrasser, ouvre ses grandes mains en tendant légèrement les bras, je lui donne l'enfant et me lève.
Il pose un baiser délicat sur le petit front, et rend l'enfant à Cécilia

........ Faites-lui prendre un peu l'air, vous pouvez le promener dans le parc, un landau est rangé dans l'entrée !

........ Bien Monsieur, dès sa toilette faite.

Enlacés, nous descendons le grand escalier, pour nous diriger vers la grande salle à manger. Toubib et son amie Evelyne, finissent de déjeuner. Je serre la main à l'un et embrasse l'autre.
Jocelyn me sert un bol de café, je mords à pleines dents dans un petit pain tiède, recette de mon amie Flavia. J'entame une conversation anodine avec Evelyne, à savoir si tout va bien, s'il ne lui manque rien.

Un peu intimidée par la présence de Joss, elle répond d'une petite voix en souriant.

Jocelyn son café avalé, se lève tout en disant ......... N'hésitez pas Doc, faites comme chez vous.

Se tournant vers moi ......... Je suis dans mon bureau ma douce, si tu as besoin. Je n'en ai pas pour longtemps, nous pourrons aller nous promener après si tu veux.
La bouche pleine je fais oui de la tête, avale ma bouchée et mets ma bouche en O comme pour quémander un bisou.
Joss en deux pas est près de moi, effleure mes lèvres, et doucement pour qu'il n'y ait que moi qui entende me traite de gourmande. J'éclate de rire, pendant qu'il sort.
Toubib ......... Je vous sens heureuse madame Gaussien de la Maleverne.
Moi ........ Oh toubib appelez-moi Alex, vous êtes ici en vacances.

Toubib sourit et hoche la tête, je ne sais pas si ça veut dire oui ou non, je ris.
Je suis bien en ce jour d'été. J'ai dormi dans les bras de mon mari. J'adore mon petit garçon, la vie est belle. J'ai décidé de prendre un nouveau départ. De faire l'impasse sur tous ces mois de désastre, tout en restant sur mes gardes avec Marie et Phil.  

Alors que nous devisons tranquillement tous les trois, nos amis arrivent pour à leur tour prendre leur petit déjeuner.
Nous nous embrassons, je les laisse à leur repas et monte me préparer.

Je prends une longue douche fraîche, enfile une robe de voilage toute fleurie, assez légère par cette chaleur. De plus elle a l'avantage d'être assez ample, pour caser mon petit ventre encore un peu rond. Avant de redescendre, je passe voir si le bébé dort tranquillement.

Dans la chambre de l'enfant je trouve une jeune fille que je ne connais pas, passer l'aspirateur. Le petit lit est grand ouvert. Sans que cette jeune personne ne m'ait vu, je referme doucement la porte et descends directement à la cuisine dire bonjour à mon amie Flavia et le reste du personnel.

Je papote avec Pauline et Flavia, en buvant tranquillement un café et allume une cigarette.

Je vais dans le jardin, espérant trouver Cécilia et le bébé, quand je les vois arriver du bout d'une allée, je vais à leur rencontre. Cécilia gentiment s'arrête et me laisse pousser le landau couvert d'un voile qui le met à l'abri du soleil.

Nous marchons jusqu'à la maison tout en discutant. Je propose à Cécilia de profiter de la piscine avec Jonathan, ce qui lui ferait le plus grand bien. C'est une idée de toubib.

Sur la terrasse, j'aperçois Joss, les mains dans les poches de son pantalon, il nous observe pendant qu'on approche tranquillement. Mon pouls s'emballe, de le voir si beau, si grand, là à nous attendre. Je redonne le landau à Cécilia et lui dit à plus tard. Le cœur battant, je me dirige vers Joss, qui les sourcils froncés, me dévisage. 

Je me colle à lui, et me hissant sur la pointe des pieds, effleure ses lèvres. Il enserre ma taille et m'embrasse

.......... Ça va ?

......... Oui ma douce. Veux-tu que nous allions faire une balade ? Puis nous pourrions aller voir le prêtre pour le baptême.

 ......... Oui bien sûr. 

....... Es-tu prête ? Nos amis nous attendent.

D'un coup, ma bonne humeur s'envole, je pensais que nous ne serions que tous les deux. Et non ! Ils seront là aussi. Aucun moyen de se retrouver seuls. 

Je fais oui de la tête, moitié mécontente, moitié contrariée. Nous nous dirigeons par la grande baie vitrée ouverte, à l'intérieur du salon, Marie et Phil sont en grande conversation avec toubib et son amie.

Nous montons en voiture, Marie me sourit, machinalement je réponds à son sourire, mais le cœur n'y est pas tout à fait. Nous arrivons au presbytère. Le curé nous reçoit gentiment, tout en nous expliquant les sacrements du baptême.

Nous repartons et allons, nous promener sur le port. Marie glisse son bras sous le mien et essaie d'engager la conversation.

 ........ Veux-tu que mon filleul soit en robe de baptême ou en petit costume.

........ Je n'en ai aucune idée, il faut demander à Joss sa préférence.

......... Comment vas-tu Alex ? 

........ Mais bien pourquoi ? 

....... Pourrons-nous avoir une conversation que toutes les deux ? 

 ........ A quel sujet ? 

........ Nous !

Son ton est triste, je la regarde en souriant ......... Il n'y a rien à dire, il est inutile de ressasser parait-il

........ Non Alex, nous devons discuter et mettre à plat ce différend qui nous a séparé.

.......... Marie, sois gentille, ne revenons pas là-dessus. Je suis là, tu es là, nous sommes bras dessus bras dessous. Tout va bien !

.......... Tu nous évites.

......... Comment ça je vous évite ? 

........ Ce matin au déjeuner, à peine nous sommes arrivés dans la salle à manger avec Phil, tu es montée alors que tu étais avec Dumain et son amie.

........ Heu tu me fais une crise de jalousie là ou quoi ? 

........ Non ce n'est pas ça, mais ce midi tu nous a peine adressé la parole. Phil est aussi malheureux que moi tu sais.
......... Bon écoute ma petite chérie, arrête de te faire des idées, arrêtez de vous faire des idées. Tout va bien, je pensais que ça se voyait.

Marie, semble réfléchir, elle a compris que je n'en dirais pas plus. Nous allongeons le pas et rattrapons les hommes.

Nous rentrons, je suis dans mes pensées et ne parle pas beaucoup. Ai-je vraiment changé autant que ça ?

‘’Ah non ne commence pas à tout remettre en question, ne commence pas à culpabiliser ! Tout n’est pas de ta faute’’ Je me secoue, tout va bien, je ne vais pas repartir dans mes pensées négatives. J'ai besoin de me concentrer sur mon enfant et mon mari, ce que les autres pensent m'importe peu maintenant.’’

Notre petite semaine se passe agréablement, j'essaie de m'investir dans les conversations. Si c’est Phil ou Marie je réponds par une pirouette, sans donner ma pensée réelle

Toubib et Evelyne sont repartis en nous remerciant de ces petites vacances. Evelyne tout en étant sur la réserve quand Joss ou Phil sont présents dans la pièce, se décontracte quand elle est seule avec moi. Je l'apprécie beaucoup elle a de l'humour et beaucoup de gentillesse.

Avec Marie, je prends sur moi, souris, ris même tout en me méfiant. Je donne le change sans rien lui raconter.

Nous faisons nos adieux à Flavia et au reste des employés. Nous reprenons la route pour Paris chacun dans sa voiture.

Août se termine. Je m'occupe de mon bébé sans empiéter sur le travail de Cécilia. Nous mangeons toutes les trois dans la cuisine le midi, pendant que Jonathan repu s'endort. Nous laissons la porte de la chambre ouverte au cas où !

Avec Jocelyn tout va bien, nous faisons des efforts chacun de notre côté. Quand la conversation ne me convient pas, je laisse tomber et essaie de passer à autre chose. Si Jocelyn revient sur le sujet je lui réponds que je ne suis pas d'accord et que je préfère réfléchir. Souvent agacé, je le vois à ses yeux qui s'assombrissent, il accepte de changer de conversation.

Le baptême est prévu pour mi-octobre.
Ce vendredi après-midi nous partons pour quelques jours chez sa sœur. Elle est super contente de me voir et de voir enfin son neveu, l'héritier du grand royaume ! Elle a fait préparer une chambre avec nursery et tout le bazar. Pire qu'un prince. 

Je préfère ne pas me projeter sur son éducation plus tard. Je pense que nous nous réservons encore des discussions à n'en plus finir entre son père et moi à propos de la manière de l'élever. Je veux qu'il ait une enfance comme n'importe quel enfant, mais je sens que son père va vouloir les meilleures écoles, les meilleurs pensionnats pour plus tard. Bref encore des tensions à venir.

Nous arrivons chez sa sœur, enfin dans la demeure de mon époux. Pendant le trajet en voiture notre bébé a dormi la plupart du temps.

Marie Astrid me reçoit avec beaucoup de bonheur, me demandant combien de jours nous restons. Joss lui répond que nous repartons mardi, qu'il a du travail,

Elle semble déçue, je l'invite à venir quelques jours à Paris, elle frappe doucement dans ses mains et me répond que ce serait un grand bonheur. Qu'elle adore Paris.
Je ne comprends même pas que son frère ne l'ait jamais invitée.

Le soir avant le dîner et après m'être changée, je vais embrasser mon petit, Cécilia joue avec lui. Il commence à reconnaître son monde et faire de petits gazouillis et des sourires. Je remercie Cécilia de sa gentillesse, et de s'occuper aussi bien de mon enfant.
Cécilia ........ C'est un tel bonheur Madame.

Je sors de la nursery et referme doucement la porte. Je descends à la salle manger, il n'y a personne, je vais au petit salon sachant y trouver Marie Astrid.

Elle est là dans son fauteuil une éternelle revue à la main et une cigarette dans l'autre. Elle m'invite à m'asseoir et m'offre son paquet, en la remerciant j'en prends une. Je n'ai pas le temps de la fumer, Joss nous rend visite.

........ Nous attendons Pierre Henri et allons dîner. Comment faites-vous pour vivre dans cette puanteur ? 

 ....... Que veux-tu mon cher frère, nous avons aussi nos défauts. Ils ne te sont pas tous réservés.

Elle rit en regardant son frère droit dans les yeux. Je vois Joss froncer les sourcils et me regarder. Que va-t-il s'imaginer ? Que je bavasse de notre couple avec sa frangine ? 

......... Qu'aurais-tu appris de si ignoble sur mon compte ? 

M.A sans se démonter ... Appris ? Que je ne saurais déjà ? Mais rien de plus mon cher que de t'avoir vu à l'œuvre.

J'ai le cœur qui bat. Va -t-il penser que j'ai raconté des trucs sur nous ? Ce fil si tenu qui maintient l’entente dans notre couple, va-t-il encore se briser ?

Joss se lève et d'un ton peu aimable ...... Passons à table, ton mari nous rejoindra.

Je me lève, mal à l'aise, je sens que la boutade de Marie Astrid va me retomber dessus. 

Pendant le dîner je n'ose pas trop parler. J'écoute mes oreilles toutes grandes ouvertes. J'essaie de retenir le plus possible de leur conversation anodine et quelque fois insipide ou trop technique pour moi.

Après le dîner Marie Astrid m'entraîne au salon fumer notre cigarette, elle me propose un thé ou un café. Je refuse prétextant que cela m'empêche de dormir.

J'ai l'impression qu'elle veut me parler mais ne sait pas comment faire. Je tire sur ma cigarette et attends qu'elle ait fini la sienne.
........  Tout va bien Marie Astrid ?

........ Ma chère j'irai parler à mon frère, qu'il ne pense pas que tu aies pu te plaindre, je t'ai vue très gênée tout à l'heure, et me suis rendue compte que ma boutade pouvait faire penser à quelques ragots féminins. Et ce n'était pas dans ce sens-là.

........ Ne t'inquiète pas, il n'y a rien de grave.

....... Je voulais te demander si la maison était à ton goût avec la nouvelle décoration, j'ai pris des prérogatives sans te concerter.
....... Mais tu es chez toi ici. Moi je ne vis pas là, tu organises et décores selon ton goût. Et tu as très bon goût je te le certifie. Tout est bien joli, par rapport à ma première venue.

....... Je te remercie tu es bien aimable. Je ne me froisserais pas si tu me fais part de tes propres goûts.

........ Ne te mets pas en peine, cela me convient parfaitement. C'est plutôt à ton frère qu'il faut demander, c'est avant tout chez lui et pas chez moi.

J'ai dû répondre un peu sèchement, Marie-Astrid me regarde perplexe. Je m'en rends compte et lui souris.

Nous bavardons sans aucun intérêt une petite heure, pour enfin monter me coucher. Je ne cherche pas Jocelyn, le sachant certainement dans son bureau ou avec son beau-frère

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14 août 2004

Le choc

La femme portant le petit déjeuner me réveille. Elle me sourit en posant mon plateau. Je bois mon bol de café avec plaisir. Cette nuit j'ai bien dormi, je me sens reposée et en meilleure forme. Après le déjeuner je file prendre une douche et m'habille. Je regarde l'heure, 9 heures 10. Je descends dans le parc fumer deux cigarettes, une en marchant dans la grande allée, l'autre assise sur le banc face à la porte d'entrée. Je remonte dans ma chambre et me brosse les dents. Je finis de ranger ma valise. Une jeune fille en blouse rose pousse le berceau du bébé dans ma chambre, je la remercie tout en continuant de boucler ma valise. Je réunis les divers cadeaux sur le lit, m'assois dans le fauteuil et attends Joss en feuilletant pour la énième fois le magazine que mon frère m'a acheté.

La porte s'ouvre sur Joss, portant le siège auto. Un grand sourire aux lèvres. Ce sourire que j'ai tant aimé, qui faisait battre mon cœur.  Je lui souris distraitement. Il pose la coque sur le lit, vient m'embrasser tendrement me demandant si je suis prête.

........ Oui plus qu'à habiller ton fils !

....... Veux-tu que je m'en charge ? 

Sans un mot je lui tends le petit paletot et le bonnet. Avec des gestes tendres, et sans le réveiller il lui enfile sa veste, lui ajuste son bonnet et le place dans le siège-auto moitié incliné, qu’il prend d'une main et de l'autre ma valise. Je me charge des différents cadeaux, en laissant là les bouquets de fleurs. Les infirmières en profiteront dans leur salle de repos.

Nous roulons en silence. Joss détache le siège auto de la voiture, et enserrant ma taille, nous prenons l'ascenseur. La porte de l'appartement s’ouvre sur Cécilia, Martha et Angélique. 

Je laisse passer Joss qui se dirige vers le salon. J'embrasse Cécilia et Martha, sers la main à la nurse, je ne la connais pas.

Je rejoins Joss au salon, Angélique sur mes talons. Il a déshabillé le bébé et le tient dans le creux de son bras. Il a ce regard tendre qui fait fondre n'importe qui.

En m'entendant il s'approche de moi et m'enlaçant de son bras libre, se penche et embrasse mes lèvres.
Joss ... N'est-il pas magnifique notre petit Jonathan ? 

Je fais oui de la tête, ce n'est qu'un bébé de quelques jours, et qu'est ce qui ressemble plus à un bébé qu'un autre bébé ? 

D'autorité il me tend l'enfant, le cœur battant je le prends quelques minutes en le regardant, cherchant sur sa petite figure fripée le rapport qu'il a avec moi. Je ne vois pas dans ses traits Choupette bébé. J'essaie de trouver une ressemblance, mais rien ne vient. D'abord il a des cheveux bruns comme Joss, Choupette était chauve de chez chauve. Il n'a pas cette petite fossette. Je ne connais même pas la couleur de ses yeux. Ce sont les miens ou ceux de Joss ? 

Je finis par tendre le bébé à Angélique qui attend patiemment. Elle part le nouveau-né au creux de ses bras.

Je m'affale sur le canapé. Jocelyn demande si je veux boire ou manger quelque chose. Je réponds par la négative. Il vient prendre place près de moi, et sans un mot m'attire à lui. Nous restons de longues minutes sans prononcer un mot.
Cécilia arrive ........ Téléphone Monsieur.

Poussant un soupir, il se lève et va à son bureau. Je ramasse mes jambes sous moi, et somnole.

Jocelyn reste mercredi avec moi, puis comme il dit. .......Je me dois de reprendre le travail ma douce, ou du moins d'aller voir si tout va bien.

Nous sommes vendredi 31 juillet, je compte les jours qui me séparent de mon travail. Jonathan à 23 jours aujourd’hui
Pendant le petit déjeuner pris dans la salle à manger, Joss me propose

.... Fin de semaine prochaine si tu le souhaites, nous pouvons aller à la propriété avec nos amis, et au domaine présenter notre fils.

........ Oui bien sûr.

.......... Martha et Cécilia pourront prendre quelques jours de vacances pendant notre absence.

......... Ah d’accord.

....... Cela te donne quelques jours de plus pour te reposer. Veux-tu aller dîner au restaurant ce soir ? 

........ Heu oui si tu veux.

....... Bien mon ange, je file. Passe une bonne journée et fais-toi belle pour ce soir.

Je l'accompagne à la porte. Cécilia l'attend avec son attaché -case. Il se penche et effleure mes lèvres.

........ A ce soir ma douce.

....... A ce soir, bonne journée.

Je referme moi-même la porte et vais à la cuisine boire un café et fumer une cigarette. Angélique nettoie des biberons. Je la fixe sans la voir. Elle se retourne sentant très certainement mon regard posé sur elle et me sourit.

Angélique ....... Madame va bien ? 

......... Oui merci !

Je sors sans aucune envie d'entamer un dialogue avec elle, qu'elle s'occupe du fils de Jocelyn et surtout qu'elle ne m'oblige pas à m'en occuper, elle est là pour ça.

Je vais dans le bureau allumer mon pc. Je regarde mes mails, rien, à part des pubs. Pas de nouvelles de mes frères, pas de nouvelles de Marie.
Parfait ! Je regarde tout et rien, des recettes de cuisine, la nouvelle mode pour cet automne. J'envoie un petit mail à ma Choupette lui demandant quand est-ce qu'elle vient faire connaissance avec son petit frère. Elle est partie comme à son habitude en vacances avec Sébastien, et en août elle sera avec Stéphane. 

Même ça, les vacances je ne les partage pas avec ma fille, et ce depuis toujours pratiquement.

Je sens mon cœur se serrer. J'essaie encore une fois de me remettre en question.  

‘’Allez, secoue-toi ma grande.’’ Je me lève et me dirige vers la chambre d'enfant. Je rentre doucement Angélique surprise sursaute, elle est en train de nettoyer la table à langer.

Angélique ....... Le petit dort Madame.

Sans lui répondre, je me penche sur le berceau, il est moins fripé que les premiers jours. Dans son sommeil il sourit. Petit homme à quoi penses-tu ? Une brusque envie de le prendre me saisit. Envie de sentir son odeur, de toucher sa peau soyeuse. Je tends les bras vers le berceau quand Angélique m'arrête.

......... Madame, il dort, vous allez le réveiller et le perturber.

Je la foudroie du regard et ressort de cette chambre où je ne suis pas la bienvenue.

Je vais à la cuisine, voir si le repas est prêt. Les filles m'attendent, nous nous installons et sans un mot je mange du bout des lèvres. 

Je continue de manger à la table de la cuisine avec Martha et Cécilia. Angélique mange après, ce qui permet à Cécilia de la remplacer auprès du bébé.

Martha ....... Le repas n'est pas au goût de Madame ? 

....... Si Martha, vous cuisinez à la perfection, je n'ai simplement pas faim.

……... Madame devrait sortir un peu, prendre l'air, voir des amis.

Je souris amèrement...... Oui Martha, de toute façon je ne peux pas faire grand-chose d'autre.

Je pousse un soupir de lassitude et pose ma fourchette. Je sens les larmes perler au coin de mes yeux.
Cécilia ........ Madame pourrait être auprès de son enfant quand je prends la relève aux heures des repas.

Je la regarde lui sourit tristement en hochant la tête. ‘’Bah oui tiens ! Je n'ai pas pensé à ça. Puisque chaque fois que je vais voir le bébé, que j'essaie de m'y intéresser de m'accrocher à lui, de lui donner un peu de ma tendresse, la nurse me coupe l'herbe sous le pied. ‘’

J'avale un café prend le temps de fumer une cigarette, en regardant les filles débarrasser. Il est des fois ou je les aide, là je suis dans mes pensées. Cécilia met le couvert pour la nurse et va pour se diriger vers la sortie quand je la rappelle.

Cécilia, prenez le temps de boire un café et attendez-moi nous irons ensemble.

Après tout je verrais bien ce que l'employée auprès de mon fils dira. D'avance je souris en moi-même. Je trouve que dès le début elle a pris ses aises et décide si oui ou non nous pouvons rendre visite au petit, si oui ou non nous pouvons le prendre pour le câliner si oui ou non nous pouvons nous en occuper.

Cécilia me sourit sert une tasse de café et demande à Martha si elle en prendra un aussi. Nous sommes toutes trois à table devant notre café, nous papotons comme de vieilles amies.
Martha .......... Madame ne doit pas se laisser impressionner par cette fille
......... Je sais Martha, mais voyez-vous j'en ai marre de lutter. Je suis fatiguée.

Martha sourit tristement. Elle sait bien elle aussi, que je ne resplendis pas de joie ni de bonheur.

Nous finissons notre café, j'attends Cécilia et derrière elle j'entre dans la nursery.

Angélique. ........ Ne le réveillez pas, il dort si bien le petit ange.

Cécilia ….... Inutile de me le répéter matin midi et soir, j’ai une patronne pour ça !

Elle n'a jamais employé ce ton pour parler, mais là je sens qu'elle est contrariée. Je dis, non plutôt j'ordonne à Angélique d'aller prendre son heure de repas. Elle sort la tête haute et sans fermer la porte pour écouter je suppose, elle se dirige vers la cuisine.

Cécilia doucement ferme la porte et me sourit. Elle se penche sur le berceau, délicatement prend l'enfant endormi et me le glisse dans les bras. Je prends place dans le grand fauteuil. Cécilia se pose sur le bord du lit. Je contemple ce petit bébé, une onde de fierté glisse en moi. Il ouvre de grands yeux gris-bleus et me regarde intensément. Sa petite lèvre fait une moue, je le berce en chuchotant.
.... C'est maman, dors mon petit bébé. Je suis là.

Il finit par refermer ses yeux, met son petit poing sur ses lèvres et tête goulument avec un bruit de succion qui nous fait sourire. Je reste de longues minutes à le contempler sans rien dire.  Cécilia est sortie discrètement sans que j'y prenne gare.

Angélique entre furieuse dans la chambre, je la regarde sidérée, d'un ton sec elle m'apostrophe.

........... Il ne faut pas le lever ainsi, quand il dort. Il n'a pas besoin d'être perturbé dans son sommeil. Ce sont de très mauvaises habitudes que de le laisser dormir dans des bras.

Je me lève, pose délicatement le bébé dans son berceau, la toisant et d'un ton froid ou la colère est proche, je réponds

........ N'outrepassez pas vos droits, et rappelez-vous que je suis sa mère !

Sur ces mots, je sors en colère de la chambre. La cuisine est vide, je me sers un café, et allume une cigarette. Les larmes au bord des yeux j'essaie de respirer à fond et de me calmer. Mon cœur bat si vite que j'ai l'impression qu'il va exploser ou sortir de ma poitrine.

Je vais au salon allume la télé et partant dans mes pensées, je regarde défiler les images sans les voir. Combien de temps vais-je tenir ?

Samedi après-midi, Joss demande à Angélique de préparer le petit, en vue d’une balade. Nous allons nous promener aux Tuileries, Joss pousse le landau d’une main, l’autre encerclant mes épaules. Nous marchons en cadence sans parler.
Mercredi après-midi, je suis affalée sur le canapé, à regarder une ineptie à la télé. Je me fais chier à cent sous de l’heure, je n’ai même pas le courage de sortir. Encore moins d’aller balader le petit, sachant que cette fille qui est sensée s’en occupée, me refusera, avançant que le petit va respirer les pots d’échappements.
Martha me tire de ma torpeur en annonçant Monsieur Dumain. Je lève la tête pour voir planter devant moi toubib en jeans et chemisette. 

Je me lève d'un bond et me jette dans ses bras, éclatant en sanglots.  Il caresse mes cheveux d'un geste apaisant. Nous restons enlacés de longues minutes, jusqu’à ce qu’il m'emmène vers un fauteuil et prenne place sur celui d'en face. Martha arrive avec un grand pichet et deux verres.

Mes larmes roulent toutes seules sans que je ne puisse les arrêter. Ce sont presque des larmes de joie, de me retrouver avec un ami, qui lui me comprendra, j'en suis certaine.
Toubib ... Que se passe-t-il Madame Gaussien de la Maleverne ? 

....... Appelez-moi Alex, vous êtes ici en ami pas en toubib.

Je porte le verre à mes lèvres et lui sourit presque timidement. Je lui explique que je ne perçois pas ce petit enfant comme le mien. Il n'est qu'un inconnu. Je lui explique pour Angélique, son attitude à toujours me repousser, alors que quand c'est Joss elle lui fait de grandes courbettes. Je lui dis que je trouve étrange que ce bébé ne pleure jamais et dort tout le temps, que le peu que je l’ai dans les bras, il est tout mou

Nous parlons pendant plus d'une heure, je lui confie tous mes ressentis. Il m'explique que je suis en plein baby blues, que je reviens de loin et que cet enfant était peut-être un peu prématuré après ma longue maladie. Je ne dis rien des conditions de sa conception. Je ne rentre pas dans les détails. Toubib se lève et me tend la main, il me demande de le conduire à la chambre du bébé.

J'ouvre délicatement la porte, sans bruit. Angélique allongée sur son lit bouquine. Elle nous regarde, elle ne connait pas toubib, elle se lève prestement de son lit et souriante
........ Le petit dort, il vous faudra revenir plus tard.

Toubib ... A quelle heure est le prochain biberon ? 

Angélique ........ Dans vingt minutes.

Toubib ........ Et s’il dort ? 

Angélique ......... Je le laisse dormir.

Toubib ........ Très mauvais point !

Angélique ........ J'ignore qui vous êtes, mais vous n'allez certainement pas m'apprendre mon métier. 

Toubib …... Je pense que si !

Angélique ......... J'ai trois ans de pratique Monsieur.

Toubib a parlé sèchement, je ne lui connais pas ce ton, sauf la fois ou il s'est pris la tête avec Joss à cause de moi. Je ne dis rien, méchamment je jubile qu'elle se fasse remettre en place. Je décroche de leur échange, et me penche sur le berceau, je prends mon petit dans mes bras. Angélique pousse un soupir et au travers de ses paroles je sens du mécontentement.

Angélique .... C'est plus fort que vous, chaque fois qu'il dort vous venez le perturber, par plaisir !

L’enfant dans les bras, je la regarde en souriant ........ Et chaque fois que j'ai envie de le prendre vous m'en empêchez !

Je donne le bébé, à toubib qui le pose sur la table à langer et s'adressant à Angélique lui demande de le déshabiller. 

Angélique .......... Pourquoi faire ? 

Toubib ......... Je suis médecin j'aimerai l'ausculter, cela vous pose un problème ? 

Angélique rougit et s'empresse de le déshabiller. Le petit ouvre les yeux tout en restant apathique. Toubib l'ausculte sur toutes les coutures. Le met debout sur la table en le tenant sous les bras. Le bébé ne réagit pas, il se laisse tomber. Toubib l’allonge, en tenant sa petite tête d’une main, il ouvre grand un œil entre son pouce et son index. Il inspecte la pupille  

Il regarde Angélique et lui demande s’il a toujours été ainsi sans réflexe. Elle lui répond, qu'il en a, qu'il pleure mais que l'appartement étant bien insonorisé on ne risque pas de l'entendre.

Nous sortons de la chambre, la laissant rhabiller l’enfant. Je vois toubib songeur.

Toubib ... Je suis assez étonné de voir ce petit si peu éveillé. Comment était-il à la clinique ? 

........ Bah normal, il pleurait et bougeait dans son berceau.

Toubib ... Permettez-vous que je parle à vos employées ? 

....... Bien sûr.

Nous allons dans la cuisine. Toubib leur demande qui prépare et lave les biberons

Martha ........ C'est la nurse Docteur.

Toubib ........ Bien ! Comment opère-t-elle ? 

Martha ...... Elle les prépare le matin et les range au réfrigérateur. Ensuite elle vient le faire chauffer et va dans la chambre lui donner, quand elle a recouché le petit elle vient à la cuisine elle les lave et les mets dans le stérilisateur, quand il est plein je le mets en marche.

Toubib ........ Merci

Nous retournons au salon. Toubib baisse la voix, jusqu’à chuchoter.

......... Madame Gaussien de la Maleverne, j'aimerais avoir le biberon sale et l'emmener. Je ne peux rien dire, mais j'ai une forte présomption

....... Laquelle ? 

Je m'attends au pire, mon bébé serait-il anormal ?  Aurais-je fait un enfant pathologiquement dérangé ? Une aigreur monte, j’ai un goût acre dans la bouche.

....... Je pense que Jonathan est sous somnifères légers certes mais suffisamment pour le faire dormir jour et nuit.

......... Mais ce n'est pas possible ça. Comment ? Comment ça peut arriver, elle avait de très bonnes références.

Toubib me regarde et se lève, nous repartons dans la cuisine. Je m’assois, non plutôt je m’affale sur une chaise, le cœur battant.

Toubib.  ........ Martha pourriez-vous vous arranger pour être près de l'évier quand la nurse viendra avec le biberon sale. Je veux le récupérer sans eau dedans.

Au même moment nous l'entendons arriver, Martha se met devant l'évier, Cécilia aussi. La nurse nous regarde tour à tour et demande pardon aux filles.
Martha ........ Posez-le là, je le ferais tremper.

..... Mais non je vais le faire

Martha sans se démonter ......... Vous me croyez moins capable que vous ?

Dépitée, elle pose le petit biberon sur le plan de travail et ressort. Toubib demande un sac congélation et sans toucher au biberon le glisse dedans. Il le range dans la poche de son blouson.

Toubib ......... Madame Gaussien de la Maleverne, je vous tiens au courant.

Je le raccompagne à la porte et me hisse sur la pointe des pieds pour lui faire la bise. Il me recommande de ne rien dire surtout à Monsieur. On ne sait jamais, s’il s'était trompé je passerai pour une hystérique.

En refermant la porte, je suis abasourdie, complètement à l'ouest. J'ai une envie terrible, de la sortir de la pièce du bébé et de la gifler à toute volée. 

Je retourne dans la cuisine et préviens les filles que je sors.

J'enfile mes chaussures, prends mon sac et descends sur le boulevard. Je marche sans but toutes mes pensées s'embrouillent. Je retiens mes larmes de désespoir. Sans m'en rendre compte j'entre dans un cinéma, paie ma place et m'installe dans un fauteuil. J'essaie de suivre ce film. C'est une comédie, la salle rit de bon cœur. Je me plonge dans l'histoire et me détends. En ressortant je vais siroter un verre et papote distraitement avec le barman.

Je finis par rentrer, il est 19 heures passées. Joss dans le salon, son visage rembruni m'attend.

....... Bonsoir, je suis désolée je n'ai pas fait attention à l'heure, j'étais au cinéma.

........ Je t'ai appelé plusieurs fois.

....... J’avais éteint mon portable.

Joss me dévisage sans un mot, son visage se décrispe, il finit par me sourire, me demande ce que j'ai été voir. Je lui raconte. Je lui fais part de la visite de toubib

......... Il me demandait de vos nouvelles au petit et à toi, je lui ai suggéré de prendre son après-midi pour te rendre visite

.......... Ah bah merci, j'étais contente de le voir

 ......... Veux-tu aller au restaurant ? 

........ Heu oui bien sûr, si tu en as envie.

.......... Es-tu prête ? 

........... Oui j'arrive.

Je file à la salle de bains, me donne un coup de peigne, mets quelques gouttes d'eau de toilette. Jocelyn m'attend dans l'entrée. Je glisse mon bras sous le sien, nous partons.

La soirée au restaurant se passe on ne peut mieux. Jocelyn est charmant, tendre et prévenant. Je fais un gros effort pour être au diapason et ne pas entacher cette fausse merveilleuse entente.

Après dîner, nous allons faire quelques pas, sur le boulevard. Joss me tient amoureusement tout près de lui. Ma main autour de sa taille, la sienne entourant mes épaules. 

Nous discutons de ces prochaines vacances. Semblant de rien, il me dit son envie d'inviter nos amis au domaine, sans vouloir me les imposer. Je réfléchis quelques instants, et pense que tout compte fait, nous pourrions remettre les compteurs à zéro, et que ce serait la meilleure façon. Je lui donne mon assentiment pour la forme, sachant qu’il a déjà pris sa décision, et qu’ils savent déjà qu’ils sont invités

Avant d'aller dormir, nous allons main dans la main, dans la chambre de notre petit. Angélique ne dort pas, Jocelyn ouvre la porte, nous la trouvons sur son lit en train d'écrire. Je ne lui adresse pas la parole.
Jocelyn soulève le petit de son berceau et tendrement pose ses lèvres sur son front pour lui donner un doux baiser. Je sens un coup d’aiguille me transpercer le cœur. Lui l'Homme, si grand, intransigeant, être si tendre avec un bébé. Je regarde le bébé, et m'aperçois qu'il a le visage de son père. Je fonds de ravissement devant ce tableau. Jocelyn me tend le bébé, que je puisse l'embrasser aussi. Je le prends à mon tour dans mes bras, enfouis mon nez dans son petit cou, et respire son odeur de bébé mélangée à son eau de toilette. Je lui pose un délicat bisou sur sa joue de velours, et le recouche.
Angélique n'a pas perdu une miette de nos faits et gestes, je croise son regard, et la toise de façon désagréable, espérant lui faire comprendre, qu'elle a juste à la boucler.

Nous allons nous coucher, Joss me prend tendrement dans ses bras. Il me fera l'amour, comme il y a longtemps, très longtemps qu'il ne m'a pas aimé de cette façon. Je m'endormirai dans ses bras, réconciliée avec le monde.

Je dors comme un bébé. Nous allons je l'espère trouver notre chemin.

Pendant la semaine, avec Jocelyn nous nous redécouvrons. Nous arrivons à avoir de longues conversations sans que l'un comme l'autre ne s'énerve. Le week-end nous allons nous promener avec le bébé, profitant du beau temps

 Mardi au petit déjeuné Jocelyn me fait part d'un petit changement. Nous ne pourrons pas partir vendredi, comme prévu. Un empêchement vient troubler nos projets.

Joss ... Je suis désolé ma douce, ce n'est juste qu'un petit retard, nous partirons tout de suite après.

......... Non ce n'est pas grave. Fais tes affaires, ne t'inquiète pas. Juste que Martha et Cécilia vont peut-être être déçues pour leur vacances, si elles avaient fait des projets.
......... Je me suis arrangé avec elles. Pas de soucis de ce côté-là.

........ Bah ok alors.

...... J'ai invité Dumain pour ce midi, je rentrerai déjeuner avec vous.

....... Dumain ? C'est qui ? 

Joss en riant me taquine, disant que je suis une ingrate d'oublier le médecin qui m'a soigné pendant tant de temps.
Je ris à mon tour, et lui réponds tout aussi taquine .......... Mais Dumain je ne connais pas, je ne connais que Toubib.

Nous plaisantons quelques instants. Joss part pour le travail, je l'accompagne à la porte, nous nous embrassons tendrement en nous souhaitant mutuellement une bonne matinée.

Depuis hier, j'ai pris une nouvelle résolution. Je donne le plus possible, le biberon à Jonathan. Je ne la laisserai pas lui mettre des cochonneries dans son lait.
J'attends dans la cuisine qu'Angélique vienne préparer le biberon, pendant ce temps Cécilia va chercher le bébé. Dès le biberon chaud, je le prends d'autorité dans le chauffe-biberon et l'emmène dans le salon ou Cécilia avec qui je suis de mèche, me porte le bébé.
Angélique a commencé à récrier, disant qu'il ne faut pas mener le bébé dans le salon qui est pollué. Que ce n'est pas sain et patati-patata. Je la laisse dire, et bien calé dans le canapé mon enfant dans mes bras, je lui donne son lait. Le petit tète sans se réveiller, ses petits yeux ostensiblement fermés. De ma main libre, j'essaie de lui ouvrir son petit poing fermé. Ses doigts tout mous prennent la forme que je leur donne. Je m'amuse à lui ouvrir et lui fermer la main. Aucune réaction. Cécilia prend le biberon vide et l'emmène à la cuisine. Je sais qu'elle va le mettre de côté.

Je mets bébé contre moi, qu'il fasse son rot. Une toute petite éructation se fait entendre, un rejet de lait part en même temps. Délicatement je l'essuie. J'essaie de le réveiller doucement, mais rien n'y fait.

Mon cœur de mère se serre, j'ai envie de pleurer. Ce petit être sans défense est à la merci d'une folle. Je le serre contre moi, et enfouis mon nez dans son petit cou tout chaud. Après quelques instants, je le confie à Angélique pour qu'elle le change et le couche, j’assiste sans perdre d’une miette tous ses gestes.

Je vais me préparer avec soin. Quand j'entends parler dans l'entrée. Joss est là avec toubib. Je serre la main à Toubib et embrasse mon mari. Nous allons au salon, Cécilia amène un plateau et des verres, Joss sert l'apéritif et mon jus de fruit. Nous papotons tranquillement. Au moment de passer à table, Cécilia pâle s'adresse à Jocelyn.

........... Que Monsieur veuille bien m'excuser, il y a des gens dans l'entrée.

Jocelyn se lève et suit Cécilia, Toubib se lève à son tour et me sourit. Les sens en alerte, je finis par me lever et aller voir dans l’entrée. Joss entouré de quatre gendarmes, et d'un monsieur en costume portant une sacoche. Mon cœur explose dans ma poitrine, je demande ce qui se passe.

Joss ........ Doc, nous pouvons y aller.

Jocelyn et toubib se dirigent vers la chambre du petit, suivi du type en costume je leur emboite le pas. Ils entrent dans la chambre, deux gendarmes entrent aussi, les deux autres restent à la porte de la chambre.

Le type en costume pose une sacoche sur le fauteuil, toubib prend le bébé dans son berceau malgré les protestations d’Angélique. Toubib d’un ton sec lui ordonne de le déshabiller entièrement. Le bébé n'a aucune réaction.

Les deux gendarmes dans la chambre, fouillent partout, dans l’armoire sous le matelas du berceau, sous celui du lit. Ils vident complètement les deux côtés d’armoire. Quand un des deux, s’écrie

.... J’ai trouvé !

Il tient à la main une petite fiole de liquide jaunâtre. Le type en costume qui n'est autre qu'un pédiatre tend la main, il débouche le flacon, le sent et le tend à toubib qui sent à son tour et fait oui de la tête en le refermant.

Le pédiatre fait faire plusieurs mouvements à notre bébé qui ne réagit pas, il parle avec toubib en des termes que je ne comprends pas, mais que je sens graves.

Je me retourne vers cette garce, elle a les mains dans le dos, je la gifle à toute volée. Un gendarme m'arrête à temps, je crois que je lui aurais défoncé sa tête de rat. Jocelyn vient me serrer dans ses bras, j’essaie de me dégager.

De sa poche le pédiatre sort un téléphone et parlemente pendant plusieurs minutes. Toubib a rhabillé bébé.

Le type se tourne vers Joss et lui dit ......... Trousseau va le prendre en charge. 

Jocelyn me prend dans ses bras, et doucement m'explique ce que je sais déjà par Toubib, depuis plus d’une semaine. 

Les gendarmes sortent avec Angélique, ils lui ont passés des menottes. Tout le monde repart, toubib reste avec nous. Je prends le bébé dans mes bras, et le serre fort contre moi. Mes larmes inondent mes yeux. Joss m'enlace et nous entraîne dans le salon

Deux hommes en blouse blanche se présentent. Un est médecin et l'autre infirmier, envoyés par l'hôpital pour venir chercher le petit.
D'emblée je veux aller avec eux. Joss me promet que nous irons dès notre repas fini, qu'il ne sert à rien d'y aller maintenant. Le petit sera en examen et nous ne pourrons rien faire.

........ Viens déjeuner ma douce, il te faut prendre des forces.
Toubib donne raison à son patron. J'embrasse mon tout petit dans les bras de l'infirmier, la porte se referme sur les deux hommes emmenant mon enfant.

Pendant le repas, toubib explique que Joss lui a demandé de venir me rendre visite, lui expliquant le peu d'intérêt que je portais à notre enfant, de l'état de faiblesse de Jonathan, alors qu'à la clinique, il pleurait comme tous les bébés.

Jocelyn sans avoir de vrais doutes, était perplexe. Il me contemple tendrement, son regard si doux, ses petites étoiles qui dansent au fond de ses prunelles. D'une voix douce il essaie de me dire, qu'au début ignorant cet enfant, il avait des doutes sur moi. Il me prie de lui pardonner ce manque de confiance.

Je le regarde abasourdie, notre couple va si mal que ça, pour avoir de telles suspicions sur l'autre ? 

Toubib à son tour prend la parole. Dès qu'il a vu le petit, il a eu la certitude que l'enfant ingurgitait des somnifères.

Les signes ne trompent pas. …. Nous dit-il.

Sitôt sorti de chez nous, il a porté le biberon au laboratoire, il fallait attendre les résultats, et le temps était compté, quand il a eu les analyses il a demandé une entrevue avec le grand patron, il lui a expliqué ce qu'il en résultait, lui fournissant les analyses prouvant ce qu'il avançait. S'en ait suivi une visite à la gendarmerie une plainte de Joss et une de toubib.

La suite je la connais, la venue des gendarmes et l'hospitalisation de l'enfant.

Jonathan restera cinq jours à l'hôpital. Tous les midis Joss rentre déjeuner avec moi. Nous partons voir notre enfant et passons l'après-midi avec lui. Je ne me lasse pas de l'avoir dans mes bras. Je fais très attention au minuscule tuyau d'alimentation qu'il a sur le dessus de sa menotte. Lorsque l'infirmière entre pour son biberon, je refuse catégoriquement qu'elle me le prenne. Je m'installe du mieux possible et nourris mon bébé moi-même.

Doucement il revient à la vie, de jour en jour il fait des progrès, il se réveille davantage. Ouvrant ses grands yeux sur le monde qui l'entoure. De mon index je lui caresse le visage, le haut de la tête. Il sourit ou ça ressemble bien à ça. Il fait des mimiques amusantes, il tire sa joue selon le mouvement de mon doigt qui le caresse. Il dodeline sa petite tête essayant d'échapper à ce doigt qui le papouille.

Je croise le regard de Joss, qui ému nous contemple de ses yeux emplis de tout l'amour qu'il me porte. Mon cœur saute dans ma poitrine. J'ai envie de prendre mon fils et de me fondre dans son père.

......... Tu le veux un peu ? 

........ J'attends mon tour ma belle.

Je souris, me lève et lui donne le bébé. J'en profite pour descendre fumer une cigarette.

Je prie le ciel de toute ma foi, de toutes mes forces pour que mon fils, mon bébé s'en sorte sans séquelle. Assise sur une marche du perron de l'hôpital, tirant sur ma cigarette comme une toxico, je découvre que ce bébé je l'aime de toutes mes forces. Qu'en le repoussant, c'était Joss que je voulais toucher, ébranler. Je voulais par le biais de notre enfant au travers de ce petit être, atteindre ce que j'appelle la toute-puissance de son père.

Jonathan sevré de son poison doit sortir demain de l'hôpital. J'ai hâte de le savoir parmi nous, de le coucher dans son berceau. De le bercer bien calée dans le fauteuil de sa chambre.
Hier au soir Joss m'a soumis plusieurs idées, sans avoir l'air de me les imposer. J'ai essayé de donner mon point de vue, le vrai, celui que je pense réellement. De débattre avec lui sans m'énerver de lui expliquer mes raisonnements.
....... Ma douce, nous allons être obligés de recevoir de nouvelles candidates, ce coup-ci avant de prendre une décision je me renseignerai davantage.

......... Mon chéri, ce matin j'ai discuté avec Cécilia, alors oui elle n'est pas bardée de diplômes sur la petite enfance, mais-vois -tu j'ai une immense confiance en elle, et je sais que notre bébé, ne craint rien avec elle comme nounou.

Joss fait une moue dubitative, je profite pour continuer sur ma lancée ........ Flavia n'a jamais été nurse avec des diplômes et elle a réussi à t'élever avec beaucoup plus d'amour que ta mère ou une nurse froide et indifférente.

........ Tu as raison ma douce, seulement Martha ne peut tout assumer.

....... Et bien au lieu de payer une nurse, tu embauches une aide pour Martha. Et quand Jonathan dort, je ne pense pas que Cécilia reste à ne rien faire, donc elle donnera toujours un petit coup de main à Martha. Et pour l'instant je suis à la maison, je peux aussi m'occuper de notre enfant.

Joss me prend dans ses bras et m'embrasse tendrement .......... Tu as raison ma douce, je demanderai donc à Cécilia.

Je lui souris, avec bonheur, enfin il écoute ma demande.
......... Bien ceci étant pratiquement réglé, j'aimerai que Dumain nous suive pendant nos petites vacances.

  ........ Mais tu ne peux pas lui demander ça !

 ......... Je pensais l'inviter avec son amie, ils seraient en quelque sorte en vacances tout en l’ayant sous la main au cas où Jonathan ne serait pas bien.

 ......... Heu oui, c'est une bonne idée, j'adhère. J'ai une telle confiance en lui.

  ........ A la fin de l'année, notre médecin chef va être à la retraite, je vais lui attribuer la direction du service médical et de la crèche

........... Ah oui, on, enfin tu lui dois bien ça.

Nous continuons notre conversation après dîner au salon. Joss avançant que le bébé sort demain de l'hôpital nous pourrions partir après-demain.

Cette nuit, nous avons fait l'amour, comme à nos tout débuts. Avec cette passion que nous avions oubliée. En partant ce matin Joss est venu m'embrasser, m'apportant une tasse de café au lit.

Je me lève en m'étirant et vais à la cuisine, boire un nouveau grand café au lait. Martha est seule, je lui demande après l'avoir saluée ou est Cécilia.

Martha ........ Elle nettoie et range la chambre du bébé, Madame.

 A travers l'appartement, je l'appelle, elle arrive et me demande mes désirs.

......... Asseyez-vous et prenez un café avec moi, Martha aussi, venez discuter. 

Les filles se servent et sans gêne prennent place autour de la table.
......... Voilà, je voudrais savoir Cécilia si vous avez réfléchi à ma proposition de vous occuper de Jonathan ? 

Cécilia rosit légèrement et baissant les yeux sur sa tasse, émue elle fait oui de la tête en ajoutant d'une petite voix timide

…...... Ce serait une telle joie Madame.

 ......... Super, et Joss est d'accord, nous en avons parlé hier. Bon je ne vous ai rien dit, il vous en parlera aussi. N'oublions pas, c'est lui le patron.
Ces derniers mots je les prononce en riant, les filles se joignent à moi, et pouffent de rire aussi.

Je me reprends........ Martha, n'ayez crainte, Joss embauchera quelqu'un pour vous aider. Et puis je pense que Cécilia, ne sera pas contre donner un petit coup de main quand Jonathan dort.

Cécilia ......... Bien sûr Madame je saurai m'occuper, je ne vais pas rester des heures sans rien faire.

Martha ......... Ah quand Flavia nous avait parlé de Madame, j'avais quelques doutes, j'ai fait plusieurs maisons depuis mon plus jeune âge, et le domaine a été très dur pour moi, pour nous toutes d'ailleurs. Madame est une patronne au-dessus de toutes espérances.
......... Allons Martha, je suis comme ça c'est tout. Moi aussi je suis employée, ne l'oubliez pas. Moi aussi j'ai un patron qui selon le sens du vent est de bonne ou mauvaise humeur. Et pour finir, je dirige un bureau d'une dizaine de filles, et j'ai appris qu'en étant souple le rendement et le travail sont de meilleures qualités. Alors n'allez surtout pas dire à Monsieur que je suis une trop gentille patronne.
Je leur souris et allume une cigarette, nous continuons de papoter, ce sont pratiquement des amies. Elles font complètement partie de ma vie. Elles savent si je vais bien ou pas. Elles connaissent mes goûts, mes habitudes. Je les adore. J’ai en elles des alliées de taille.

Jocelyn rentre assez tôt en cette fin de matinée. A peine arrivé il convoque Cécilia dans son bureau. En croisant son regard je lui fais un petit clin-d ’œil, elle me sourit.

A peine dix minutes, Jocelyn me rejoint, Cécilia vient me remercier.
 ........ Je remercie du fond du cœur madame, de m'accorder autant de confiance.

 ........ Vous n'avez pas à me remercier, c'est grâce à vous si nous avons découvert ce qui se tramait. C'est vous qui m'avez mis la puce à l'oreille, en me signalant que Jonathan dormait plus que la normale.

Je me lève, et devant Joss qui sourit légèrement ironique, je prends Cécilia dans mes bras et l'embrasse sur les deux joues ...... Je vous dois la vie de mon petit bout de chou, je ne l'oublie pas.

Joss ... Bien dès que vous aurez terminé vos effusions nous passerons à table. Jonathan nous attend !

Je ris, Cécilia tout sourire répond .......... Oui Monsieur, tout de suite.

Nous expédions notre déjeuner, pressés d'aller chercher notre petit héritier.

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